mercredi 31 décembre 2008

Concours Plumes en Herbe : les lauréats et une petite interview

Le concours Plume en Herbe organisé par l'association Forgesonges vient de faire connaître son palmarés. Il se trouve que j'ai eu l'honneur de faire parti du jury et que nous avons eu des textes de niveau assez relevé. Voici donc la liste des heureux gagnants :

L'ours et l'ombre
La barrière d'Arkhan
Cortex Connection
Au large d'Ildéïade
Les Lumineux
Sourire Cobalt
Byblos
Allegro ma non troppo
Premières lignes
Une liberté au goût d'acier
(j'édite dès que je suis informé du nom des auteurs).

Ces dix textes seront publiés en recueil par les Editions Icare. Les malheureux perdants eux n'ont pas tout perdu si on ose dire car ils seront publiés sur le site de l'association sauf volonté contraire des auteurs. D'ailleurs quelques textes y sont déjà, ce qui vous permettra de les découvrir.

J'ai interviewé Frédéric Hubleur, l'un des responsables de l'association Forgesonges qui vous en rèvèle plus sur ce concours :

1- Comment est venu l'idée d'organiser le concours Plume en Herbe ?
L'association ForgeSonges a toujours été pensée dans une dimension "multi-médias". Même si notre occupation première est le jeu de rôles, nous avons toujours cherché aussi à viser le roman, la BD, le jeu de cartes, le jeu video, les nouvelles, etc. Tous les loisirs de l'imaginaire en fait. Et nous cherchons aussi à émuler la créativité. Ca faisait un moment que l'idée d'un concours de nouvelles me trottait en tête, parce que j'adore lire, parce que j'adore écrire. C'était une idée de longue date de l'association. Et j'avais vraiment à coeur de la concrétiser. Ca a été fait par le contact avec l'éditeur Icare qui a montré tout son intérêt pour la chose...


2 Pourquoi avoir choisi comme thème "de la chair à l'acier" ?

On a discuté en interne d'idées de thèmes sans arriver à se mettre d'accord. Finalement c'est la proposition de l'éditeur qui a été retenue. Elle semblait permettre pas mal de variété.


3 Quel bilan tire vous de l'opération ?
Très positif. Je ne pensais jamais recevoir autant de textes. 70 participants! C'est énorme. Je crois que la possibilité d'une édition papier a bien joué pour attirer des participants. En tout cas c'est un bon succès. Du coup, on a du réorganiser un peu les lectures du jury pour que tout puisse être lu.
Très positif aussi à la lecture. Il y avait du bon dans presque tous les textes. J'ai beaucoup apprécié de découvrir ces univers de l'imaginaire aussi variés qu'intéressants.
Je reste sur ma faim quand à l'interaction entre les participants. Sur notre concours de création de jeux de rôles Démiurges en herbe, les participants discutent sur notre forum, l'ambiance est très chaleureuse, animée, agréable. C'était nettement moins marqué dans le cadre des Plumes en herbe, dommage. Mais rien de grave à mon avis. D'ailleurs cela évolue maintenant, après le concours, avec les discussions autour des textes non retenus et parus sur notre site.


4 Quels sont les textes qui t'ont le plus marqué parmi ceux que tu as lu ?
C'est évidemment très subjectif. Mais je dois dire que j'ai effectivement mes chouchous... "Byblos" m'a fait beaucoup d'effet, en abordant une période peu traitée en littérature, avec un angle très agréable, et dans un texte prenant et sympa à lire. "L'Abeille" est ausi un texte que j'ai beaucoup aimé, avec des questions très intéressantes et un angle d'approche qui m'a beaucoup plu. J'ai beaucoup aimé l'action de "Plume", et l'univers aussi, un texte que j'ai vraiment apprécié. "Podom" aussi m'a vraiment plu, avec l'explication de son titre et sa virée dans le sombre. Dans "Allegro Ma non troppo", j'ai trouvé aussi une belle approche, l'aspect musical m'étant particulièrement agréable. Et puis "Apnée" encore qui m'a fait un effet assez sympa. "Les Je sont dans le sac" m'a beaucoup marqué aussi, par son côté complètement surréaliste et décalé.
Dans l'ensemble, comme je l'ai dit avant, il y avait du bon dans la plupart des textes. Et je trouve que ce concours était vraiment une bonne expérience.

mardi 30 décembre 2008

L'énergie dans la science fiction

Je ne crois pas me souvenir que la thème du réchauffement climatique lié à l'utilisation des gaz à effet de serre ait été traité avant les années 90. Or cette théorie commençait à être envisagée par les scientifiques dès la fin des années 60. Les 60 et 70 ont plutôt était celles de l'hystérie anti nucléaire. Et je pense pas me souvenir qu'aucun récit de SF se déroulant dans le proche futur ait traité de l'après pétrole. En tout cas avant les années 90.
C'est dans les récit du futur lointain et notamment les space opera que l'on envisage de nouvelles sources d'énergie. L'électricité est produite par des centrales nucléaires ou par des systèmes de piles à combustible. Pour les véhicules c'est plus compliqué. Chez Jack Vance les personnages utilisent pour se déplacer de nombreux engins terrestres ou aériens. Mais on ne connaît jamais la source d'énergie qui sert à les propulser. Il ne s'agit pas de négligence de la part d'un auteur qui pousse le détail jusqu'à la maniaquerie comme Vance. Mais c'est plutôt pour ne pas paraître ridicule. Vance se souvient sans doute encore des auteurs de l'âge d'or et de leurs vaisseaux fonctionnant au fuel. (:-).
Par contre le répulseur du land speeder de Luke Skywalker est alimenté par une micropile atomique. On a vu au fil des années outre les piles atomiques, le magnétisme, des batteries d'anti matière ou même le magnéto hydro dynamisme bien vite discrédité par les élucubration ufologiques. Par contre il semble que les énergies renouvelables soient les parents pauvres de la réflexion de la SF sur l'énergie jusqu'à une date très récente. On voit certes passer une éolienne dans "Animaméa" de Richard Canal mais c'est assez annecdotique. Et puis la barge à voile de Jabba le Hutt dans "le Retours du Jedi" est alimentée par une voile solaire. Mais ce genre de détail est plutôt rares avant la deuxième moitié des années 90.

lundi 29 décembre 2008

Mirinar, et ça repart.

Je vous ait déjà parlé de l'excellent roman feuilleton, "les Chimères de Mirinar" de Vincent Mondiot et Raphael Lafarge. Ces deux auteurs viennent tout juste de lancer la deuxième saison de leur oeuvre. On commence là où la première saison s'était arrété et on retrouve avec plaisir leurs personnages attachants. Ne comptez pas sur moi pour lâcher un spoiler.
Rendez vous plutôt sur :
http://www.mirinar.com.
Si vous avez aimé la première saison la deuxième devrait vous plaire. Et comme les auteurs font les choses en grand ils vous proposent pas moins de deux épisodes pour ce lancement. C'est Byzance.

samedi 20 décembre 2008

Petite musique de nuit de Lucius Shepard

Ce recueil nous offrent différentes facettes de leur auteur. On peut regretter toutefois que les deux obsessions habituelles de Shepard, le chamanisme et les univers paralléles ne soient pas présents dans ce recueil. Tout juste pourait-on considérer "la bête des terres intérieurs" comme entrant dans la première obsession. Les hallucinations du boxeur pouvant être considérées comme liées au monde des esprits. Souvent les meilleurs textes de Shepard sont ceux qui se passent en dehors des USA. Et avec ce recueil ça ne rate pas. "Tous les parfums d'Arabie" est un des meilleurs textes de ce recueil. On y trouve une Egypte d'un futur proche, une aventure façon road movie très fréquente chez l'auteur et enfin l'élément fantastique sous forme d'un prophétie et d'un destin extraordinaire du héros. La deuxième perle est sans contexte "une histoire de l'humanité" où il nous dépeint un future post apocalyptique avec ses secrets. Rien n'est vraiment ce qu'il paraît être.
Par contre les deux autres textes sont plus décevants. "petite musique de nuit" est une variation sur le thème du zombie où la contagion morte vivante passe par la musique joué par un quatuor de morts vivants. Et "l'Amérique du sport" est une nouvelle noire sans véritable éléments fantastiques.
Bref ce recueil est moins bon que peuvent l'être "le chasseur de jaguar", "la fin de la vie" ou "Thanatopolis".

vendredi 19 décembre 2008

Beneath ceaseless skies N°5

Cinquiéme numéro de webzine américain. Comme à son habitude deux nouvelles :
- Dunasby, fire and ice de Rebecca Lynn Cheney met en scène un elfe fort antipatique qui cherche à mourir et qui comprend rien à la vie.
- The Dragon child de J Kathleen Cheney nous propose un huit clos dans la demeure d'un magicien. Celui ci se charge de l'éducation de sa fille qu'il maltraite. Mais la tante de la petite fille va tout faire pour l'arracher à ses griffes. C'est un récit prenant et sans temps morts et où l'auteur sait ménager les surprises dans un récit qui au départ semble classique. En plus les relations entre les personnages sont très réalistes.

lundi 15 décembre 2008

Retour aux sources.

Ce qu'il y a de bien avec ce nouveau genre qu'est la paranormal romance, c'est que l'on voit des éditeurs qui n'avaient pas ou plus de collection ou de label consacrés aux littératures de l'imaginaire s'y mettre ou remettre. On pense à Berkeley, Doubleday, Knopf, Carol and Graff. Et même parfois ils gratifient leurs lecteurs d'un roman de fantasy classique. Bref en attendant la SF. Et sans doute la création de labels spécialisés d'ici quelques années.

lundi 8 décembre 2008

Encre dansante n°3

Cet Encre Dansant se consacre au rapport entre fantasy et western :
Le saloon de Wiliam Blanc nous plonge dans l'inconscient collectif. Ce saloon visité par ce touriste peut il être ailleurs que dans une hypothétique psychosphère ? En tout cas ça nous donne une occasion de réfléchir sur le genre qu'est le western.
Facture Sauvage d'Odile Kennel : une planète colonisée récemment, des colons qui préfèrent la vie dans des programmes de réalité virtuelle western. Quelle forme peut prendre la rébellion dans ce monde ?
Le tronc, la grume et le fluent de Timothée Rey : On retrouve avec plaisir l'univers d'Ongle. Ici le récit de fantasy est croisé avec les codes du western bien évidemment. Les arbalètes y remplacent les bon vieux six coups. Une vengeance avec comme enjeu un sac de graines rares. On y retrouve la verve et la poésie de l'auteur. Je ne cache pas que je suis par terre à la lecture de chaque nouvelle de Tim. C'est un des auteurs qui montent et qui mérite largemment le détours.
Un webzine sympa et attachant. Des textes de qualité. Rien à redire.

samedi 6 décembre 2008

Beneath Ceaseless Skies n° 5

Nouvelle livraison pour ce webzine américain. Deux textes au menu avec deux jeunes auteurs :
The Death God of Halla de Tina Conolly nous entraîne dans une histoire de vengeance avec un arrière fond à la fois religieux et familial. Un texte au niveau d'anglais assez soutenu et au style parfois très littéraire qui le rend difficile à appréhender. Mais l'effort vaut la chandelle.
Precious Meat de Catherine S Perdue est moàn véritable coup de coeur de ce numéro. Nous avons à faire à un texte d'où l'être humain est totalement absent (ce que j'aimerais voir plus souvent en fantasy). Les héros sont des Wogs, des êtres amphibies. L'auteur a véritablement construit une tranche de vie dont le protagoniste principal est un chef de meute. A travers ce fil rouge nous découvrons les Wogs, leur mode de vie, leur écologie, leur biologie. Ce texte n'est pas sans évoquer la nouvelle de Jack Vance "Terre Etroite" (Narrow Land). Catherine S Perdue est sans doute un auteur à suivre.

mercredi 26 novembre 2008

Beneath ceaseless skies 3 et 4

Dans le 3 nous trouvons une nouvelle de Marie Brennan, narrant l'histoire d'un homme qui doit parler à la place du roi. Il est sa voix et ne peut exprimer que les désirs du roi et est dépossédé d'une parole personnelle. Dans le numéro 4 Sarah L Edwards nous fait suivre un chasseur de démon qui pourchasse un des derniers diables errants de par le monde. Cette nouvelle est assez convenue dans son déroulement mais dédouane avec un dénouement que l'on attend pas. Le point négatif étant sans doute l'absence de charisme des personnages.
Mais ces deux numéros sont dominés par la nouvelle sérialisée, "the Crystal stairs" de Charles Coleman Finlay et Rae Carson Finlay. Nous retrouvons un décor arabisant digne des mille et une nuits avec un sultan, des concubines s'échappant du harem, gardes morts vivants, un eunuque, et un insecte géant. Un récit trépidant dont on ne perd pas une miette.

mardi 25 novembre 2008

Mémoria de Laurent Genefort

Il est le meilleur tueur à gage des mondes de la Panstructure. Il offre ses services aux plus puissantes multimondiales. Mais il ne sait plus qui il est. Grâce à un artefact extra terrestre il peu changer de corps à volonté. Mais bien vite des crises de mémoire de plus en plus rapprochées le perturbe. Au point de le rendre plus négligent lors de ses missions. Peut être qu'il lui faut partir à la recherche de son identité et mettre fin la fuite sans fin qu'est son simulacre de vie.
On retrouve avec plaisir l'univers de la Panstructure. La planète Ramanouri, entre autre est une construction culturelle dont on se souviendra longtemps. On peut toutefois regretter que Laurent Gennefort n'est pas développé plus le coté ethno fiction pour les autres mondes présentés. Sur la planète Stribolg on se retrouve avec un génocide inspiré des évênements du Rwanda. On aurait bien aimé connaître les différences culturelles entre les Naskaris et les Daroussins et comment les instigateurs du génocide avaient pu monter les uns contre les autres. De même on peut regretter que les biosphères des différentes planètes n'aient pas été plus développée elles aussi. Mais c'est tout de même un bon roman.

lundi 24 novembre 2008

Du coté des éditeurs anglo saxons

Le trop rare Mark Geston publiera un nouveau roman "the books of the wars". Curieusement c'est l'éditeur Baen qui publiera cet auteur atypique. Baen qui jusque là se faisait remarquer surtout par de la SF miltaire ou pour des romans à idéologie libertarienne. On attendait pas la publication de ce précurseur du mouvement New Weird ici.
Quant à Del Rey ils reviennent à de meilleurs sentiments. Ils semblerait que pour 2009 Star Wars soit la seule licence publiée. Et ils nous prévoit pour le printemps prochain des romans de Charles Coleman Finlay, auteur dont les nouvelles ont été nominés pour plusieurs prix.

jeudi 20 novembre 2008

Dialogisme

Il y a quelque chose de fascinant avec ce nouveau genre qu'est la paranormal romance, c'est la manière dont la littérature dialogue avec les autres média. Au début des années 90 l'éditeur de jeux de rôle, White Wolf, crée la gamme du Monde des Ténèbres (Vampire, Loups Garous...). Tous les prémisses du genre en question sont là. L'intelligence de White Wolf est de ne pas inonder le marché avec des romans dérivés (il y en a eu quelques uns, mais finalement très peu). Ce qui laissait le champ libre à des auteurs qui voulaient développer ce genre d'univers. il y eu Tanya Huff, Jim Butcher, Laurel K Hamilton et ensuite beaucoup d'autres.
Entre temps la télévision diffusait Buffy. Là aussi ce fut une influence majeure.
Et puis il y eu dialogue avec la littérature jeunesse. Harry Potter fut une autre influence.
C'est là que l'on voit qu'il existe une véritable culture de l'imaginaire et que les média se nourrissent les uns des autres.

lundi 17 novembre 2008

Littérature des villes et littérature des champs

La SF et la fantasy sont en train de devenir des littératures urbaines. Quand j'étais ado dans ma petite ville de 5000 habitants on pouvait trouver en maison de la presse les Fleuve Noir anticipation, les Pocket, les J'ai lu, et même quelques Présence du Futur. Aujourd'hui le poche a déserté les maisons de la presse et beaucoup de titres qui paraissent en grand format ne sont pas repris en poche. On commence à trouver les Bragelonne dans certaines librairies indépendantes. Gros effort de la part d'un éditeur. Mais c'est parce qu'ils ont de gros chiffres de vente qu'ils peuvent se le permettre.
On imagine aisément qu'il est difficile de se procurer les dernières sorties lorsque l'on habite un village rural de la Creuse ou de la Lozère. La Sf et la fantasy sont donc des littératures de villes moyennes et de grandes villes. J'ai peur que ce ne soit le premier pas vers la boboisation du genre.

jeudi 13 novembre 2008

Coup de coeur : Aliette de Bodard

Aliette de Bodard est une auteur française qui a choisi de s'exprimer en anglais. Je l'ai découverte dans le webzine américain Deep Magic avec un texte d'inspiration indienne intitulé "the Triad gift". Elle montrait déjà avec ce texte une belle maîtrise de l'écriture. Elle a ensuite récidivé dans le même univers avec d'autres textes comme "kindred spirits" ou "the citadel of cobras". Mais elle a aussi écrit dans des univers d'inspiration chinoise ou azteque. Son propos est de créer des univers de fantasy inspiré de cultures non occidentales et elle y réussi très bien. On peut regretter qu'elle ai décidé de s'exprimer en anglais car il s'agit d'une voix intéressante de la fantasy mondiale.

jeudi 6 novembre 2008

La paranormal fantasy en France

Si ce genre connaît actuellement un bon accueil, on est en droit de se demander si des plumes françaises finiront par s'y illustrer. Et on est bien obligé de reconnaître que pour exploiter un décor français on ne peut pas écrire comme les américains. Faire s'entre croiser des créatures de diverses origines dans Paris ça ne passerait pas. Pour une bonne raison le poids de l'histoire. Les américains peuvent se permettre d'exploiter le décor des grandes mégalopoles car le melting pot et l'absence d'histoire permettent d'ancrer les choses dans le contemporains. Mais en France des directions peuvent être prises et j'en vois deux principalement :
- Les banlieues : ces quartiers sont peuplé par des populations diverses venant d'Europe, du Maghreb, d'Afrique sub Saharienne ou d'Asie. On peut imaginer que chaque communauté a amené avec elle sa magie, ses créatures mythiques. Des djinns peuvent très bien affronter des trafiquants de drogue, et des sorciers vaudous affronter des racketteurs. Le coté romance serait bien moins présent et un coté plus noir prendrait le dessus.
- Les villes portuaires : Pour une "bit lit" plus classique des villes comme Marseille, Nantes ou Bordeaux sont sans doute les décors rêvés. Ces villes ont en effet absorbé des générations d'immigrants et là le poids de l'histoire ne serait plus un handicap mais pourrait devenir un atout. En effet la riche histoire maritime de ses villes - celle de Marseille commence il y a deux mille ans- fait que de nombreux échanges ont eu lieu et qui chacun pourrait marquer la ville d'une certaine manière. Et que des traces magiques ainsi que des êtres fantastiques peuvent être l'écho rémanent de ses échanges anciens.

mercredi 29 octobre 2008

La crise de la SF : les vrais raisons

En France on nous dit que la SF est en crise. Et j'en ai vraiment compris les raisons en lisant l'interview de Laurent Genefort sur le site Elbakin. Il s'agit avant tout de ce que nous avons nous autres français une perception dépassée du genre :
- Laurent nous dit que la SF doit avant tout s'appuyer sur les sciences exactes. Or la SF n'a jamais été aussi bonne que lorsqu'elle a traité les sciences humaines : Vance, Farmer, Le Guin, Delany, Silverberg, autant de grands maîtres du genre qui se sont attachés à baser leurs spéculations sur les sciences humaines plus que sur les sciences exactes. Fondation d'Asimov nous parle avant tout de la psychohistoire. Nous sommes ici entre histoire et philosophie. Dune de Frank Herbert évoque l'économie, les sciences politiques et la théologie et non la physique et la biologie. La SF depuis les années 80 a décidé de se tourner plus vers les sciences exactes et de ne plus s'attacher autant qu'autrefois aux sciences humaines. Or si évoquer les sciences exactes est nécessaire, ce n'est pas suffisant. La SF n'est une littérature des technosciences. C'est avant tout une littérature qui a plus parlé de philosophie que de sciences exactes. Et là il y a des milliers de thèmes qui pourraient donner naissance à autant de chef d'oeuvres : le langage, le devoir de mémoire, le rapport de l'homme aux racines, la place de la culture dans la société etc... Et ces thèmes sont bien plus passionnant à mon point de vue que le transhumanisme ou les nanotechnologies.
- Il y a aussi l'idée que la SF est une littérature qui donne à réfléchir sur la société, une littérature qui interroge notre présent. Je pense que demander cela à la SF c'est trop demander de la simple fiction. Le critique américain Jonathan MacAlmont expliquait combien cette préoccupation est une illusion. Les réflexions évoquées par la Sf ne sont que des tropes qui ont peu avoir avec la véritable prospective socio politique. D'autant plus qu'aujourd'hui la lecture des essais parlant de ces sujets s'est démocratisée et que très bonnes tribunes sont publiées dans la presse qui permettent de questionner l'avenir avec des bases beaucoup plus solide que la SF. S'il est une littérature qui évoque ces aspects c'est l'anticipation. Ce n'est pas un sous genre de la SF mais bien un genre à part entière : c'est la littérature du ici et demain alors que la SF reste la littérature du ailleurs et demain. Toute la différence est dans cette localisation spatiale. La SF parle avant tout de l'altérité et de l'humain. Et plus la SF s'éloigne de notre monde et de notre époque plus elle y réussit. C'est sans doute pour cela que la SF n'est pas uniquement une littérature d'idée. Elle ne peut être réduite à cette dimension. C'est aussi une littérature d'image et une littérature d'univers. Les trois composantes sont liées. Mais on a à tort accentué la dimension spéculative alors que les deux autres sont tout aussi importante et ce faisant on a appauvri le genre. Et une SF qui privilégie les idées et tourne le dos aux images et aux univers court le risque de devenir une littérature idéologique. Or idées désignent avant tout les concepts pas les idéologies. Et un concept pour exister a besoin d'être associé à une image. Et l'association des concepts et des images et leur mise en cohésion et en cohérence crée l'univers. Pour parler de manière plus jargonante l'association d'éléments thématiques et d'éléments figuratifs cohérents finissent par créer un super actant monde.
- Laurent évoque aussi le fait que depuis les années 80 on a vu arriver une génération d'auteurs avec un haut niveau spéculatif. Souvent malheureusement le haut niveau spéculatif va de pair avec une piètre narration. Et que la réconciliation des idées et du récit est largement nécessaire. Et la nouvelle génération apparue d'abord en Grande Bretagne à la fin des années 90 et à l'heure actuelle aux USA semble avoir cette préoccupation là. Serait ce pour cela que l'on traîne des pieds pour traduire un certains nombre de représentants de cette génération là (Liz Williams ou Richard Calder ne sont toujours pas traduits, Neal Asher et Adam Roberts commencent tout juste à l'être, quant à des auteurs comme Tobias Buckhell ou Elisabeth Bear, il semble que leur traduction ne soit pas à l'ordre du jour). La Sf c'est d'abord une fiction, un récit. Un récit répondant à des tropes particuliers mais un récit tout de même. Le narration doit l'emporter sur les aspects scientifiques ou sur la volonté de faire la morale. Et ce n'a pas toujours été le cas. Mais les choses semblent s'améliorer.

Il nous faut changer notre représentation du genre pour accepter une SF nouvelle et sans doute mettre de l'eau dans notre vin pour que le genre ait une vie.

vendredi 24 octobre 2008

Critique VO : Beneath ceaseless skies n° 1 et 2

Le nouveau webzine beneath ceaseless skies propose deux nouvelles de fantasy toutes les deux semaines. Le but est d'alterner une histoire de fantasy populaire et un texte plus littéraire.
- Sun magic, earth magic de David D Levine : Une mage du soleil finit par être obligé de coopérer avec un mage de la terre pour sauver un jeune homme victime d'un éboulement. Sur un sujet qui pouvait apparaître au départ comme peu passionnant Levine écrit un texte très sensible sur la coopération entre civilisations diverses et sur la tolérance.
- The sword of loving kindness de Chris Willrich : La poétesse Persimon Gaunt et le voleur Imago Bone sont chargé par le dieu unique de leur monde de convoyer la fameuse épée du titre vers une ville du désert. Il vont découvrir une civilisation peu ordinaire et les pouvoirs tout aussi peu ordinaire de l'épée devraient y avoir un rôle important à jouer. Un texte truculent qui rappelle Vance et Leiber.
- Architectural constant par Yoon Ha Lee : Dans une immense cité qui n'a jamais finit de se construire l'architecte unique et divin, l'Araignée revient vers la ville, événement rare. Que peuvent bien avoir en commun un bibliothécaire, une garde et un mystérieux érudit et surtout comment sont ils liés à la remontée de l'Araignée ? Pourquoi le capitaine de la garde est il si inquiet ? Un texte très littéraire et très ambitieux assez proche du mouvement new weird.

lundi 20 octobre 2008

La high fantasy décodée

Pendant longtemps la high fantasy a proposé un archétype. Aujourd'hui on remarque que le modèle éclate et qu'elle prend de multiples directions.
Le modèle classique des années 70 et surtout 80 était le suivant. Nous avions une civilisation menacée par les royaumes du mal et un héros providentiel, le plus souvent un enfant sauvait le monde en compagnie d'un groupe restreint et représentatif des royaumes du bien. Cet aspect caricatural commence avec Tolkien et a donné quelques réussites. Mais il faut bien voir que derrière il y a un écho de la guerre froide et de son monde divisé en deux blocs. Nous avons donc là une littérature qui défend la primauté du monde capitaliste sur le monde communiste. Bien que Tolkien ait avoué ne pas avoir fait de métaphores dans son oeuvre des critiques avaient assimilé dès les années 60, le Mordor avec l'URSS de Staline.
Avec la chute du mur de Berlin ce modèle devenait caduc. Pourtant on le retrouve encore chez Goodkind, mais transposé d'une manière caricaturale qui frise presque le ridicule. Goodkind ne cache pas ses idées conservatrices. Et de fait il montre qu'il n'est jamais sorti du modèle politico- culturel de la guerre froide ce qui accentue le ridicule de son oeuvre. D'ailleurs il émaille son texte de référence directe à la période. Ainsi le méchant, Darken Rahl est-il le petit père Rahl, allusion au petit père des peuples, surnom se Staline.
Aujourd'hui loin du modèle de la guerre froide, les méchants de fantasy deviennent plus complexes et revêtent des oripeaux multiples : dictateurs, extrémistes politiques, intégristes religieux, chefs criminels. Mais certains auteurs ont choisi de bannir le manichéisme et de proposer des héros qui peuvent avoir une part d'ombre et des personnages simplement humains.

jeudi 16 octobre 2008

Docteur Linebarger et mister Smith

Transhumanisme, animaux élevés à la conscience, astronaute reliés aux intelligences artificielles de leurs vaisseaux. Autant de tropes qui vous sont familiers. Vous allez peut être même penser au nouveau space opera. C'est vrai cela paraît tellement moderne. mais Cordwainer Smith racontait tout cela dans les années 50. Autant dire que c'est auteur était en avance quant au décorum utilisé. Mais à la différence de nombreux auteurs d'aujourd'hui il y a une poésie énorme qui se dégage de ses textes. Au delà de la poésie des mots nous avons une véritable poésie des images.
Smith a un parcours atypique en tant qu'auteur. C'est un véritable personnage.De son vrai nom Paul Linebarger il a une formation de linguiste. Il milite très tôt au parti démocrate et fait carrière dans la diplomatie notamment au Japon. Il sera l'un des conseillers pour les affaires étrangères de JFK. Et pendant tout ce temps il n'a pas cessé d'écrire. Vous imaginez vous une homme politique français écrivant de la SF ?

lundi 13 octobre 2008

Deux précurseurs oubliés de la new weird

Mark S Geston a écrit un petit chef d'oeuvre intitulé chez nous La guerre des thaumaturges(vo: Siege of wonder). Ce roman met en scène un agent d'une organisation appelé le bureau dans un monde ou technologie et magie s'affronte. Le bureau est une organisation d'espionnage du monde technologique dans les régions magiques. On suit un héros aux nombreux états d'âme quant à sa mission.
James Kahn lui au début des années 80 a commis une trilogie totalement folle : Un autre monde hors du temps, Le rire noir du temps et la ronde folle du temps. Dans les deux premiers nous nous retrouvons dans une Californie post apocalyptique. Mais ce monde post apocalyptique est peuplé de créature fantastique (centaures,griffons, vampires etc...) et d'hommes animaux, le tout issus de manipulations génétiques commises dans le passé. Nous avons un monde complètement baroque où Sf et fantasy se mélangent pour donner une oeuvre à la saveur unique. Le troisième tome ne semble rien à voir en commun avec le reste. Nous suivons un archéologue qui dans les années 80 monte une expédition en Colombie suite à la découverte d'une crâne aux incisions un peu étrange. Mais nous finissons par apprendre que le futur présenté dans les deux premiers romans est en fait le passé et qu'il y a eu une sorte de boucle temporelle. Nous visitons des fragments d'univers parallèle, rencontrons une tribu de vampire et découvrons d'étranges vestiges précolombiens.
Ces deux auteurs par leur folie annonce les Miéville, Vandermeer et autre Ford qui sévissent aujourd'hui sous l'étiquette New Weird. Leur réédition serait donc bienvenue et permettrait de comprendre que des récit de SF/fantasy suréels ont déjà existé par le passé. Rien ne se perd, riens ne se créé, tout se transforme.

vendredi 10 octobre 2008

L'édition face à la crise

En France certaines maisons d'édition ont des liens avec des entreprises financière et seront donc à un moment ou à un autre touchées par la crise actuelle. Dans l'ensemble ce secteur a joué le jeu de la rentabilité immédiate qui est aujourd'hui sur la sellette. Deux stratégies s'offrent au secteur :
- Jouer à fond la carte du best seller
- Jouer la carte du long seller. Et c'est cette stratégie qui nous intéresserait le plus, nous autres amateurs de littérature de l'imaginaire. En effet les ouvrages de SF et de fantasy ont une durée de vie relativement longue et peuvent être des sortes de rentes de sécurité pour les éditeurs lassés de prendre des risques inutiles. Mais il est vrai que les circuits de distribution actuelle ne permettent pas de privilégier cette hypothèse.

jeudi 9 octobre 2008

Critique BD : Licorne (Mathieu Gabella et Anthony Jean)

Nous sommes aux 16éme siécle et nous suivons Ambroise Paré, chirurgien royal confronté à un bien étrange mystère. Des médecins sont tués de manière étrange. D'autres que l'on croyait mort sont bel et bien vivant. Ambroise n'a d'autre choix que de s'associer aux Asclépiades, un ordre de médecin qu'il déteste. En effet ceux ci sont partisans de la théorie de humeurs que Paré a toujours combattu. Le chirurgien découvrira d'étranges créatures, les primordiaux, qui se sont alliés aux Asclépiades. Et il découvrira aussi que l'ennemi que combattent les Asclépiades est responsables d'une modification de l'anatomie humaine.
De la fantasy historique qui fait plaisir à lire. Nous sommes en effet bien loin de la confrontation de l'homme et de la faérie qui est devenu depuis quelque temps un des poncifs de ce sous genre. Les auteurs ont en effet choisi de lier le surnaturel et le merveilleux aux coeur des croyances scientifiques de l'époque qu'ils ont choisi de traiter. Nous naviguons entre ésotérisme, philosophie et histoire secrète, le tout saupoudré d'une bonne dose de mystère. Deux tomes sont parus jusqu'à aujourd'hui et si la suite est de ce niveua nous avons là un petit chef d'oeuvre.

lundi 6 octobre 2008

Critique : Outremonde 7

Outremonde est une aventure que je suis depuis ses débuts. C'est un des meilleurs webzines français consacré à l'imaginaire. Jusqu'à présent je n'avais pas été déçu. Mais il faut un commencement à tout. Ce numéro 7 est donc décevant.
Le thème retenue - d'un monde à l'autre - évoquait pour moi space opera, planet opera, univers parallèles, récits de voyage, d'exploration, d'exil, récit sur les mutations sociales et l'évolution des civilisations. Au lieu de cela, je trouve slipstream, contes philosophiques, métaphores. Mais commençons par parler du positif car il y a de bons textes :
- l'homme-télescope d'E-Traym : Un texte à la très forte charge poétique digne des meilleurs Jean Claude Dunyach.
- Ogre des Villes et ogres des champs de Sophie Dabat : un amusant texte de fantasy sur ce que sont devenus les ogres dans notre société. Avec une chute assez ironique.
- Les vérités de Paddy de Kevin Kiffer : une récit d'exil et d'aventure maritime. Un excellent texte de fantasy.
- Sentience de Florent Salem : de la hard science à la manière de Greg Egan. L'enjeu c'est la perception sensorielle absolue à l'aide d'un symbiote artificiel.

Mais le reste m'a nettement moins convaincu :
Reborn d'Anthony Boulanger : ça avait pourtant bien commencé. Un récit d'exploration spatiale à la manière d'arthur C Clarke mais ça se gâte avec le chute métaphorique et lourdingue qui plombe le texte.
Le syndrome de Victor de Sylvain Lasju : du slipstream à la limite de la littérature générale. Pas très intéressant. Je ne vois vraiment pas où est l'imaginaire dans ce texte.
Paul O Coste de Nicolas Hel : encore du slipstream. Le plus puissant empathe de le terre provoque une catastrophe. C'est traité à la manière d'un des plus mauvais romans de Robert Silverberg, l'oreille interne. Mais là c'est une nouvelle. C'est sombre et ça se complet dans la noirceur.
Le chant des dunes de Aurélie Ligier : Un joli petit compte philosophique très ennuyeux à lire.
Le grand Moudzou : L'univers intérieur encore et encore. Cette fois ci c'est celui de l'enfance et la manière dont l'enfant transforme la réalité par le jeu. Mais encore une fois ce n'est pas très concluant.
La fable de Babylone de Michael Moslonska : un récit d'anticipation sur l'immigration clandestine. C'est bourré de poncifs et c'est plutôt pénible à lire.

Où sont donc les petites merveilles dont Outremonde avait le secret ? Ces textes finement ciselés qui vous scotchait sur votre chaise. J'ai comme l'impression qu'il y a eu des changements dans le comité de lecture. Cette prédominance de textes intimistes est assez peu dans la manière de ce qu'avait fait Outremonde jusqu'à présent. Je serais presque tenté de dire un numéro à oublier, un numéro loupé. Ca arrive. Sur un thème classique, à vouloir privilégier l'originalité on risque de franchir la ligne rouge et publier des textes plus expérimentaux au détriment de petites mécaniques bien huilées qui malgré leur classicisme peuvent très bien fonctionner. J'ose espérer que ce n'est qu'un incident de parours pour un zine qui jusqu'à présent avait fait un parcours sans faute.

La paranormal romance ou la stratégie du rouleau compresseur

Outre atlantique, la paranormal romance balaie tout sur son passage. En moins de deux ans ce sous genre s'est retrouvé centre de gravité de la fantasy d'exploitation. Il continue à tout renverser sur son passage. Aujourd'hui Ace ne publie quasiment plus de space opera militaire qui représentait sa base d'ouvrages populaires. Mais par contre la paranormal romance occupe une place de plus en plus importante dans leurs sorties récentes.
On peut penser que le développement de ce sous genre répond à une stratégie de cheval de Troie. Pour être présent dans le rayon livre des Walmarts les éditeurs spécialisés ont publié ce sous genre connu pour jouir plutôt d'un public féminin : le public des supermarché justement. On a surfé sur les goût des jeunes femmes. Le succès de série comme Charmed ou Buffy ainsi que celui de Harry Potter ont déterminé quel genre devait occuper le coeur des catalogues pour accroître sa présence au sein des supermarché américain. Mais à jouer ce jeu l'édition américaine va sans doute trop loin. Elle va se couper d'un certain nombre de lecteur et notamment d'une partie de sa base. Il est bon de voir que certains éditeur comme Bantam Spectra sont plus prudent et essaie d'équilibrer oeuvres ambitieuses et populaires dans leur catalogue et que la paranormal romance y est plutôt faiblement représenté (3 ou 4 auteurs dont Kelley Armstrong).
On ose espérer que ce sous genre n'envahisse pas l'imaginaire d'exploitation au point que l'on soit obligé de se tourner vers la small press pour pouvoir se procurer une fantasy épique de qualité ou un bon space opera populaire. Ce n'est pas encore le cas mais si ce genre continue à progresser avec la finesse d'un bulldozer où s'arrêtera-t-il ?

jeudi 2 octobre 2008

Le messie venu de Berkeley

Si il est un auteur qui a influencé durablement la SF française c'est bien Philip K Dick. Le thème de la réalité truquée a été usé jusqu'à la corde dans notre beau pays dans les années 70 et 80. Michel Jeury a été le premier a en user. Mais si on lit le volume de la grande anthologie de la SF française consacrée à cette période l'on se rend compte qu'il n'a pas été le seul à en user. La majorité des français à l'époque parlaient de ce thème. Les années 80 ont continué le mouvement. Si on lit l'anthologie Superfuturs de PHilippe Curval l'on se rend compte à quel point Dick est devenu la quasi unique référence anglo saxonne en matière de SF, remisant au placard tous les autres grands maîtres du genre. Si l'on peut tout de même trouver aussi la trace de Ballard, de Brunner ou de Spinrad on ne trouve aucune trace de certains autres auteurs de la new wave comme Le Guin, Zelazny ou Delany. On retrouve l'ombre de Dick jusque dans un roman comme Ombromanies de Jean Pierre Hubert qui commence par nous présenter une société baroque et qui finit dans la rélaité truquée.
Dick est devenu pendant un temps une sorte de prophète du genre. L'auteur américain était certes en rupture avec la Sf de son temps. Mais il était surtout un voix singulière un peu hallucinée par certains cotés. J'oserais même dire qu'il ne représentait que lui même et mettait en scène ses obsessions et ses psychoses à travers la SF. Qu'il ait été pendant un temps une référence majeure l'on veut bien l'admettre. Mais il est resté un peu trop longtemps la référence.

lundi 29 septembre 2008

Le temps des vaches maigres

Lorsque l'on regarde les nominés des différents prix on est surpris par deux choses :
- La présence d'ouvrages de littérature générale au palmarès du du Rosny et du GPI (respectivement Elise Fontenaille et G. Olivier Chateaureynau)
- L'absence de certains éditeurs; Pour la SF le Belial, Eons, Rivière Blanche n'ont aucun titres nominés cette année que ce soit au GPI ou au Rosny. Quant à la fantasy pour le prix Merlin de petit éditeurs comme Mille Saisons et l'Olibrius Celeste ne figure pas parmi la sélection des nominés mais c'est plus surprenant il n'y a aucun titres de Mnémos cette année.(d'ailleurs pour le Merlin cette année on a été obligé d'aller chercher un titre en jeunesse et un titre publié à compte d'auteur).
On peut aussi remarquer que les années précédente un éditeur comme Nestiveqnen était omniprésent. Or depuis sa mise en stand by on ne peut que regretter l'absence d'éditeurs spécialisés dans la publication de romans francophones de qualité. Il est même possible que Nesti publiait 50% de la production française en fantasy. C'est pour ça aussi qu'aucun des titres de Riviere Blanche ou de Eons ne soient nominés alors qu'ils publient l'essentiel de la production francophone en SF. Il fut un temps où l'on hésitait pas à mettre des romans du Fleuve dans les palmarès. Deviendrait on plus légitimiste ? Et serait - on plus regardant sur la littérarité des oeuvres ?
Il est clair que l'on peut regretter que les éditeurs qui ont de gros moyens ne fassent pas plus et notamment Bragelonne qui a les moyens d'investir et d'essayer de lancer un ou deux nouveaux talent tous les ans. L'Atalante se contente aussi de faire fructifier une écurie d'auteur. Faudrait - il qu'il y ait un prix du premier roman pour le Rosny et le Merlin pour que l'on se bouge enfin les fesses ?

Technique, culture, SF, Fantasy

On sait qu'en France la SF a été très longtemps marqué à gauche. Aujourd'hui on parle de déclin de la SF. Je me demande si ce marquage politique ne l'explique pas quelque part.
Régis Debray nous dit que pendant longtemps chez nous la pensée technique a été une pensée de gauche et que la pensée culturelle une pensée de droite. Mais que depuis les années 70 ces valeurs se sont inversées. Le succès de la fantasy aujourd'hui est sans doute à chercher dans ses liens avec les racines culturelles. Et ce sont ces valeurs culturelles qui forment aujourd'hui l'un des socles de la pensée de gauche. La science a été récupéré par les multinationale qui l'ont transformée en technoscience, science sans conscience au service du profit. Si l'on on observe bien l'on se rend compte que la majorité des auteurs américains de Hard SF se situent dans la mouvance conservatrice. Par contre la jeune génération d'auteurs de Sf anglo saxon essaient de concilier culture et technique (je pense à des gens comme Elisabeth Bear). Ils sont parfaitement le reflet de leur époque et ne sont pas comme chez nous en retard guerre. Le succès d'un auteurs comme Pierre Bordage s'explique parce qu'il a une pensée à dominante culturelle. C'est le cas aussi de Roland C Wagner, Ayerdahl ou Laurent Genefort.
Peut être que le passage à la new wave dans les années 70 était lié à un changement de paradigme. Si le succès commercial de la fantasy débute à la fin des années 70 ce n'est peut être pas non plus un hasard. Les classes moyennes se sont appropriés une pensée culturelles alors que les milieux aisés adoptaient un mode de pensée plutôt technocratique. La littérature est quelque part le reflet de la société et on doit s'en souvenir.

vendredi 26 septembre 2008

Les trous du PIF

Il manque deux choses dans le paysage imaginaire français (autrement dit, le PIF) :
- Une collection de textes de fantasy et de SF très littéraires qui pourrait être pour les littérature de l'imaginaire l'équivalent de la Blanche de Gallimard en littérature générale.
- Une collection populaire dans l'esprit de Fleuve Noir Anticipation, distribué en mass market. Peut être grâce à un circuit de distribution paralléle.

jeudi 25 septembre 2008

Bizarre, vous avez dit bizarre

Le new weird est un genre qui comprend notamment des auteurs comme China Mièville et Jeffrey Ford. Ces deux auteurs écrivent des récits urbains hallucinés empreints de surréalisme tenant aussi bien de la SF que de la fantasy. Lorsqu'on pense à une certaine SF des années 80, on peut se dire que l'on en était pas loin.
Lorsque l'on lit la ville au fond de l'oeil de Francis Berthelot on est vraiment proche de la définition donnée précédemment. Mais ce qui marche dans Physiognomie de Ford ou dans Perdido Street Station de Mièville ne fonctionne absolument pas chez Berthelot. Il y a en effet des différences. Là où Berthelot est un auteur de l'intime, Mièville ou Ford sont des auteurs du social. Là où Berthelot essaie de maintenir son imagination sur des rail, Mièville et Ford, eux lâche la bride sur le coup à leurs délires les plus fous. Le roman de Berthelot n'est pas mauvais, mais son style est froid presque clinique. Son prétexte est de parler de la schizophrénie, de la neurasthénie et des états mentaux les plus sombres. Il y avait pourtant quelques belles idées comme les Enfants Chrysalides. Mais le roman de Berthelot est totalement monodimentionnel et n'est pas là pour exposer un foisonnement de thème. Donc quelque part ça sonne faux et on a l'impression d'un imaginaire qui s'ampute volontairement de lui même. On parle de l'espace intérieur mais on oublie d'ouvrir sur l'espace extérieur, donc le social sous toute ses formes, sociologiques, ethnologiques, anthropologiques, théologiques, linguistiques etc....

lundi 22 septembre 2008

L'arbre et la forêt

Il y a deux sortes d'auteurs de SF. Ceux qui s'intéressent à l'arbre et ceux qui s'intéressent à la forêt. Et aujourd'hui l'arbre s'appelle transhumanisme ou nanotechnologies. Si il n'est pas interdit de se servir de ces tropes pour écrire de la SF, il est devenu banal d'en faire le sujet principal de son texte, surtout malheureusement pour construire des future dystopiques et cauchemardesques.
Alors que le nombre de thèmes traitables est proche de l'infini. Et que chacun de ces thèmes peut avoir une infinité de traitement. Les possibilités sont donc virtuellement infinies et on traite toujours le même petits nombres de thèmes à la mode. Si bien que lorsqu'un auteur sort des clous il est remarqué. Bref la diversité du genre est en train de se tarir et c'est bien dommage.

vendredi 19 septembre 2008

Le robot en colère

L'éditeur HarperCollins va créer un nouveau label consacré à la science fiction. Il se nommera Angry Robot et sera dirigé par Marc Gascoigne. Celui-ci a commencé sa carrière dans l'équipe d'auteur derrière le jeu de rôle Warhammer. Très vite il intégrera la division de Games Workshop chargé de publier les romans dérivés de ses jeux : Black Library. En 2005 au sein de Black Library il crée Solaris Books, un label consacré à la SF et à la fantasy généraliste. C'est un succès. Gascoigne a su s'entourer d'une équipe d'éditeur jeunes et très doués comme Georges Mann ou Mark C Newton.
Le but d'HarperCollins même s'il n'est pas avoué c'est de concurrencer les romans à licence. Donc Angry Robot publiera une SF populaire de qualité, en tout cas espérons le. Mais avec Gascoigne le label est en de bonnes mains.
J'évoquais il y a peu la nostalgie. Et le non de la collection y fait écho. Le robot est un des icônes de la SF classique (avec le vaisseau spatial et l'extra terrestre). Et avec ce nom, Angry Robot, nous sentons bien qu'il s'agit de rendre la parole à tout un pan de la SF ringardisée à tort, moquée par une SF ambitieuse qui se veut littérature de réflexions politiques et qui a oublié le divertissement, mais également baillonnée par les romans à licence qui ont tendance à occuper tout l'espace. Disons le tout de suite, cela va dans le bon sens. Avec Angry Robot les lecteurs anglo saxons auront une alternative aux romans à licence.

jeudi 18 septembre 2008

La chute de la maison Del Rey

Pour certains ce sera une bonne nouvelle, pour moi c'en est plutôt une mauvaise. Del Rey vient de signer un nouveau contrat avec Lucas Licensing pour publier les romans jusqu'en 2012. Pour ceux qui l'ignore, jusque dans les années 90, Del Rey fut un des éditeurs de science fiction et de fantasy les plus prestigieux. Créé par l'écrivain Lester Del Rey et sa fille Judith à la fin des années 60, cet éditeur n'hésitait pas à aller à contre courant de ce qui se faisait. Ce fut avec Daw un des éditeurs qui lancera la nouvelle science fiction américaine* dans la deuxième moitié des années 70 (*courant essayant de faire la synthèse de la SF classique et de la new wave). Il fut aussi une des pionniers de la fantasy aux USA.
Les choses ont radicalement changé en 1998 lorsque l'éditeur a racheté la licence Star Wars. Auparavant il publiait des novelisations et quelques romans à licence à l'occasion mais la signature du contrat avec Lucas sera une véritable boîte de Pandore. En effet outre les romans Star Wars et les novelisations occasionnelles, Del Rey se lance dans une course aux licenses, publiant des romans dérivés de film mais aussi surtout de jeu vidéo. Depuis quelques mois on pouvait trouver du mieux dans la politique de Del Rey. Ils avaient entre autre signés des auteurs de fantasy ambitieux comme Gregory Frost ou Robert Riddick. Les romans à licence se faisait plus rare. Mais ce n'était donc qu'un calme avant la tempête puisqu'outre Star Wars, Del Rey annonce des romans dérivés des jeux vidéos Gear of War et Mass Effect.
Finalement l'on aurait préféré que les gesticulations éditoriales de Wizards of the Coast finissent par aboutir à la reprise de la licence Star Wars par l'éditeur de jdr. Sa branche éditoriale édite les romans dérivés des différents univers Donjons et Dragons et du jeu de carte Magic. Wizards of the Coast publiant le jeu de rôle Star Wars : Saga, on aurait pu trouver logique que sa branche éditoriale publie aussi les romans dérivés. Et ça aurait été un moindre mal.

mardi 16 septembre 2008

Nostalgie quand tu nous tiens

Aujourd'hui aux USA existe dans la small press un mouvement dit neo-pulp qui tend à ressusciter l'esprit des pulp magazines. En SF des webzines comme Raygun Revival ou Space Westerns représentent ce mouvement et publient pour le premier du space opera à l'ancienne et pour le deuxième du western spatial. En France les éditions Rivière Blanche essaient de faire revivre l'esprit qui animait une collection comme Fleuve Noir Anticipation.
La nostalgie est à la mode. Mais curieusement c'est en aucun cas du "c'était mieux avant". Tout simplement parce que la SF populaire ne peut s'écrire comme elle s'écrivait dans les années 30 ou 50. La technologie a progressé et surtout la SF a entassé de nombreux tropes depuis. Un auteur qui écrit du space opera à l'ancienne ne peut, aujourd'hui qu'y amener des éléments venus de nouveaux horizons. Il faut se souvenir que Georges Lucas lorsqu'il a créé Star Wars s'inpirait de l'oeuvre d'Edmond Hamilton mais il apportait au space opera à l'ancienne des éléments nouveaux : l'inspiration du film de sabre chambara, le taoisme, le mythe du champion eternel moorcockien, le modèle campbellien et pas mal d'autres éléments. Ce qui fait que Star Wars ne surfe pas sur la nostalgie brute mais en part pour mieux la transformer. C'est à ça que s'emploie ces auteurs "nostalgique" aujourd'hui. Il s'agit en quelque sorte d'un retour aux sources d'où ne pourront que sortir des choses positives. D'autant plus que c'est ce genre de SF qio est capable de toucher un large public.

lundi 8 septembre 2008

Les hétéroclites avancent masqués

Dans les années 60 on appelait hétéroclite des auteurs complétement fous mélangeant SF, pseudo science, esotérisme, philosophie de bazar. Jimmy Guieu fut le plus connu avec son obsession pour les soucoupes volantes. C'est ainsi qu'il créa le personnage de Gilles Novak luttant contre extra terrestre et forces occultes au début des années 60. Ce personnage annonçait presque avec trente ans d'avance un certain agent Mulder. Mais Guieu pouvait aussi écrire de la vraie science fiction. C'est ainsi qu'il créa à la même époque les personnages de Blade et Baker, deux hommes d'affaires parcourant la galaxie au gré de leurs affaires. Jimmy Guieu était peut être un hétéroclite, mais il ne faisait pas que recycler Tarrade ou Charroux, il écrivait aussi de la vraie SF à l'occasion.
Aujourd'hui les nouveaux hétéroclites se nomment Werber ou Dantec. Werber se veux l'héritier du merveilleux scientifique mais il y mêle une philosophie new age guère compatible avec l'extrapolation scientifique et curieusement cette philosophie de bazar est une des raisons de son succès. Avec Dantec nous sommes face à quelqu'un qui connaît le genre. Mais Dantec mets sur le même plan certaines théorie ésotérique avec les sciences exacts. Sauf que ces deux auteurs ne revendiquent pas le genre SF. Et c'est quelque part une bonne chose. Ainsi ils ne le salissent pas et n'en donne pas une mauvais image (elle n'a pas besoin de ça). Mais d'autre part là où les hétéroclites des années 60 écrivaient de la littérature populaire, eux écrivent une littérature perçue comme légitime. Mais ils n'en sont pas moins des hétéroclites bien moins sérieux dans leur utilisation de la science, de la raison, que ceux des années 60. Et leur large audience permet de diffuser à travers l'opinion des contre vérités scientifiques.

mardi 2 septembre 2008

Marketing éditorial

Quelques questions que devraient se poser les éditeurs :

- Comment faire lire de la SF à des lecteurs de fantasy ?
Sans doute les lecteurs de fantasy seraient capable de lire des space opera, des planet opera, de la science fantasy.
- Comment faire lire de la SF et de la fantasy à des poste adolescents fans de manga ?
Sans doute que des romans bourrés d'action leur conviendrait.
- Encore plus iconoclaste. Comment faire lire de la fantasy à des lecteurs de SF.
Là je n'ai aucune réponse.
- Comment distribuer du mass market sans passer par la grande distribution ? Quels circuits alternatifs mettre en place ?

C'est aussi là que j'attends vos réponses, cher lecteur de ce blog. Le débat vaut sans doute la peine d'être ouvert.

Construction idéologique

On dit aujourd'hui que la SF est en train de mourir. Curieusement c'est vrai d'une certaine SF littéraire mais les tropes du genre ont contaminé d'autres média : cinéma, TV, jeu vidéo, jeu de rôle, bande dessinée. Si la SF littéraire est en déclin c'est peut être pour avoir réduit son contenu scientifique et raisonnable à une construction idéologique.
Aujourd'hui lorsqu'on lit un texte sur les nanotechnologies, la plupart du temps on y parle de machines auto-réplicantes qui sont à l'origine de catastrophes écologiques ou de modifications peu éthiques de l'être humain à base d'implant. Cela a peu avoir avec le travail des chercheurs dans ce domaine. Car la SF, à part certains auteurs de hard science, s'intéresse plus à la science en temps que construction idéologique. Il s'agit de dénoncer (pour les auteurs de gauche) ou de défendre (pour les auteurs de droite) la techno-science des multinationale. Or la science c'est avant tout les agences de recherches et les universités.
Le débat sur le transhumanisme est assez emblématique. Le transhumanisme est un trope de SF assez ancien mais remis au goût du jour par le mouvement cyberpunk et qui depuis est toujours d'actualité. Le transhumanisme s'est curieusement intégré à la pensée d'un certains nombres de think tanks conservateurs américains comme le Cato Institute. Et aujourd'hui chez les auteurs de SF on trouve un débat littéraire de fonds entre des texte pro et anti transhumanisme. Or il ne faut pas oublier que même aujourd'hui ce n'est qu'un trope de SF. Certaines règles éthiques empêchent des manipulations génétiques ou cybernétiques sur l'être humain. Et que tant que ces règles existe le transhumanisme ne sera pas d'actualité. Il n'existe aujourd'hui aucun programme de recherche allant dans ce sens. Donc être pour ou contre ce qui n'est qu'une idée et considérer cela comme un combat comme le font plusieurs auteurs américains est tout à fait surréaliste.
La science fiction est toujours debout. Mais peut être que c'est la fiction spéculative qui est mourante. Etant donné qu'elle étouffait la SF dans un carcan idéologique bannissant toute complexité sa disparition est paradoxalement une bonne nouvelle pour le genre.

vendredi 29 août 2008

Licences : attention danger

L'auteur John C Hines faisait remarquer sur son blog que des licences comme les Royaumes Oubliés ou Dragonlance détournent une partie du lectorat qui pourrait lire des romans originaux comme ceux de monsieur Hines. Et il a raison. Sans ces licences il y aurait plus de textes dans certains sous genre. Si la sword and sorcery a vivoté c'est bien parce depuis la fin des années 80 les licences Donjon & Dragons ont quasiment monopolisé le marché. De même publier du space opera à l'ancienne ou de la science fantasy spatiale s'avère impossible tant la licence Star Wars est devenu un véritable monolithe monopolisant ces domaines.
Mais à coté de ça certains éditeurs ont allumé des contre feu. On peut par exemple penser que le développement du space opera militaire était un moyen de contrer la licence Star Trek. Le développement de la paranormal romance a permis au public de licences comme Buffy et Charmed de passer à autre chose. Peut être que ces licences n'étaient pas aussi bétonnées que celles citées précédemment et n'avaient pas été conçue comme un rouleau compresseur marketing.
N'empêche que sans les romans à licences plus d'oeuvres originales seraient publiées. Plus de nouveaux auteurs pourraient apparaître. La SF et la fantasy populaire auraient une existence ailleurs que dans les licences commerciales ou dans une poignée de best sellers. Mais elles seraient enrichis par une masse importante d'oeuvre de mid list encourageant le lecteur à la découverte. Oui les oeuvres à licence volent la place de romans originaux.

jeudi 28 août 2008

Coup de coeur : Timothée Rey

Timothée Rey est un auteurs de fantasy et de SF de la nouvelle génération. Je l'ai découvert avec sa nouvelle "sur la route d'Ongle" paru dans le numéro 4 du webzine Phénix. Depuis je me suis efforcé de lire chacune des nouvelles accessibles en ligne. Timothée est un des nouvellistes français les plus prolifiques du moment. Il a sans doute publié dans la majorité des fanzines. Aujourd'hui il commence à être publié dans des anthologies chez des éditeurs professionnels comme Griffe d'encre, Malpertuis ou Mille Saisons.
Timothée Rey écrit une fantasy à la fois exotique et poétique (signalons qu'il est également poète). Le cycle d'Ongle est son oeuvre principale. Ces nouvelles développent un univers de fantasy que Jack Vance n'aurait pas renié. Il y a beaucoup d'humour mais également un foisonnement de créations baroques. Mais Timothée Rey c'est aussi du fantastique lovecraftien, de la fantasy urbaine totalement allumée (recommandons chaudement sa nouvelle sur une nymphe reconvertie en dame pipi parue dans Parchemins et Traverses numéro 4), de l'humour noir, de la SF décalée. Il a en projet plusieurs romans allant du fantastique contemporain au planète opéra. Il a aussi en chantier des poésies épiques sur des thèmes de SF et de fantasy.
On espère d'ici là le voir au sommaire d'une revue professionnelle. Et on espère des recueils de nouvelles, notamment une intégrale (inévitablement provisoire, il est vrai) du cycle d'ombre.
En attendant si vous voulez découvrir cet auteur je ne saurais que vous recommander "les milles et un surgeons du foisonneur" dans le numéro 8 de la webrevue Phénix.

lundi 25 août 2008

Aimez vous la sword and sorcery ?

La sword and sorcery est un sous genre mal aimé de la fantasy. On a un peu tendance à oublier que Robert Howard, Clark Ashton Smith, Fritz Leiber ou Michael Moorcock s'y sont illustré. Il est vrai que dans les années 70 on a vu se multiplier les clones de Conan écrits par des auteurs sans talent. On passera pudiquement sous silence le cycle de Gor. Dans les années 80 et 90 le genre est représenté massivement par les romans dérivés de D&D. Des univers comme les Royaumes Oubliés ou Dark Sun deviennent le dernier refuge de la sword and sorcery. Mais bien sûr le genre a continué à avoir une vie souterraine dans le fandom. Et aujourd'hui un certain nombre de ses représentants arrivent en pleine lumière.
Le personnage du barbare n'est d'ailleurs plus la norme comme cela l'a longtemps été. On peu trouver des mages guerriers 5Morlock, Dermanassian), un mercenaire (Dalacroy) ou un paladin déchu (Calthus). Il n'y a guère que Christopher Heath avec son personnage de Brom qui donne corps à l'archétype du barbare. Mais Brom, jeune chef a été envoyé par son père étudier la politique dans une grande cité. Certains dans son peuple se méfie de lui. Brom est un jeune chef au pouvoir fragile entouré de traître potentiel y compris parmi ses proches conseiller. Christopher Heath a introduit un twist interessant dans la thématique barbare.
La sword and sorcery moderne n'est pas écrite comme celle des pulps. Les auteurs ont compris que les moeurs ont évolué.
Le personnage de Dalacroy créé par Bruce Durham est sans doute un des personnages les plus howardiens de cette nouvelle vague. Mais l'auteur prend des distances avec son modèle, Conan. En effet les relations du personnage avec les femmes sont différentes de celles de son modèle. Dans sa première aventure Dalacroy sauve une jeune femme Moyria. Il en tombe amoureux et l'évolution de leur relation est l'un des intérêts de la série. D'ailleurs Moyria est loin de n'être qu'une demoiselle en détresse. C'est une jeune femme enjouée à la langue bien pendue. Elle est d'origine noble. Les deux personnages sont de plus en plus complémentaires. Bruce Durham ira-t-il jusqu'à les marier ?

La plupart des auteurs ont compris la leçon de Michael Moorcock et font évoluer des personnages possèdant une faille.
Morlock the Maker (créé par James Enge) pourrait être un homme qui a tout pour lui. Puissant magicien et bretteur talentueux, il possède de plus une intelligence hors du commun. Il est issu d'une famille impériale déchue après un coup d'état. Exilé, il est considéré comme hors la loi sur de nombreux territoires. Mais il est bossu et laid; Et un héros laid c'est assez rare en fantasy.
Dermanassian (créé par SC Bryce) est un mage guerrier dernier survivant du peuple des elfes du désert. Son peuple a été exterminé par un dieu et depuis il n'a d'autre but dans la vie que de le venger. Mais la route est longue et pour tuer un dieu il faut des armes, des alliés. Dermanassian rend services aux hommes, aux démons et aux dieux au cours de ses aventures. Il est le digne héritier du elric de Moorcock en beaucoup plus tourmenté tout de même.
Calthus (créé par Steve Goble) était un paladin vivant dans un puissant empire. Il est mort. Mais un jour des moines le ressuscitent pour qu'ils les sauvent d'un terrible danger. Depuis il erre dans un monde où il ne reconnait plus rien.
Ninshi (créé par Michael Ehart) est une jeune femme contrainte de servir la Manthycore, monstre semi divin dévoreur de corps et d'âme. En échange la jeune femme a acquis l'immortalité. Elle a aussi été séparé de son bien aimé frappé de la même malediction et souhaite le retrouver.
Il n'y a guère que Stevan, le pirate créé par Joseph McCullough qui est vierge de toute faille physique et morale et qui suit à la lettre et sans aucun twist le canon howardien.
Le modèle urbain Leiberien n'est pas oublié avec entre autre Seth Skorkowski.
Signalons aussi que l'univers longtemps masculin de la sword and sorcery s'ouvre à des auteurs féminins. Signalons entre autre Barbara Tarbox et Angeline Hawks.

mercredi 20 août 2008

Comment naissent les histoires ?

Premier exemple :
Un jeune surdoué martyrisé par sa famille souhaite présenter une découverte scientifique qu'il a faite au directeur d'une importante corporation. Pour cela il devra quitter sa maison grâce à la complicité de son oncle qui est le seul à lui témoigner du respect. Son oncle lui prête un véhicule et des vêtements et lui demande de les lui rendre à une certaine heure. Il obtient son rendez vous et commence à présenter sa découverte mais doit partir précipitamment pour rendre vêtements et véhicule à son oncle. Dans sa précipitation il perd le médaillon offert par sa famille à sa naissance. Le directeur de la corporation va partir à sa recherche te finalement le retrouver.
Deuxième exemple :
Un jeune homme martyrisé par sa famille a une double vie. La nuit tombée il revêt un costume et un masque pour jouer les justiciers et combattre les brigands qui terrorisent les voyageurs. Il rentre toujours avant l'aube car c'est à cette heure que les soldats du baron, qui n'osent pas aller dans la forêt la nuit, commencent leur patrouille. Un jour il sauve un riche marchand. Mais l'aube arrivant il quitte précitamment les lieux. Mais dans sa hâte il perd sa cape. Le marchand va donc interroger tous les habitants du village pour savoir à qui appartient la cape et finalement retrouver le jeune homme.
Vous le pressentez ces deux histoires ont une parenté. En fait c'est la même histoire avec des personnages différents, des lieux différents, des contextes différents. A est un jeune homme martyrisé. Il doit montrer sa valeur. Pour ce faire il utilise une imposture. Finalement il réussit à montrer sa valeur à B, doit partir et perd un objet. B trouve l'objet et part à la recherche de A. L'on peut introduire des variantes. Remplacer la famille par une autre institution sociale. Supprimer un élément. Enrichir l'histoire en y rajoutant de nouvelles situations. La raconter en se focalisant sur le point de vue de B. Ce sera toujours le même archétype de départ que l'on aura retravaillé.
Au fait vous avez reconnu l'archétype que j'ai utilisé ? Non ? C'est Cendrillon.

mardi 19 août 2008

La SF à l'ère de l'information

Dans les années 70 la new wave faisait l'effet d'une bombe. Des auteurs francs tireurs osaient défier les paradigmes de la SF classique. Qu'en reste-t-il aujourd'hui ? L'héritage de la new wave n'est pas dans la critique socio politique. Il n'est pas non plus dans le fameux espace intérieur dont on se demande aujourd'hui s'il n'est pas une formule creuse (et oui l'oreille interne de Robert Silverberg c'est chiant). Non il est principalement dans l'introduction massive des sciences humaines dans la SF. Zelazny et Delany ont été les principaux artisans de cette révolution. Si l'on regarde bien on se rend compte qu'ils avaient des précurseurs nommés Vance, Farmer ou Le Guin. L'héritage de la new wave est encore dans la liberté que l'on s'accordait à l'époque tant sur le fond que sur la forme. Ce qui permet aujourd'hui aux auteurs de SF défricher de nouveaux territoires ou de construire un récit de manière originale. Le mouvement suivant de la nouvelle SF américaine a essayé d'amener ces nouveaux apports à une SF de facture classique. Donc la new wave même si de l'aveux de Moorcock elle est allé trop loin a permis au genre de rebondir et de continuer son petit bonhomme de chemin. On peut se demander ce que pourrait apporter aujourd'hui un courant révolutionnaire au genre.
- La conquête de la complexité : la SF s'est rapproché très souvent des idées politiques les plus dogmatiques aussi bien à gauche qu'à droite. Ces liaisons dangereuses l'ont décrédibilisé auprès d'une partie du public. La SF doit se garder d'être le relais des dogmatismes. Au contraire elle doit montrer la complexité de la réalité où souvent il n'y a pas de vrais gentils et de vrais méchants. Elle doit montrer que tout problème est complexe et doit avoir une solution complexe. Même parfois que la réalité comporte des paradoxes qui vont à l'encontre du sens commun.
- La reconquête de la narration : Si un bon nombre d'auteurs se préoccupe de narration ce n'est malheureusement pas vrai des auteurs de hard science. Il suffit de lire Benford ou Bear pour s'en convaincre : style atroce et narration assez laborieuse. Egan n'échappe pas d'ailleurs à ces défauts. Bref on ne peut être un auteur innovant si l'on ne maîtrise pas la narration. Lorsque Jacques Baudou dit que l'avenir de la SF est dans la fantasy, c'est en grande partie à ce niveau là que ça se joue. Les auteurs de fantasy y compris un certains nombres d'auteurs assez moyens d'ailleurs, maîtrisent parfaitement le sens de la narration. Et cela est de plus en plus vrai. Donc on ne veut plus voir des bouquins mal torchés sous prétexte que c'est scientifiquement exact et surtout pas de diagrammes, de schémas ou d'équations ésotériques au milieu d'un texte ( tic assez fréquent chez Benford).
- Devenir une littérature de l'humanisme. Là j'ai envie de pousser un cocorico. En France un auteur comme Pierre Bordage donne des leçons d'humanisme dans chacun de ses romans. Il n'est pas le seul. Je parlais récemment de l'imaginaire positif de Roland Wagner. Mais nous pourrions aussi cite Laurent Genefort. Il semble que dans la nouvelle génération anglo-saxonne cette préoccupation soit également partagée. Il faut montrer le coté positif de l'humanité tout simplement parce que le pire n'est jamais sûr. Parce qu'aussi écrire la noirceur c'est peut être un peu trop facile et que ce n'est pas ce que les lecteurs ont besoin. La SF doit parler d'espoir ou en tout cas essayer.
- Rester une littérature d'imaginaire. Le succès de la fantasy est lié au fait qu'elle propose un imaginaire brut. La SF doit parfois aussi être capable de mettre la réflexion entre parenthèse et proposer de grands moments d'imaginaire. Elle doit être capable de mettre une imagination forte au service de grandes constructions philosophiques.
On se rend compte aujourd'hui que la mundane SF et la singularité sont des réactions de vieux cons de la génération des années 70 qui ne souhaitent pas que le genre évolue. Il est probable que la vieille garde de l'âge d'or a eu la même réaction quand la new wave est apparue. Mais le genre continuera d'évoluer
Nous vivons des temps intéressants.

Lucas le Moorcockien

Pour beaucoup Star Wars n'est qu'une résurgence du space opera de l'âge d'or. Mais ce n'est pas que cela. L'influence de Michael Moorcock se fait sentir dans le chef d'oeuvre de Lucas. Le réalisateur a en effet transposé le mythe du champion éternel propre à Moorcock dans un univers de space opera. Anakin Skywalker doit en effet être celui qui ramène l'équilibre dans la force. Et son parcours n'est pas rappeler celui d'un certain Elric. Comme le héros de Moorcock, Anakin se sert d'une puissance qu'il ne contrôle pas et qui finit par le contrôler. Mais à la fin il lui restera encore assez de lucidité pour redevenir lui même et prendre la décision qui finira par sauver le monde.
Mais ce n'est pas le seul emprunt à Moorcock fait par Lucas. La loi et le chaos sont bien présent. En effet Lucas nous présente un univers qui penche dangereusement du coté de la loi, qui devient de plus en plus ordonné jusqu'à sombrer dans le totalitarisme de l'empire. Mais celui ci est déjà en germe dans la république même avant l'arrivée de Palpatine. Là aussi il y a un équilibre à trouver pour sortir des excès de la loi sans sombrer dans le chaos. Et c'est le rôle qui finit par échoir à l'alliance rebelle.
La plupart des fans de l'oeuvre de Lucas sont passés à coté de cette dimension de l'oeuvre et n'y ont vu qu'une oeuvre manichéenne. Et c'est dommage. Lucas est vraiment un homme de son temps et il est clair qu'inconsciemment la lecture de Moorcock l'a marqué. Et que cette dimension est présente dans l'oeuvre.

lundi 18 août 2008

Critique : Black Gate 12

La revue Black Gate s'est imposée comme une des principales revues anglo saxonnes consacrés à la fantasy. Elle a trouvé son ton et a su se démarquer intelligemment des autres revues consacrées à ce genre. Sa force : son éclectisme. En effet on y trouve tous les sous genres qui composent l'un de nos genres préférés : sword and sorcery, high fantasy, fantasy urbaine et même science fantasy. En plus la revue a fait le choix de privilégier la narration plutôt que le style.
Ce numéro 12 mis gratuitement en ligne fut pour moi une bonne occasion de découvrir cette revue. Passons en revue son contenu :
Oblivion is the sweetest wine par John R Fultz : Un voleur est chargé de de dérober du venin d'araignée géante dans une ville où celles-ci sont sacrée. Il est rare de trouver dans la sword and sorcery un plan qui se déroule sans accroc. Mais ici le propos est ailleurs. Le vol est un prétexte pour découvrir les moeurs de la ville de Ghoth avec le héros.
Pyament in full par James Enge est une bonne occasion de retrouver le principal héros de l'auteur Morlock the maker, mage et guerrier doté d'une terrible disgrâce physique. Ce personnage attachant part à la recherche d'un de ses vieux amis, un fabricant de Golem. Mais il devra faire face à de terrible dangers : bande de hors la loi, Golem et pour découvrir une vérité peut être différente de ce qu'il espérait. Le récit est raconté par une jeune femme, protégée de Morlock ce qui nous permet de voir le personnage un peu différemment. Un récit complexe à souhait avec la découverte d'une conspiration tortueuse.
House of the dead par Martha Wells : L'inquisiteur Gilead se rend dans un village des terres sans dieu en compagnie de son frère. Leur mission : éclaircir un mystère. Un village dont les habitants ont disparu, des goules, et bien sûr la magie qui ne serait pas étrangère à tout cela. Encore un très bon texte. Tout tourne autour du mythe de la frontière et nous avons un véritable western médiéval fantastique. Le mélange prend bien, en tout cas.
Willy thing par Constance Cooper :Une jeune femme est expert en objet ancien dans une petite ville près des marais. Un jour un client vient lui faire expertiser un objet qui sort de l'ordinaire. Un objet qui sent la magie. La jeune femme se lance donc à la recherche des origines de l'objet en question, aidé par son chat intelligent. Une nouvelle difficile à lire avec un niveau d'anglais un peu plus soutenu que la moyenne des textes de la revue. Même si le récit est bien mené, la fin m'a laissé sur ma faim justement.
Soldiers of serenity par Todd MacAulty : Un très bon texte de fantasy urbaine se déroulant dans le milieu des multinationales de l'informatique. Le héros, Christopher est manager d'une petite équipe de recherche et doit à tout prix essayer de la sauver des coupes budgetaires qu'essaye d'imposer la multinationale. Mais Christopher devra aussi composer avec un démon qui veut à tout prix récupérer son âme.
Knives under the spring moon par Edward Carmien : L'héroïne de ce récit, Kris appartient à un peuple de chasseurs qui traquent d'étranges herbivores, les Maggies à bord de leurs chars à voile. La tribu est attaqué par un peuple mystérieux qui monte les Maggies et les jeunes femmes de la tribu sont capturés et peut être que Kris devra compter avec la ruse de son étrange mentor, le vieux Paddie pour s'en sortir. Nous avons à faire à un très bon récit de science fantasy. On sent bien, grâce à des indices laissés avec parcimonie par l'auteur que nous nous trouvons sur une colonie lointaine ayant régressé jusqu'au stade tribal. Paddie n'est peut être rien d'autre qu'un astronaute naufragé qui redécouvre cette société par accident, à moins qu'il ne soit un agent chargé de reprendre le contact. Cette série dont c'est le deuxième volet s'annonce prometeuse.
Whispers from stone par Howard Andrew Jones : Cette enquête met en scène Asim, officier dans la garde du vizir Jaffar et l'érudit Dabir. Nous sommes à l'époque du calife Haroun al Rachid. Les deux compères enquêtent sur des sacrifices de chèvres autour d'une expédition vers des ruines Assyriennes. Bonne utilisation du contexte historique ainsi que de l'esprit de milles et une nuits. Les raisonnements de Dabir sont dignes de ceux de Sherlock Holmes. Bref une nouvelle populaire extrêmement agréable à lire.
Mais Black Gate réédite aussi des classiques. Dans ce numéro nous avons droit à Thumitak of the ancient world réédition d'un classique de la science fantasy par Charles R Tanner. Ce récit issu des pulps met en scène Thumitak, jeune homme qui dans un lointain futur lutte contre les Shelks de Vénus qui ont dominé la Terre pendant des millénaires et souhaite reconquérir la planète au nom des hommes. Une redécouverte bienvenue dans une science fantasy qui n'est pas sans rappeler le meilleurs de Edgar Rice Burroughs.
Bref ce numéro de Black Gate est à lire absolument pour qui veut découvrir la diversité du genre fantasy aujourd'hui.

mercredi 13 août 2008

Brèves

Les résultats du Hugo sont tombés. Vous les trouverez de manière compléte ici :
http://www.denvention3.org/hugos/08hugowinnerlist.php

La liste de nominés du British Fantasy Award a été rendu publique :
http://www.elbakin.net/fantasy/news/7840-Les-British-Fantasy-Awards-2008
Il faudrait peut être appeler ce prix British Horror Award puisque plusieurs des romand nominés (le Ramsey Campbell et le Joe Hill) sont des romans d'horreur et non des romans de fantasy. Quand on sait que la Grande Bretagne possède aujourd'hui certains des auteurs de fantasy les plus originaux ces choix peuvent suprendre.

Une initiative intéressante a eu lieu aux USA le shared world Camp du Wooford College à Spartanburg en Caroline du Sud. Une vingtaine d'adolescents venu de tout le pays ont eu la lourde tâche de créer leur propre univers partagé et d'écrire chacun une histoire s'y déroulant. Le stage était encadré notamment par des écrivains professionnels comme Jeff Vandermeer, Ekatarina Sedia ou Tobias Buckell. Ne pourrait - on pas faire une initiative comparable en France ? L'imaginaire permettant à des jeunes de milieu défavorisé de s'exprimer, les vertus pédagogiques sont considérables en plus. Bref à méditer.
http://www.jeffvandermeer.com/2008/08/08/shared-worlds-and-catching-up/#more-1468

mardi 12 août 2008

Coup de coeur

Je voudrais vous parler d'un de mes coups de coeur du moment. Il s'agit d'un roman feuilleton publié sur le net, les Chimères de Mirinar. Il est l'oeuvre de deux auteurs : Vincent Mondiot et Raphael Lafarge. Il s'agit d'une oeuvre de fantasy mêlant aux codes de la fantasy proprement dite ceux du western. Un western sans armes feu certes, mais nous sommes bien dans un dis neuvième siècle fantastique avec ses villes, ses industries naissantes. Je vous le laisse découvrir. C'est à cette adresse :
http://www.mirinar.com
En tout cas je suis content que le roman feuilleton revienne grâce à internet. Il faut se souvenir que les auteurs du dix neuvième siècle avant d'être publié en volume était publié sous forme de feuilleton. C'est tout le mal que l'on souhaite à nos deux amis. Mais les Chimères de Mirinar ce n'est pas qu'un feuilleton c'est une véritable construction d'univers. De nombreux appendices vous font découvrir l'Etat des Arches et le monde de Mirinar. Et de nombreuses illustrations, oeuvres d'un graphiste Mathieu, vous permettront de mieux visualiser les éléments du roman. Bref la littérature 2.0 est née ! Et la fantasy est de la partie.

lundi 11 août 2008

La paranormal fantasy, un genre américain ?

Je l'évoquais précédemment le centre de gravité de la fantasy d'exploitation s'est déplacé de la fantasy médiévale vers la paranormal romance. On peut se demander si ce sous genre de la fantasy urbaine n'est pas un genre typiquement américain. Déjà l'action se déroule dans des mégalopoles américaines modernes où se côtoient des créatures fantastiques d'origines diverses (vampires, loups garous, fées, sorciers etc). Quand je parle de la diversité des origines, on brasse tout le spectre des populations qui composent les USA modernes. Un druide peut fraterniser avec un prêtre vaudou et des vampires européens peuvent affronter des djinns issus du folklore moyen oriental. On est en plein dans le mythe du melting pot. Ce qu'il y a de sûr c'est que l'écriture de ce sous genre ne peut être fait que par des américains.
Quant à sa réception c'est plus complexe. Des séries comme Buffy ou Charmed ont familiarisé le public français avec lui. Des auteurs comme Jim Butcher, Laurel k Hamilton ou Kelley Armstrong commencent à être publié chez nous. Mais je crois que ce genre n'aura jamais la popularité de la fantasy à monde secondaire. En France la conception de la ville est très diffèrentes et malgré le multi culturalisme que nous connaissons chez nous, chaque cité a ses racines propres. Je crois que fatalement, la fantasy urbaine parce qu'elle est ancré dans le quotidien ne peut prendre cette forme là chez nous. Le lecteur de fantasy urbaine cherche l'intrusion du merveilleux et du surnaturel dans la réalité prosaïque. Je pense qu'en France il recherche quelque chose de différent. Christian Villa a montré ce que l'on pouvait faire avec les mystères de Saint Petersbourg. Certains auteurs anglo saxons écrivent des formes de fantasy urbaines différentes allant du purement fantasmé dans des villes imaginaires à l'exploitation de l'identité de chaque ville en passant par une large palette. Bref je crois que la paranormal romance aura un certains succès chez les fans hard core de fantasy mais ne sera jamais une lame de fond comme peut l'être la fantasy médiévale.

vendredi 8 août 2008

Bragelonne, tu déconnes

Bragelonne a créé le label Milady dont les premiers titres sont arrivés en librairie depuis environ un mois. Avec stupeur nous découvrons des éditions grands formats des série Dragonlance et Royaumes Oubliés. Ces séries étaient auparavant publiées chez Fleuve Noir qui en a abandonné la publication. Je sais bien que Bragelonne a l'ambition d'être un éditeur d'imaginaire populaire et qu'ils leur faut des publications susceptibles de générer de l'argent pour pouvoir investir sur des auteurs moins connus. Mais je me demande si cette stratégie ne va se dégonfler sur le long terme.
En effet ce type de franchise a-t-il encore la côte ? Je ne connais pas les chiffres de ventes américains donc je ne ferais aucune spéculation sur leur évolution là bas. Mais le coeur de cible de ces collections ce sont les rôlistes et notamment ceux qui pratiquent Donjons et Dragons. Mais aujourd'hui en France le public du jdr se renouvelle peu et contrairement aux rolistes américains chez qui Donjons et Dragons est le jeu emblématique les rôlistes français pratiquent de nombreux jeux et même si D&D a une part importante sa place est moins prédominante que dans d'autres pays.
Si l'on observe l'évolution de la fantasy d'exploitation aux USA on se rend compte qu'aujourd'hui le centre de gravité du genre se déplace du la fantasy médiévale vers la paranormal fantasy(1).
De plus Bragelonne a décidé de publier ces séries en grand format et non en poche, ce qui est un sacré pari.
La question qui se pose est la suivante : est ce à Bragelonne, gros éditeur indépendant de publier ce type d'ouvrage ou plutôt à un éditeur commercial ? Pourquoi donc Fleuve Noir a-t-il abandonné ces séries, pour une question de ventes insuffisantes ou autre chose ?
N'empêche que ces séries dans le catalogue d'un label comme Milady n'ont pas l'air à leur place. Elles prennent la place de romans originaux et l'on préférerait lire de bons auteurs de fantasy populaire français que des auteurs de fantasy populaire américains médiocres.
(1) Paranormal fantasy ou paranormal romance : sous genre de la fantasy urbaine proche de série comme Buffy ou Charmed.

jeudi 7 août 2008

Roland C Wagner et la société de l'information

Il y a quelques mois un auteurs américain déclarait qu'il ne souhaitait pas écrire d'anticipation optimiste car l'exercice était trop difficile. En France Roland C Wagner a brillamment réussi l'examen avec sa série les Futurs Mystères de Paris. Celle ci se déroule dans une France de la fin du 21éme siècle, quelques années après la Grande Terreur Primitive qui a vu se déchaîner les forces de l'inconscient collectif. Même si les multinationales (appelée technotrans) sont puissantes leur pouvoir est contrebalancé par l'organisation de la société en tribu qui a pour conséquence une balkanisation des habitudes de consommation. Cette notion de tribu vient tout droit des recherches de certains sociologues canadiens et aujourd'hui la tribu est considéré comme l'une des cellules de base de la société de l'information.
Roland C Wagner se situe donc à l'opposé de la réflexion des cyberpunks. Ces derniers avaient mélés les structures technologiques de la société de l'information avec les structures sociales de la société industrielle. Ces dernières ne pouvant être que renversé par le terrorisme ou la révolution. Roland C Wagner imagine une société où les structures sociales et technologiques sont celles de la société de l'information. Je trouve sa visions beaucoup plus intéressante, pas seulement parce qu'elle est optimiste, mais parce qu'elle pousse la réflexion sur la société de l'information jusqu'au bout ce qui est malheureusement encore trop rare, les auteurs de SF consacrant encore trop leur énergie à dénoncer les dérives d'une société industrielle moribonde que multinationales et politiciens néoconservateurs essaient de maintenir en vie avec acharnement. Montrer que la société de l'information n'est peut être pas un paradis mais est certainement meilleures que celle où nous sommes est un pari osé, mais qui a le mérite d'aller dans le sens de ce que devrait être un oeuvre d'anticipation : imaginer les sociétés de demain et pas seulement imaginer le pire.

mardi 5 août 2008

La SF a ses raisons

Sur un forum anglo-saxon un forumiste expliquait que que dans l'expression science fiction, science était employé pour raison et non pour technologie. Ce qui voudrait dire que la SF est une littérature qui repose sur des conjectures rationnelles. Certes c'est une vieille idée mais cela fait du bien de la voir réexprimée aujourd'hui.
A notre époque où certains acteurs de l'édition et du fandom voudrait nous faire croire que la hard science est le coeur du genre, que d'autre voix s'expriment et osent revenir aux fondamentaux est une bonne chose. Il y aussi un maronnier chez les bloggueurs sf en ce moment. La SF de la grande époque de l'âge d'or jusqu'au années 60 a plus parlé de philosophie que de technologie. Donc il faudrait arrêter de vouloir faire de la SF la littérature qui parle des technologie. Quand on connaît le niveau littéraire médiocre des auteurs de hard science c'est rassurant. Continuons à investir le champ de la philosophie il en ressortira des perles.

lundi 4 août 2008

Les conservateurs et le simple d'esprit

Deux auteurs d'opinion conservatrice : OS Card et Terry Goodkind ont placé au coeur de leur oeuvre un personnage simple d'esprit. On peut se demander pourquoi faire du simple d'esprit le sauveur du monde lorsque l'on appartient à la droite conservatrice.
Chez Card dans son roman "Patience d'Immakulata" (Unwyrms, 1984) le personnage du simple d'esprit Constant (Will, dans la version originale) est opposé aux savants. Si les savants n'ont su résister à l'appel de l'entité monstrueuse Unwyms c'est "parce qu'ils étaient plus faible que leur passion" nous dit Card. Habituellement le savant, le chercheur est plutôt considéré comme homme de raison, capable justement d'échapper aux comportements irrationnels, et notamment à la passion. Card prend ici l'opinion populaire à contre pied. Et c'est Will le simple d'esprit qui est capable d'échapper à l'emprise du monstre. Et par un curieux lapsus, les anglophones noteront que Will en anglais signifie volonté. Et cette volonté qui a fait défaut aux savant qui permet à Will de triompher. Les savants sont des faibles tandis que Will est fort. L'intellectuel est un faible et le simplet un fort.
Chez Goodkind c'est plus compliqué. Dans "l'épée de vérité" le héros est un jeune forestier débile léger, Richard. Il est le seul à pouvoir porter l'épée du titre et à pouvoir être protégé contre son pouvoir. Goodkind nous présente quand même un personnage intellectuel positif qui va être capable de guider Richard, le magicien Zedd. Mais les autres personnages intellectuels présentés que ce soit la prophétesse ou le peintre de la reine, ce sont des personnages dotés de tares et en pleine dégénérescence morales. Là aussi c'est la volonté de Richard qui lui permet de résister au pouvoir de l'épée tandis que des personnages plus éduqué n'y parviendrait pas.
On peut se demander pourquoi la figure du déficient intellectuel devient une figure rédemptrice parée de toutes les vertus. Dans les deux cas il s'agit d'un personnage pur et même si comme Richard il s'adonne à la violence c'est pour faire triompher cette pureté. Le simple d'esprit est le défenseur d'un certains ordre morale contre les intellectuels qui s'y opposent au nom des philosophies des lumières. Il faut noter que Richard comme Will se réclament de valeurs rurales simples. Ce sont des incarnations de la nature contre la culture présentée comme la pire des perversions. Il représente le monde originel, et certainement quelque part l'idéal de l'Eden. Card est Mormont et Goodkind se réclame de la droite chrétienne américaine. Et le retour à la pureté originelle est un de leurs idéaux. D'autre part la date de ces oeuvres 1984 pour le roman de Card et 1988 pour Goodkind n'est pas un hasard. La construction de la société de l'information où la sphère intellectuelle est de plus en plus appelé à interférer avec l'économique et le politique est rejeté par ce deux auteurs. Il lui préfère un retours à la terre et aux valeurs paysannes.

vendredi 1 août 2008

Politique, (amour) et science fiction

Durant le dernier mois j'ai eu l'occasion de lire deux points de vue fort intéressants sur les rapports entre SF et politique. Richard Morgan explique que le but des auteurs de SF n'est pas de changer le monde mais bien d'être la frange haut de gamme de l'industrie du divertissement. Jonathan MacAlmont quant à lui considère que la critique socio-politique est un des nombreux tropes du fonds commun d'idées qu'est la SF. Et que les romans utilisant la critique socio-politique comme ressort principal n'ont pas plus avoir avec les essais politiques que les romans de Laurel K Hamilton.
En France la SF depuis les années 70 vit une histoire d'amour particulière avec la politique. Une des dernières incarnation de ce travers est l'anthologie Appel d'air où la fine fleur de la Sf française critique violemment la politique supposée de Nicolas Sarkozy. Je ne lirais pas ce recueil même si je me reconnais dans ce type d'opinion. Ce genre d'ouvrage d'une part ne fait que flatter l'égo de son auteur et en plus ne prêche que des convaincus. De plus on est en droit de se demander si en décrivant des anticipations dystopiques les auteurs ne contribuent pas à actualiser, bien malgré eux de nouveaux possibles dont la société se serait bien passée. C'est franchement la question de la responsabilité de l'écrivain qui est en jeu.
Je préfère largement voir la SF investir dans les thèmes philosophiques universels (Certains d'entre eux attendent encore un grand roman) plutôt que voir la Sf investit par le politique. Le but d'un genre comme le notre n'est pas de se substituer aux essais ou aux réflexions de la presse. Dans les années 70, grande époque de SF politique tant chez nous que chez les Anglo Saxons, peut être que les essais et autres tribunes de réflexion étaient ils rares et la SF s'y substituée. Mais aujourd'hui ce n'est plus le cas. La donne a changé et le genre doit s'y adapter. S'il y a désaffection pour le genre sans doute que son trempage dans la politique n'y est pas étranger.

jeudi 31 juillet 2008

Hasbro effervescent

Wizard of the Coast a décidé d'abandonner le label éditorial Discoveries six mois après son lancement. L'éditeur de jeux de rôle et de jeux de cartes à collectionner avait donc décidé de se lancer dans l'édition de romans originaux. On pouvait supposer que cette diversification était motivée par la baisse des ventes de leurs romans dérivés. Il existait un précédent celui de Black Library (éditeur des romans dérivés Warhammer et Warhammer 40 000) qui a lancé le label Solaris Books pour publier des romans originaux et qui fonctionne avec un certains succès presque trois ans après son lancement.
On ne peut comprendre la décision de Wizards of the Coast que si l'on connaît le fonctionnement de son actionnaire principal, Hasbro, géant du jeu et du jouet. Ce qui intéresse Hasbro c'est avant tout des licences qui rapportent. Le rachat de Wizards of the Coast avait avant tout été motivé par les ventes du jeu de cartes, Magic. La licence Donjon et Dragon n'était que du bonus, ils avaient même envisagé à un moment de s'en débarrasser car ils ne la jugeaient pas assez rentable. Ils ont réussi tout de même à améliorer sa rentabilité. Mais voilà que la division éditoriale de WOTC décide de créer un label de romans originaux en privilégiant au départ la prudence. Tout le contraire de ce qu'aurait souhaité Hasbro pour une telle diversification. Nulle doute que le groupe aurait mieux aimé la publication de grands cycles d'où l'on aurait pu facilement tirer des produits dérivés par centaines.
Encore une fois les victimes de cette stratégie ce sont les auteurs.

mercredi 30 juillet 2008

La tragédie des enclosures, version SF

A la fin du 15éme siècle les nobles anglais ont enclos les terrains communaux qui appartenaient à la communauté des paysans. C'est ce que l'on a appelé la tragédie des enclosures. Quel rapport avec la SF me direz-vous ?
Aujourd'hui des éditeurs font prospérer les licences au détriment de la recherche de nouveau talents. Ces licences arrivent même à circonscrire l'essentiel d'un sous genre. Ainsi le space opera de science fantasy est aujourd'hui largement circonscrit autour de la licence Star Wars. D'autres auteurs ont essayé de faire des oeuvres originales mais ils sont rares et vendent bien moins que la licence juteuse issue du film. Il est clair que si les romans Star Wars n'existaient pas ces auteurs vendraient plus et donc trouveraient un large public.
La sword and sorcery a subit cette loi des licences depuis la fin des années 80. En effet les licences comme Dragonlance ou Forgotten Realms ont peu à peu constitué l'essentiel d'un genre certes décrié mais qui attendait un second souffle. Mais curieusement il a continué d'exister un fandom et le net a été un lieu d'expression pour ce fandom à travers divers webzine. Quand une communauté a été bien organisé une small press s'est créée pour publier des auteurs originaux. Comme quoi la fatalité n'est pas de mise et la résistance peut s'organiser. Et c'est une bonne chose.
Certains éditeurs au lieu de chercher de nouveaux talents ne font que prospérer des licences et maintenir le lecteur dans une région connue au lieu de lui faire découvrir de nouveaux horizons. L'enclosure c'est aussi l'enclosure du lecteur que l'on place dans un univers familier dont il n'est pas capable de sortir. Maintenir le lecteur prisonnier d'un univers dérivé c'est aussi assurer le marketing d'un produit et aussi traiter un univers comme un produit comme un autre. Le livre est devenu curieusement le suivi marketing phare au panthéon des produits dérivés des autres médias. Cela permet de bannir la prise de risque et de limiter le nombre d'auteurs publiés. Les romans dérivés prennent en effet la place de romans originaux qui sont susceptibles d'apporter quelque chose au genre même si ce n'était que des romans d'exploitation.

mardi 29 juillet 2008

Comment écrire une mauvaise histoire de fantasy

La fantasy épique fait étalage de nombreux clichés. Et souvent l'accumulation de ces mêmes clichés donne une impression de déjà vu, voire un effet de médiocrité assuré. Recensons donc ces clichés :
- La prophétie
- Le jeune homme pauvre appelé à de grandes choses
Ces deux là sont sauvables si le contexte est intéressant. Ils peuvent même être utilisés en fantasy picaresque. Ce ne sont pas les pires mais c'est surtout leur combinaison avec d'autres qui a tendance à provoquer la catastrophe.

- Le dieu du mal : remarquons que dans la plupart des mondes secondaires les dieux bons sont plusieurs et le dieu du mal est toujours unique. Curieusement ce manichéisme religieux était totalement ignorée des sociétés polythéistes que les auteurs essaient de recréer.
- Le mal situé à l'est : Il faudrait peut être leur dire que la guerre froide est terminée !!!
- Les peuples maléfiques : Comme si un peuple pouvait être entièrement mauvais.
- Les elfes, nains, orcs : lorsqu'une seule de ces races se balade ça passe encore, surtout si l'auteur l'a retravaillé à sa façon. Mais lorsqu'on les retrouve tous ensembles, on est en droit de se méfier, on a affaire soit à un fan de Tolkien intégriste, soit à un joueur de Donjons et Dragons qui n'est pas capable d'imaginer autre chose.
- L'objet de la quête - sauver le monde : Ca devient fatigant à la fin surtout quand c'est mal fait.

Nous ne saurons trop conseiller aux auteurs en herbe de se plonger dans Greimas, Propp, Arne et Thomson s'ils veulent construire des schémas sortant des sentiers battus.

lundi 28 juillet 2008

Les pets de vérité

De temps en temps un manuscrit s'égare dans les bureaux du service marketing d'un éditeur. Parfois même on détecte l'énorme potentiel commercial de cette oeuvre pourtant médiocre. Et c'est ainsi que la respectable maison américaine Tor publia à la fin des années 80 Terry Goodkind et son Epée de vérité.
Incohérences narratives, effets téléphonés, imaginaire pauvres, dialogues mièvres, sado masochisme et violence extrême, ce roman avait pourtant tout pour finir dans la corbeille. Et pourtant contre toute attente c'est devenu un best seller. Beaucoup de jeunes lecteurs arrivent à la fantasy par des oeuvres "faciles" comme celle - là. Peut être est- ce une explication.
Mais Goodkind a un autre défaut. Son idéologie néoconservatrice affirmée. Il donne à ses héros ses propres opinions et nous les assène à longueur de bouquin. On peut gager que ce cycle a du avoir un certain retentissement dans les milieux conservateurs américains. Mais ça raconte quoi. J'y viens. Je n'ai lu que le premier roman duc cycle et déjà il vaut son pesant de cacahouètes.
Le héros Richard dont le père vient de mourir, un jeune forestier simple d'esprit sauve une mystérieuse jeune femme. Bien vite en compagnie de la jeune femme et de son mentor - qui s'avère être un magicien à la Gandalf (o le beau cliché)- il va donc aller combattre le méchant qui se nomme Rahl et se fait appeler le petit père Rahl et qui vit en plus dans le palais du peuple, dirige l'armée du peuple; Bref un communiste, il fallait y penser. Et tout le reste est bien entendu de la même eau. Je passe sous silence les scènes sado masochistes qui prennent plus de cinquante pages et ne servent à rien. Et la rencontre avec un peuple qui n'est ni plus ni moins qu'un décalque sans génie des Navarros. Et en plus c'est chiant. Un style d'une pauvreté comme j'en ai rarement lu et d'après les renseignement que j'ai pris ça ne vient pas du traducteur.
Je sens que je vais me faire des amis vu la popularité du cycle.