mercredi 26 décembre 2012

Petite histoire de la fantasy française

La fantasy française n'apparaît pas comme un cheveux sur la soupe au milieu des années 80 avec Michel Pagel comme certains essaieraient de nous le faire croire et encore moins avec Mathieu Gaborit comme le pense la jeune génération induite en erreur là encore également par le discours d'un certain éditeur.
Tout commence dans les années 70 où certains auteurs reconnus ont des velléités d'écrire de la fantasy. Pierre Barbet qui lit couramment l'anglais a découvert le genre dans des publications anglo saxonnes et souhaitent en écrire. Mais chez Fleuve Noir on y tient pas plus que ça. Il écrira certes l'empire du Baphomet qui mêle moyen âge et récit cosmique mais il fera bien attention de rester dans la SF. Nathalie Henneberg est un autre de ces auteurs tenté par l'aventure fantasy. Cela donnera la novella, La quête psychédélique, publié à titre posthume quelques années après sa mort (récit que je confesse n'avoir pas lu).
Jean Luc Triolo, grand érudit du genre signale quelques titres dans les années 70 : la trilogie des mémoires de l'Arkonn Tecla de Jean Tur (voir http://www.actusf.com/spip/Le-billet-de-Jean-Luc-Triolo-8.html) et Sous l'araignée du sud de Dominique Roche et Charles Nightingale ( voir http://www.actusf.com/spip/Le-billet-de-Jean-Luc-Triolo-7.html). De son côté Jean Marc Lofficier cite régulièrement Christa Sylf, auteure également d'une trilogie à cette période. Mais ces ouvrages sont parus hors collection.
Il faudra attendre l'arrivée de Patrick Siry à la tête de Fleuve Noir Anticipation pour voir arriver la fantasy au catalogue de la collection populaire française. C'est ainsi que 1980 verra la parution de Tamkan le paladin, roman signé Gabriel Jan, auteur injustement sous estimé parmi les vieilles gloires du FNA.
Parallèlement Bruno Lecigne et Sylvianne Corgiat écrivent des textes de fantasy, des nouvelles d'abord mais il passeront au roman avec Oceane puis créeront une collection le Cycle des Chimères pour créer un univers partagé avec d'autres auteurs. Ainsi la collection accueillera Alain Paris, Jean Marc Ligny et Jean Pierre Hubert. Elle s'arrêtera au bout de quelques numéros, le public français n'étant sans doute pas près pour les univers partagés. Puis c'est autour de Daniel Walther de se lancer dans l'arène. Il publie la trilogie le livre de Swa chez Fleuve Noir et Nocturne sur fond d'épée chez Néo.
C'est durant l'année 1986 que les choses vont devenir sérieuse. Le Fleuve Noir accueille plusieurs grandes sagas du genre : le cycle des Antarcides de Alain Paris, les Akantor d'un certain Phil Laramie et bien entendu les flammes de la nuit de Michel Pagel. Un avenir commence à se dégager pour la fantasy en France où s'engouffreront Phlippe Guy, Hugues Douriaux, Samuel Dharma ( en fait Thomas Bauduret) et quelques autres. Jusqu'en 1996 la célèbre collection du Fleuve sera le fournisseur quasi exclusif de fantasy made in France. C'est en 1995 que Mnémos marquera l'entrée du genre dans une autre ère en publiant Mathieu Gaborit. Le reste est connu de tous.

dimanche 16 décembre 2012

Mon prochain gros truc.

Mon prochain gros truc est l'adaptation française de the next big thing, un meme viral où les auteurs exposent leur prochain projet avant de désigner d'autres auteurs qui font de même en suite sur leurs blogs respectifs. J'ai décidé de traduire les questions du meme et de l'importer en France. D'autant plus que contrairement au marché anglo saxons qui est saturé et où les éditeurs ont le soutien des agents pour trouver les bons auteurs. En France un auteur qui présente son projet actuel peut titiller les éditeurs. Que vous soyez nouvelliste, romanciers ou anthologiste c'est un assez bon moyen de promo.


1 Quel est le titre de votre prochain texte ?
Ecologies étrangères
2 D'où vous vient l'idée principale ?
Le but était de trouver un thème d'anthologie susceptible de fédérer un lectorat important. Le film Avatar étant un succès et les BD de Léo marchant elles aussi très bien, je me suis dit que les écosystèmes extraterrestres pouvaient être un thème fédérateur.
3 A quel genre appartient - il ?
SF évidemment.
4 Si votre texte était adapté au cinéma quels acteurs verriez vous dans les rôles principaux ?
Déjà il faudrait que je passe chaque texte en revue et les auteurs ne seraient sans doute pas d'accord. Je botte en touche.
5 Quel est le synopsis du texte en une phrase ?
Découvrez les biosphères extraterrestres auxquelles seront confrontées des explorateurs ou des colons, et toutes les variations autour du thème y compris les plus inattendues, surtout d'aileurs les plus inattendues.
6 Allez vous être publié par un éditeur ou en auto édition ?
L'anthologie est actuellement en lecture chez un éditeur numérique.
7 Combien de temps avez vous mis pour produire votre premier jet ?
Neuf mois pour réunir les textes.
8 A quel autre livre pouvez vous le comparer ?
Aucune anthologie comparable dans le domaine francophone récent.
9 Qui ou quoi a inspiré l'écriture de votre livre ?
Juste une idée qui me trottait dans la tête.
10 Que pourriez vous dire pour piquer l'intérêt de votre lecteur ?
Vous aimez les planètes étrangères, vous avez envie de découvrir des explorateurs découvrant les mystères du monde où ils ont débarqué, des colons aux prises avec des difficultés liés à leur environnement, et plein d'autres variations sur le thème de la confrontation à la biosphère étrangère. Une anthologie où le classique, le baroque et le poétique se côtoient.




jeudi 6 décembre 2012

Ecrire de la high fantasy made in France

On reproche assez souvent à la high fantasy d'être littérature anglosaxonne. Il est clair que pour créer une high fantasy française il faudrait s'adapter à notre culture.

Le décorum surtout devrait refléter les racines latines de notre pays. Exit les éléments issus des mythes germaniques. Ici ce serait un imaginaire issu de la culture greco romaine qui serait au coeur de ces projets littéraires. Les elfes et les nains y serait remplacé par les satyres et les centaures. Ces mythes greco romains voisineraient avec des sources médiévales. Mais là encore ce ne serait pas uniquement le mythe arthurien mais bien toutes les sources médiévales les plus créatives qui serait là utilisée des chansons de geste aux mirabilia en passant par les romans antiques. Bien sûr on veillera à s'inspirer de sources plus tardives et notamment de la Renaissance ( Rabelais étant bien entendu du nombre).
On mettrait également aux orties le royaume maléfique situé à l'est. L'adversaire serait un ennemi intérieur. Et les héros s'opposeraient à des églises corrompues, à des politiciens ambitieux, à des sociétés secrètes où à des dictatures.
ON éliminera aussi le thème de l'élu qui reflète plutôt la fascination de nos amis anglo saxons pour la religion. Evitons aussi les prophécies qui sont un artifices littéraires un peu casse gueule et faisons l'apologie du libre arbitre.

mercredi 28 novembre 2012

Le geek, cet inconnu

Les stratégie des éditeurs sont parfois surprenantes. On a vu, dans le milieu des littératures de l'imaginaire des éditeurs voulant élargir le public aux lecteurs de blanche, d'autres visant les adolescents ou même les ménagères. Mais curieusement, en tout cas en France, le public geek n'est pas une cible privilégié pour l'édition SF et fantasy. Bien sûr certaines petites structures comme Voy'el ou Ad Astra publient des ouvrages orienté vers cette catégorie mais du côté des éditeurs importants ce n'est pas une priorité à ce qu'il semble.
Il convient de tordre le coup à quelques idées reçues :
- Le geek ne lit pas. Faux. Il y a des geeks qui lisent. Tous les geeks ne sont pas des ados attardés skotchés à leur console de jeu.
- Les geeks ne lisent que des livres électroniques. Encore faux. Il existe des geeks attachés au papier ce qui ne les empêche pas de lire sous format électronique.

Publier pour les geeks ne s'arrête pas à sortir des romans de Sf et de fantasy reprenant des thèmes susceptibles de plaire à ce public voir des ovni littéraires. C'est aussi un travail esthétique et l'on doit apporter un soin particulier à la couverture, à sa maquette, son titrage. On doit se rapprocher de ce qui se fait dans les jaquettes de jeu vidéo qui sont parfois plus inventives que bien des couvertures de livres. Les seuls à oser casser l'effet collection et la charte graphique unique chez nous c'est Bragelonne.

samedi 27 octobre 2012

In memoriam Jacques Goimard

Un grand monsieur de la SF s'en est allé. Jacques Goimard était sans doute l'un de nos plus grand critique français. Il a laissé une oeuvre composée de nombreux articles dont certains ont été recueilli dans des essais comme Critique de la Science Fiction ou Critique de la fantasy. Mais Jacques Goimard est surtout connu pour son travail éditorial. Il a oeuvré pendant presque vingt ans chez Pocket des  années 70 aux années 90. Ses choix faisaient grincer les dents des puristes mais ils plaisaient sans problème aux amateurs du genre. Il est un des premier à avoir su imposer la fantasy en France. Ses choix pouvaient déplaire mais contrairement à d'autres il ne dépassait jamais une certaine ligne rouge. Même s'il accueillait de nombreux textes populaires, il restait soucieux de lisibilité et de qualité. Il essayait de concilier de bons textes populaires ainsi que des récits plus ambitieux. Et même pour les textes populaires il restait assez exigeant dans ses choix. Même s'il a fait un certain nombre de sacrifices pour maintenir la collection Pocket SF à flot, il faut reconnaître qu'il a fait un excellent travail durant toutes ces années.

samedi 20 octobre 2012

Outremonde n°12

Ce numéro d'Outremonde est consacré aux Hors la loi. Il commence sous le signe du noir et de la fable politique avec un récit de zombies, Outlaw de Frédéric Czinziller qui prend le contrepied total du genre et le retourne comme un gant. Dans non coupable, Thomas Spock nous campe un court thriller, où un policier interroge un suspect. On y parle de neurobiologie tout en critiquant le capitalisme et la politique commerciale des grands laboratoires phamaceutiques. Aurélie Wellenstein nous entraine dans les pas d'une journaliste qui fait un reportage sur des écoterroristes. Elle met dos à dos ces derniers avec les méthodes de ceux qu'ils combattent ( en insistant bien sur le fait que ceux qu'ils attaquent ne sont que des victimes du système).
On change carrément d'univers avec l'Innocence et la boue de Marie Loresco. Un récit antique, des mercennaires avides de pillage, un temple plein de richesses, de vieux mythes peut être un peu plus réels qu'ils ne le paraissent sont les ingrédients de ce qui est sans doute le meilleur texte de ce numéro. Le texte suivant, Horizona Dream de Richard Mespléde mêle western et fantasy. J'avoue n'avoir pas tout compris malgré l'excellente plume de l'auteur. La ville nébuleuse de Louisia nous entraîne dans un univers de Science Fiction et là le hors la loi bénéficie dans son traitement d'un gigantisme propre à la SF. Sense of wonder garanti. La deuxième petite perle de ce numéro servi par une très bonne plume là encore.
Un petit bémol. Ce numéro manque de Robin des Bois, d'Arsène Lupin et autres voleurs au grand coeur. Les pirates aussi sont aux abonnés absents. Dommage j'aurais aimé aussi à coté des textes à la une de ce numéro que figure aussi un traitement plus pulp du hors la loi qui manque cruellement.

mardi 11 septembre 2012

Le verre à moitié plein

Il y a actuellement une tendance qui fait du bien dans la SF contemporaine. Si pendant longtemps on a privilégié la dénonciation des problèmes, aujourd'hui il est une génération d'auteurs qui tend à vouloir positiver. On se souvient de la parution en 2010 de l'anthologie Shine qui essayait de promouvoir des textes optimistes parlant du futur proche. Mais il y a pas mals d'anthologies qui veulent justement diffuser un message positif et optimiste. La dernière en date est the half side of the sky une anthologie de space opera dont le but est de montrer une image positive et valorisante de la femme.
En France ça bouge aussi. Laurent Gidon vient de rendre public son anthologie Contrepoint qui présente des récits de SF et de fantasy non violents. Et le club Présence d'Esprit a lancé un appel à texte pour des récits de SF optimistes qui seront publiés dans un numéro spécial de AOC. Bref on respire un nouvel air et la SF comme la fantasy sont capables de montrer le verre à moitié plein alors qu'on a longtemps montré le verre à moitié vide. Il faudra surveiller de prêt cette tendance et voir si elle se traduit sur des textes plus longs.

dimanche 2 septembre 2012

British Paradox

Pourquoi sort - il plus de science fiction en Grande Bretagne qu'aux USA ? Et bien parce qu'encore une fois la pop culture britannique a créé une franchise de SF jubilatoire du nom de Doctor Who. Et  la relance de cette série en 2005 / 2006 a donné envie à des Britanniques de lire de la SF ou d'en relire. Encore une fois on se rend compte que la pop culture est un levier qui peut soulever des montagnes. La SF américaine est à la traîne parce qu'elle n'a pas su engendrer une envie grâce à la pop culture. Il n'y a pas eu de série de SF importante depuis l'arrêt de Farscape. Battlestar Galactica avec son approche post moderne ne pouvait en aucun cas jouer ce rôle.
D'ailleurs que l'on se souvienne bien, après la crise de la SF des années 80 en France, le nouveau public était arrivé à la SF grâce aux dessins animés japonais et à la fantasy par le jeu de rôle. La littérature de SF doit se rapprocher de la pop culture et créer des complémentarité avec elle sinon elle est condamné à végéter.

samedi 25 août 2012

La science fantasy : tendance probable ?

Il y a environ 10 ans le critique américain Gabe Chouinard annonçait que la science fantasy était probablement la voie royale que devait suivre la SF. Avait - il raison trop tôt ? Regardons si la pop culture s'intéressait à la science fantasy.
- Jeu vidéo : la majorité des RPG japonais à commencer pas la série des Final Fantasy explorent des univers de science fantasy.
- Jeu de rôle : bon nombre de jdr de SF publié dans les années 90 touchaient plus à la science fantasy qu'à la SF la plus spéculative. Et notamment, nous pouvons signaler Fading Suns qui a eu un petit succès à l'époque mais nous trouvions aussi Dragonstar ou Alternity.
- Comics : L'éditeur Crossgen avait conçu un multivers dont bon nombre des déclinaisons tournaient autour de mondes de science fantasy allant du steampunk ( Mystic ) à la space fantasy ( Sigil) en passant par de la romance planétaire ( Scion ou Meridian). Top Cow avait également publié Soul Saga, un comic book à l'ambiance proche de certains RPG japonais avec bateaux volants et d'autres choses du même genre.
- Ciné et TV : Nous étions à l'apogée de la franchise Star Wars. Et la télévision voyait apparaître une autre franchise de science fantasy spatiale : Farscape.

Donc il y avait une certaine attente pour ce type de récit façonnée par la pop culture de l'époque. Il y a une véritable occasion perdue. Reste à savoir qui cette non tendance fut le fait des auteurs ou des éditeurs. C'est probablement un peu des deux. Mais je pense que les éditeurs anglosaxons portent une grande partie de la faute sur leurs épaules. Chouinard avaient réussi à réunir quelques auteurs autour de lui, notamment Jeff Vandermeer et Richard Calder pour les plus connus mais de jeunes nouvellistes le soutenaient aussi. On aurait sans doute pu trouver quelques auteurs brillants. D'autant plus que certaines   auteurs des Del Rey Discoveries comme Delia Marshall Turner ou Katie Waitman en écrivait avant de se faire lâcher par l'éditeur américain. Donc les éditeurs américains ont préféré pousser la tendance post moderne qui convenait mieux à un certain noyau dur de lecteurs et également publier massivement de l'Urban fantasy plus facilement vendable aux ménagères qui fréquentent les Wall Mart.

Mais il se trouve que la science fantasy, sortie jadis par la porte revient par la fenêtre. Quelques auteurs francs tireurs se sont fait remarquer : Nnedi Okorafor, Kameron Hurley ou Joanne Anderton. Mais la pop culture frémit également. On compte plusieurs projets de JDR en souscription qui entrent totalement dans ce cadre dont deux projets français ( Dernier Bastion et Vivere ). Pas encore de frémissement dans le monde des comics par contre la BD franco belge est très présente avec notamment plusieurs bd de chez Soleil. Bref ça semble repartir avec une nouvelle relance pour ce style de science fiction pour notre plus grand bonheur.

jeudi 23 août 2012

La prochaine tendance

Comme nous l'avons vu précédemment les tendance ne naissent plus en littérature mais bien dans les autres média. Et le jeu de rôle a eu son rôle à jouer dans les deux précédentes décennies.
- Les années 80 ont vu le développement de l'heroic fantasy autour de Dungeons and Dragons. Et la littérature d'heroic fantasy s'est développé dans les années 90
- Les années 90 ont vu le développement de la fantasy urbaine autour du Monde des Ténèbres qui a annoncé la déferlante bit lit que nous connaissons.


Quelle est la tendance du jeu de rôle fin 2000 / début 2010. Ca semble être le space opera. On voit se développer beaucoup de jdr indépendant allant du nouveau space opera au space op pulp de l'âge d'or en passant par la space fantasy : Transhuman space, Eclipse Phase, Starblazer Adventures, Diaspora, Bulldogs, Star Without Numbers, Ashen Stars, Hellas et j'en oublie certainement. Les grosses licences ne sont pas en reste puisque les séries TV Firefly et Battlestar Galactica ont fait l'objet d'adaptations. Mais la grosse gamme qui sert d'arbre cachant la forêt est celle de Warhammer 40K avec des jdr comme Dark Heresy, Rogue Traders, Deathwatch et Black Crusade. Bref ce foisonnement qui affecte aussi la création française puisque nous avons vu la création de Final Frontier et de Mahamoth et que nous attendons Quantiquité, annonce sans doute une tendance de la culture de l'imaginaire.
Nous avons vu aussi pour la décennie précédente que les comics avaient suivi le JDR dans la chronologie des média. Or Marvel a développé de manière assez ostensible ces séries cosmiques ces dernières années. Elles passent d'ailleurs pour être ce que produit de mieux la maison des idées en ce moment. Le comic book d'auteur n'est pas en reste puisque la série Saga de Brian K Vaughan a décidé d'exploiter le filon d'un space opera relativement adulte.

Mais j'ai peur que ce ne soit pas les ados qui plébicitent Stars Without Numbers ou Starblazer Adventures ou qui dévorent le comic book de Brian K Vaughan. Et que finalement l'histoire peut très bien ne pas se répéter. Aujourd'hui me dira - t - on le media plébiscité par les ados c'est le jeu video. Mais par un coup de bol monstrueux la plus grosse franchise actuelle, c'est Mass Effect. Donc par la même mécanique que pour la fantasy urbaine dans les années 90 ce développement médiatique du space opera est bien en train de créer des désirs d'aventures spatiales chez le lectorat des littératures de l'imaginaire.

mercredi 22 août 2012

Les origines de la bit Lit


Si aujourd'hui la bit lit a un certain succès ce n'est sans doute pas un hasard. Pour comprendre il faut remonter dans les années 90. A cette époque l'éditeur White Wolf sort le jeu de rôle Vampire. La principale conséquence de la sortie de Vampire et du lancement de la gamme du monde des ténèbres à d'ailleurs été la féminisation du marché du jeu de rôle. Suite au succès de cette gamme d'autres jeux vont explorer la voie de la fantasy urbaine ( Witchcraft, Everlasting, Nightbane pour ne citer que les plus connus ). 
Dans le même temps le vampire a eu son heure de gloire dans les comics grâce à Marvel qui a lancé toute une série de comics liés aux créatures de la nuit ( Morbius the Vampire et Midhight sons ). Mais l'exploitation de la fantasy urbaine ne s'est pas limité à nos suceurs de sang préférés. Ainsi l'éditeur Top Cow s'est particulièrement illustré dans ce type de récit. Ses titres les plus connus ont été Witchblade et Darkness mais ils ont aussi lancé d'autres séries comme Spirit of Tao, Ascension ou encore la mini série Arcanum. Signalons également un comic indépendant qui a eu un certain succès Aria ( traduit chez nous sous le titre de Magic of Aria ) qui développait une société féérique infiltrée chez les humains. 
L'apothéose de la fantasy urbaine est arrivée à la fin de la période avec la série Buffy. Donc comme on le voit les jeunes américains ( et aussi les jeunes américaines ) ont été bercés par la fantasy urbaine durant toutes les années 70. Même les cartoons ont répondu présent avec Gargoyles. 
Dans le même temps la fantasy urbaines donnait quelques séries littéraires avec des auteur comme Laurel K Hamilton ou Tanya Huff. Il y a eu une vraie demande pour ce type de récit. A coté d'auteurs ambitieux comme John Butcher on a vu fleurir des romans d'exploitation. C'est un peu la règle quand apparaît un nouveau style de récit. Si au départ ce développement s'est fait au détriment du fantastique horrifique, au milieu des années 2000 il a commencé à prendre de l'espace éditorial sur la SF et la fantasy classique. La forte féminisation du lectorat justifie cette stratégie éditoriale.
Parallèlement le vampire est devenu une icône dotée d'un fort potentiel narratif qui a été utilisé par d'autres genres littéraires et notamment la romance. Le vampire est considéré comme une figure passionnelle et érotique depuis le 19éme siècle. Les éditeurs de romance ont décidé de profiter de la vogue de la fantasy urbaine pour créer une nouvelle forme de romance : la paranormal romance. Et cette paranormal romance est devenu un point d'entrée dans les littératures de l'imaginaire pour de nombreuses lectrices. La bit lit constituerait donc une littérature de transition vers d'autres formes de fantasy. Mais je suis tout de même dubitatif sur cette stratégie éditoriale.

lundi 6 août 2012

In memoriam Roland C Wagner

Roland C Wagner nous a quitté hier soir victime d'un accident de la route. Roland était un être rare. Je ne l'avait rencontré longuement qu'à deux reprises mais j'avais pu apprécier sa prose. Roland était l'un des rares auteurs français de sa génération à avoir une vision optimiste du monde. Bien sûr il était critique sur notre société comme il se doit à auteur de SF. Mais il avait choisi de regarder la coupe à moitié pleine plutôt que la coupe à moitié vide. Rien pour ça c'était une voix originale qui s'est éteinte.
Roland était aussi l'un des meilleurs historiens de la SF française. Et là aussi, il avait une vision de l'histoire du genre qui était volontiers iconoclaste qui va nous manquer.
C'était en plus un homme charmant accessible qui aimait discuter avec ses lecteurs.

Roland tu va manquer. Tu étais un grand bonhomme.
Cet hommage paraît bien prosaïque par rapport à cet immense perte mais les mots me manquent.

lundi 23 juillet 2012

Imaginaire et mythologie

Et si la mythologie était l'avenir des littératures de l'imaginaire ? Cette proposition peut paraître présomptueuse. Mais il y a quelques semaines se tenait à Paris un colloque sur les relations entre la culture antique et la fantasy et la SF. Il en ressortait que selon une intervenante les auteurs de SF et de fantasy d'aujourd'hui n'avait pas d'autre démarche que celle des auteurs antiques. Et l'on sait très bien que Pierre Bordage revendique très haut la mythologie comme sa principale source d'inspiration. Anthony Boulanger construit un univers de SF centré sur une cosmogonie étrange où " tout est oiseau". Nathalie Dau va publier prochainement un roman de fantasy situé dans un univers qu'elle construit patiemment depuis des années et elle se réclame justement de l'influence mythologique. Aux USA la présence de la mythologie est très présente dans les nouvelles de Yoon Ha Lee par exemple.
Ce retours vers des sources mythologiques n'est pas fortuit. Déjà en inscrivant les littératures de l'imaginaire dans la filiation des mythes du passé, il contribue à démontrer que ce sont des littératures aussi légitime que d'autres. Et donc c'est déjà beaucoup. C'est à mon avis cet aspect là de nos littérature de prédilection que nous devrions mettre en avant au lieu de faire des complexes d'infériorité vis à vis de la Blanche. Nous n'en avons pas besoin puisque si nous construisons de nouvelles mythologie nous sommes légitime.

dimanche 17 juin 2012

Continuité

La SF française semble être dans le même continuum depuis environ 1990. Les auteurs qui ont débuté à cette époque sont toujours là et des nouveaux arrivent régulièrement. Et je ne crois pas qu'une rupture soit prête à arriver. En contrepartie les années 70 et 80 furent assez instables. Les 70"s étaient bien partie mais l'élan s'est cassé dans les années 80. Richard Comballot faisait d'ailleurs que bien peu des auteurs prometteurs des années 70 avaient transformé l'essai. Il y a eu une déperdition dans le fandom à cette époque c'est certain.
Maintenant la situation des genres de l'imaginaire semble être assez stable. La contrepartie à payer est un lectorat plus faible. Mais on peut toujours penser que de ce côté là les choses vont changer.

vendredi 1 juin 2012

L'apport du jeu de rôle aux littératures de l'imaginaire

Alors que le jeu de rôle est à nouveau attaqué, penchons nous sur ce qu'il a apporté à notre culture.
Dans les années 90 la science fiction ne fonctionnait plus guère. Les ventes baissaient, il y avait de moins en moins de fans. Mais le renouvellement existait et curieusement la majorité de ces jeunes amateurs arrivaient à la science fiction et à la fantasy par le jeu de rôle.
Sans le jeu de rôle des éditeurs comme Mnémos ou Bragelonne n'existeraient pas. Sans le jeu de rôle, Pierre Bordage n'aurait pas eu le succès qu'il a et qu'il mérite ( sa série " Les Guerriers du silence " a bénéficié d'un fabuleux bouche à oreille dans le milieu rôliste ). Une revue comme Bifrost n'aurait jamais vu le jour. Bon nombre d'auteurs qui ont débuté dans les années 90 et plus encore dans les années 2000 reconnaissent ce qu'ils doivent au jeu de rôle. Il est clair que sans le jeu de rôle le paysage éditorial de l'imaginaire serait beaucoup plus pauvre aujourd'hui.
Le jeu de rôle a également influencé le secteur de la bande dessinée puisque de nombreux scénaristes sont également des rôlistes ou au moins d'anciens rôlistes.
Quand on sait que les lecteurs de fantasy et de science fiction sont parmi les plus gros lecteurs on peut aussi imaginer que les chiffres de la lecture - qui pourtant ne sont pas bons en France - seraient bien plus mauvais qu'ils ne le sont aujourd'hui.

samedi 19 mai 2012

Média et littérature

Quand on regarde en arrière on se rend compte que les années 70 furent une période faste pour les littératures de l'imaginaire. Mais cette époque fut aussi l'âge d'or du cinéma de science fiction avec entre autres quelques films cultes ( Star Wars, Blade Runner, 2001 ) au coté de production moins capés ( Soleil Vert, l'Âge de Cristal...) et des nanars. Cette période fut en France celle où la bande dessinée de science fiction s'est développée avec notamment Metal Hurlant dont j'ai parlé récemment. Est ce un hasard que la littérature se soit développée dans cette période, ou l'intérêt pour la littérature de l'imaginaire a - t - il été entraîné par les autres média ?
Dans les années 80 les dessins animés de science fiction aussi bien Japonais qu'Américains fleurissent sur le petit écran. La fin de la période voit une nouvelle génération découvrir la science fiction. En même temps on assiste au développement d'un nouveau loisir le jeu de rôle dont la fantasy était un des principal thème. Or c'est aussi à la fin de cette décennie que l'on a vu la fantasy commencer à intéresser le public. Là aussi on est en droit de se demander si ce n'est pas les autres média qui ont attirés le public vers la SF et la fantasy.
Dans les années 2000 si le début de la période a vu la nouvelle trilogie Star Wars et quelques séries, la deuxième moitié a été plutôt pauvre. Le cinéma s'est surtout intéressé à la fantasy. La SF cinématographique a été assez peu présente si l'on excepte quelques films comme Avatar, District 9 ou Inception tous sortis à l'extrême fin de la décennie en question ( 2009 - 2010 ). Certes le jeu vidéo s'est mis à exploiter un peu plus les genres de l'imaginaire. Mais il faudra attendre quelques années pour voir si tout cela aura un impact car il y a toujours un décalage entre l'engouement pour la Sf médiatique et une période faste pour la SF littéraire. Ou alors si les éditeurs ont décidé de ne pas écouter le public et ont décidé de n'obéir qu'au diktat des supermarchés.

vendredi 4 mai 2012

Les espoirs de l'imaginaire : Philippe Goaz

1- Peux tu te présenter en quelques mots ?
 Je m'appelle Philippe Goaz, 49 ans,marié, père de 3 enfants
.J'habite en région parisienne à Champigny sur marne.Je suis fou de BD, et de musique, le jazz notamment.

 2- Comment es-tu arrivé à l'écriture ?
 Je suis tout d'abord un gros lecteur d'imaginaire en tout genre. Tout ça depuis qu'un jour, à 17 ans quelqu'un m'a mis entre les mains Le Seigneur des Anneaux. Ce fut une claque monumentale. Longtemps rôliste, pour moi puis, par la suite, pour mes enfants, j'avais écrit quelques scénarios pour mon usage personnel et pour amuser les gosses. Un jour j'ai eu envie de passer le cap et de raconter la vie d'aventuriers mais dans un style assez délirant.je me suis lancé en 2005, sur mon blog, dans l'écriture des aventures de Zordar, un guerrier un peu barjot. Je m'y suis consacré 4 ans et , par la suite, j'ai décidé de répondre à quelques AT, la plupart du temps dans des textes de fantasy humoristiques.

 3- Tu écris beaucoup de fantasy humoristique.As tu pour intention de devenir le Pratchett français ? Houlà ! Ce serait bien prétentieux tellement Pratchett est un géant de la fantasy. A mon modeste niveau j'essaie de faire rire sans tomber dans le graveleux. Ce qui n'est pas toujours évident. Mais , le fait que j'ai été publié quelques fois dans des fanzines (AOC) ou des webzines (Les Mots Rêveurs, Outremonde) m'encourage à persévérer. Dans le domaine de la fantasy humoristique je conseille d'ailleurs vivement la lecture de la trilogie Alamander d'Alexis Flamand.

 4- Quels sont tes projets littéraires ?
 J'ai quelques nouvelles pratiquement terminées mais pas de roman, trop de boulot ! Je ne désespère pas d'être publié un jour dans une anthologie papier. Et puis, je caresse l'espoir, un jour, de publier les aventures complètes de Zordar, le guerrier impulsif ...

Les espoirs de l'imaginaire : Meddy Ligner

1- Peux - tu te présenter en quelques mots ?
 Je m'appelle Meddy Ligner, j'ai 37 ans, je vis à Poitiers avec ma femme et mes deux enfants. J'enseigne l'histoire-géographie et le français en lycée (professionnel et général). Je suis un fan de sport, notamment de rugby et de baseball (que je pratique en club). J'adore voyager, lire, écouter de la bonne musique...comme tout le monde, en somme...
  2 - Comment es tu venu à l'écriture ? 
L'imaginaire (SF, fantastique...) m'a toujours fasciné. Petit, je téléphonais à l'émission "La Une est à vous" où on pouvait choisir son programme : moi, je votais toujours pour la Quatrième Dimension ! Je dévorais les films liés à ce genre...et je suis venu naturellement à l'écriture qui laisse une grande liberté et qui peut se faire seul, sans dépendre de personne...
  3 - Tu as vu plusieurs de tes nouvelles traduites en anglais alors que tu écris depuis peu. Comment est ce arrivé ?
 J'écris depuis 1999 mais mes premières publications dates de 2006. J'ai toujours été attiré par l'étranger (j'y ai vécu et travaillé : en Russie, Chine et Finlande). C'était donc normal pour moi de chercher à exporter mon travail. Je bosse mon anglais et multiplie les contacts. Ca m'a permis d'être traduit en anglais mais aussi en polonais et en finnois !
  4 - Tu as en projet un roman de fantasy historique. Peux tu nous en parler ? Il s'agit d'une saga d'aventure qui se déroule dans un monde uchroique où les Mongols dominent l'Eurasie. Dans cet univers, les chamans et les gitans peuvent prédire l'avenir. Nous suivrons les traces de deux religieuses dans une quête très spéciale...
  5 - Quels sont tes autres projets littéraires ? J'ai deux projets d'albums pour enfants avec des illustrateurs. Je travaille aussi sur un ouvrage journalistique en relation avec le sport.

mardi 17 avril 2012

Les espoirs de l'imaginaire : Romain Dhuissier

> 1- Peux tu te présenter en quelques mots ?

Je m'appelle Romain d'Huissier, je suis un auteur issu du milieu du jeu de rôle où j'ai laissé mon empreinte sur quelques gammes (Qin, Devâstra, Luchadores, la Brigade chimérique). Depuis peu, je m'essaie à l'édition plus littéraire en répondant à divers appels à textes et en proposant des romans aux éditeurs.

2 - Tu viens du jeu de rôle. Qu'est ce qui t'a donné envie de passer à
la littérature ?


En fait, ça a toujours été mon envie - depuis que je suis tout gosse, je me rêve écrivain.
J'ai eu l'opportunité d'écrire dans le milieu du jeu de rôle et du coup, je pense m'être un peu laissé "enfermer" dedans. C'était confortable, j'avais toujours un projet ou un autre et du coup, j'ai mis en sommeil mes autres ambitions - sans doute aussi par peur de recommencer à zéro dans un nouveau domaine. Attention, je ne regrette rien et j'espère continuer à garder un pied dans le jeu de rôle - loisir que j'adore ! Mais maintenant que je pense avoir l'expérience et la confiance nécessaire, je tente l'écriture romanesque et on va bien voir ce que ça donnera.

3 - Tu as dirigé une anthologie consacré aux super héros et tu vas
sous peu publier un roman sur le même thème. Tu as collaboré à la
rédaction de plusieurs JDR sur le sujet. Qu'est ce qui t'attire dans
les surhommes justiciers ?


J'ai grandi avec, tout simplement.
Ma première lecture fut le Special Strange mettant en scène la mort du Phénix noir : ça marque un enfant ! Il y a toujours eu des Strange, des Nova et des Titan chez moi et là où beaucoup ont grandi avec le Seigneur des Anneaux ou les Livres dont vous êtes le héros, moi c'était les exploits des super-héros qui ont bercé mon adolescence. Une passion que je n'ai jamais reniée !

4 -En bon amateur de comics, le scénario de BD t'attire t- il ?

Oh oui, c'est aussi un rêve.
Pas forcément de la BD de super-héros - même si la voie ouverte par Serge Lehman avec la Brigade chimérique et Masqué donne de l'espoir dans ce genre -, mais j'aimerai un jour m'essayer à cet exercice. Cela dit, il paraît que le marché de la BD est encore plus engorgé que celui de l'édition littéraire donc je ne me berce pas trop d'illusions. Mais si j'ai l'opportunité un jour...

5 Tu va aussi publier une série de fascicules de fantasy historique sur
la chevalerie chinoise au Carnoplaste. Peux tu nous présenter ce
projet ?


Alors ce n'est pas réellement de la fantasy, mais tout simplement un hommage à la littérature de chevalerie chinoise. Si certes la magie peut y avoir sa place et que les exploits des héros y sont plus grands que nature, c'est plus de la mythologie populaire que de la fantasy strico sensu.
Pour en revenir à ces fascicules, il s'agit des Chroniques du Jiang hu : une série de récits prenant place dans la Chine du monde des arts martiaux - à la manière des films de la Shaw Bros par exemple. Le premier sort en avril / mai et a pour titre la Rédemption du Phénix : c'est une histoire purement dans l'esprit des romans classiques chinois, avec force combats, techniques secrètes et tragédies déchirantes.

6 Quels sont tes autres projets littéraires ?

Dans l'immédiat, j'espère voir un bon accueil pour la Rédemption du Phénix et mon roman de super-héros chez Rivière blanche (qui se nomme Hexagon : Matière noire). J'ai également une nouvelle qui va faire partie du recueil U-Chroniques, édité par l'association ImaJn'ère à l'occasion de leur salon en juin. Je compte continuer à écrire quelques Chroniques du Jiang hu si le lectorat et l'éditeur suivent et il n'est pas impossible que Rivière blanche soit preneur de la suite des aventures de mes super-héros !
Sinon, j'ai tracé le plan d'un roman de fantasy hindouisante. Sans doute mon prochain gros projet.

lundi 16 avril 2012

Les héritiers de Métal Hurlant

J'ai déjà eu l'occasion ici même d'évoquer Métal Hurlant, cette revue qui avait vraiment ancré l'imaginaire en France. L'esprit de Métal Hurlant ce n'était pas seulement le sexe, la violence et les psychotropes, ce que malheureusement beaucoup de gens ont retenu. Il y avait aussi autre chose. Un état d'esprit qui arrivait à concilier réalisme politique et imaginaire débridé, contestation et humanisme, violence et poésie, mysticisme et rationalité... C'est aussi les premiers à avoir considéré la SF et la fantasy en tant que subculture. Pour eux BD, littérature et cinéma formait un même continuum auquel on rajoutait même le rock'n roll. Bref on était dans une culture du ET qui tournait le dos à une culture du OU exclusif.
Très tôt Métal a eu des héritiers dans la littérature de science fiction française. Dans les années 80 ce furent Jean Marc Ligny, Richard Canal, Roland C Wagner et même étonnamment Jean Claude Dunyach ( que l'on pense à la poésie baroque du Jeu des Sabliers ou à la démesure du cycle des Animaux Villes). Dans les années 90 ce furent pour des raisons différentes Ayerdahl ( qui a concilié le réalisme politique et les formes les plus populaires de la SF) et Pierre Bordage ( et son humanisme mystique). Mais on le trouve aussi chez certains auteurs de fantasy ( Mathieu Gaborit et Nicolas Cluzeau sont les premiers noms qui viennent à l'esprit). On aurait pu croire que les années 2000 allait s'éloigner de cet esprit là. Si ça a été le cas pendant la majorité de la période où les acteurs du fandom essayaient de se concilier les grâces du postmodernisme, il faut bien reconnaître que l'on trouve un peu de ça chez certains auteurs jeunes ou moins jeunes de la génération montante. Au premier rang desquels se trouve Anthony Boulanger chez lequel on sent la volonté de concilier des valeurs qui ne sont pas forcément faîtes pour se rencontrer. Je pense qu'Anthony a tout pour s'ériger en leader éditorial de cette nouvelle génération d'auteurs. D'autant qu'il a un atout non négligeable : la jeunesse.

samedi 17 mars 2012

Pour une reconnaissance de la culture de l'imaginaire

Dans les années 80, le ministère de la culture aidé par les collectivités développait un réseau d'espaces ressources pour rapprocher le grand public de l'art contemporain. Ce réseau s'est développé depuis et comprend de nombreuses structures ( centre d'art, FRAC, musée....). Pourquoi ne pourrait on pas créer des espaces ressources pour promouvoir la culture de l'imaginaire. Des lieux où l'imaginaire serait présent sur tous les supports. Où l'on organiserait des expositions, des projections, des ateliers d'écriture, des lectures... Où l'on profiterait de certaines manifestations culturelles locales pour bâtir des collaborations. Où l'on pourrait accueillir des classes et proposer des animations pour enfants... J'en passe et des meilleures...
Si j'évoquait l'art contemporain plus haut, c'est que le problème de la sensibilisation à la culture de l'imaginaire a un point commun avec justement la valorisation de l'art contemporain : dans les deux cas il y a un code à s'approprier. Et pour banaliser une forme de culture importante de notre temps, l'on a besoin qu'un majorité d'individus s'approprient le code. D'où le développement de lieux ressources qui permettront d'éduquer à cette culture.

mardi 21 février 2012

Hollywood et la SF

Non, je ne vais pas parler ici du cinéma de science fiction ou même du cinéma de l'imaginaire en général, mais bien de l'influence que peut avoir Hollywood sur le monde de l'édition de l'imaginaire. Aujourd'hui la forme hollywoodienne du récit c'est le thriller. Ce qui explique que la SF américaine propose plutôt des technothrillers, des dystopies, des thrillers du futur proche. La même cause explique sans doute aussi la montée de la fantasy urbaine en fantasy. Le public américains a l'habitude du thriller, c'est pour lui une forme familière. Le thriller peut intéresser le grand public, y compris celui qui n'a aucun pied dans la subculture de l'imaginaire.
Des années 50 aux années 70, le langage hollywoodien c'était plutôt l'aventure. Ce qui explique que l'on ait eu Star Wars, Mad Max, et en fantasy des films comme Willow, Dark Crystal ou Krull. C'est aussi la prédominance de cette forme aventure qui va influencer les séries spatiales américaines jusqu'à la fin des années 90. Le thriller commence à devenir le langage hollywoodien à la fin des années 80, je dirais où l'on commence à voir apparaître des adaptations des romans de Michael Crichton. Ca explique le changement de langage des littératures de l'imaginaire. Le thriller étant la forme populaire du récit. Cela explique pourquoi l'on publie moins de space opera ou de planet opera aux USA aujourd'hui par exemple.

lundi 6 février 2012

Les licences, la SF populaire et le reste

J'aurais très bien pu répondre à Florent dans les commentaires. Mais ses remarques valent qu'on s'y attache.
- Oui, je persiste et signe les oeuvres à licence posent problème. Tout d'abord la plupart du public de Star Wars ou de WH 40K font parti d'un public captif. Si les amateurs de tels univers sont véritablement un public potentiel il faut dialoguer avec eux et publier des oeuvre susceptibles de leur plaire. Pour moi les licences c'est un appauvrissement du genre. Et pour dire à des gens qui aiment l'univers WH 40K juste parce qu'ils en aiment l'ambiance que le Neuvième Cercle de Jean Christophe Chaumette ça risque d'être aussi leur came, il faut un bon libraire. Les licences ont carrément tué la SF d'exploitation. Surtout Star Wars. Aux USA on ose plus trop sortir de grand space opera populaire à souffle épique. Les seules oeuvres de SF populaire sont des romans de SF militaristes pas très intéressants à mon avis. Il y en a plus chez les Anglais. J'ai vu sur un forum américain des participants dire qu'ils trouvaient dans les romans Star WArs ce qu'il ne trouvait plus dans certains romans originaux : une SF populaire épique et divertissante un peu fun. Bref les licences ont finalement fait plus de mal que de bien.
- La SF d'exploitation. Je suis d'accord avec Florent au niveau des traductions. Il n'y a aucun intérêt à traduire des oeuvres d'exploitation ( ou si on le fait ça a intérêt à quand même être un dessus du panier). Il fut un temps où la SF d'exploitation en France était la chasse gardée de Fleuve Noir Anticipation. Il faut bien reconnaître qu'il n'y avait guère plus d'un tiers de bonnes choses, un tiers de moyen et un tiers de carrément mauvais. Le problème de cette collection c'est que jusqu'à l'arrivée de Nicole Hibert en 1988 on s'est guère occupé de travail éditorial. Et ça, s'en ressentait. L'autre problème c'était le formatage et les sacro saintes 180 pages. FNA ne publiait que des auteurs français. On ne traduisait que très peu d'auteurs anglosaxons d'exploitation ( J'ai lu le faisait un peu, et la collection Galaxie Bis de Opta aussi mais c'était le top du top de la SF d'exploitation). Les éditeurs ont eu un peu moins de scrupule pour la fantasy et c'est bien dommage. Quand on voit la médiocrité qu'est Goodkind on se dit qu'un peu de scrupules n'aurait pas fait de mal et que publier de la fantasy française d'exploitation à la place aurait sans doute été un moindre mal.

vendredi 3 février 2012

Qui veut la peau de l'univers ?

La Sf est de la littérature d'univers. Et la décennie 80 a sans doute été la décennie du livre univers. En ne tenant compte que de ce qui a été traduit chez nous on a eu Radix de Attanasio, Le chant de la Terre de Coney, Inexistence de Zindell, Heliconia de Aldiss et on a terminé en beauté avec Hyperion de Dan Simmons. Et il faut ajouter les oeuvres anglo saxonnes non traduites ( Paul Di Filipo signale ainsi une trilogie de Paul Park, Starbridge Chronicles ).
Les années 2000 ont curieusement été riches en livre univers également. J'ai réussi à identifier Confluence de MacCauley, Nulapeiron de Meaney, The last green tree de Grimsley, Candesce de Schroeder et l'entier et la rose de Kay Kenyon. Cette dernière oeuvre est curieusement la seule à faire l'objet d'une traduction.
C'est les années 90 qui ont été les moins riches en ce type d'oeuvre chez les anglosaxons. Je n'ai repéré dans cette décennie que l'Aube de la Nuit de Peter F Hamilton. J'ai pu rater des choses, on est bien d'accord. Mais il me semble que c'était un peu creux. Par contre cette décennie a donné deux oeuvres univers françaises : à savoir les Guerriers du silence de Pierre Bordage et Omale de Laurent Genefort.
Et puis plus rien dans les années 2000. Au moins nos années 80 hexagonales auront donné Noo de Stefan Wul et la Compagnie des Glaces de GJ Arnaud. Mais ces années 2000 sont silencieuses que ce soit en traduction qu'en oeuvre francophone. Serait - ce à cause de cette conception de la SF en tant que littérature d'idée qui fait que l'on veuille tourner le dos à la SF en tant que littérature d'univers ? J'ai la faiblesse de le penser.

jeudi 2 février 2012

La crise de la SF, suite

La SF est en crise, on arrête pas de la dire. Comment une littérature qui faisaient d'excellentes ventes dans les années 70, a - t - elle baissé à ce point depuis les années 80.
Déjà la stratégie adopté par les éditeurs en France a été celle de la légitimation. Il fallait s'élargir aux lecteurs de blanche. Cela a commencé dans les années 80 chez Denoël avec le groupe Limite. Et cela ressort régulièrement. On a curieusement pas vu que la Sf était une subculture et on a absolument pas compris que ceux qui s'intéressaient aux autres média en SF étaient des lecteurs potentiels plus facilement atteignables.
D'autre part il y a aussi la définition de la SF que donne le noyau dur du fandom : la sf est une littérature d'idée. On entretient savamment le flou autour de cette notion d'idée : concept ou idéologie. Mais l'on finit par comprendre que la Sf est pour ces gens là une littérature de réflexion politique sur notre monde. Je conteste cette définition. La SF est aussi une littérature d'univers et c'est sans doute ce que cherche une grande majorité de lecteurs.
Dans l'enquête d'Actusf auprès des libraires il ressortait que plusieurs d'entre eux faisaient état des plaintes des lecteurs concernant le faible nombre de space opera dans les rayons. Plus que des romans de hard science ou des dystopie c'est là un coeur de la SF grand public que les lecteurs veulent lire.
Il me semble que ce sont là les raisons du déclin de la SF en France. Aux USA le déclin est plus récent et est lié à la part grandissante des romans à licence au premier rang desquels les romans Star Wars. Ces romans à licence prennent la place des romans de SF d'exploitation et ainsi contribuent à appauvrir le genre.

vendredi 27 janvier 2012

Le marché de l'imaginaire

Le public des littératures de l'imaginaire n'est pas homogène et se compose de plusieurs strates :
- Le coeur de cible : le fandom (autour de 1000 personnes). Les gens actif du milieu, ceux qui organisent des convention, qui se bouge pour faire vivre le genre à leur manière, les auteurs, les fanéditeur.... Bref des lecteurs actifs
- Ensuite un vivier de lecteurs connaisseurs qui sont en retrait par rapport au fandom.
- Les lecteurs réguliers. Leur nombre a augmenté grâce à l'action d'éditeurs comme Bragelonne.
- Les lecteurs occasionnels qui n'achètent au maximum que deux ou trois titres par an. Bien souvent des best sellers du genre comme Terry Goodkind ou GRR Martin.
- En marge les publics captifs qui lisent le plus souvent des romans dérivés d'oeuvres médiatiques : Star Wars, Waarhammer, Warhammer 40000, Royaumes Oubliés ou des oeuvres issues de certains jeux vidéos. Dans un autre ordre d'idée il semble qu'une partie du public de la bit lit soit aussi un public captif qui se détache progressivement du lectorat générale de la fantasy. Phénomène assez accentué en France.

On peut sans doute évaluer le lectorat le plus fidèle ( en gros les trois première catégorie) à entre 5000 et 10000 lecteurs. Il est clair qu'un développement du fandom est indispensable à une croissance du lectorat et que la stratégie de légitimation de certains éditeurs est vouée à l'échec. Se rapprocher d'autres fandoms ( celui des mangas ou des jeux vidéos par exemple) semble un moyen d'arriver. Certain petits éditeurs participent d'ailleurs aux rares conventions geeks organisée dans l'hexagone. C'est déjà un début. S'adresser aux publics captifs et les faire sortir de leur bulle pour les mener vers d'autres oeuvres est un autre moyen. Le premier effet sera de booster le lectorat régulier et c'est dans ce vivier du lectorat régulier que se détacheront les futurs figures de proue du fandom.

mercredi 11 janvier 2012

Les espoirs de l'imaginaire : Didier Reboussin

Place à Didier Reboussin, vivant exemple de la diversité de cette génération montante de nouvellistes talentueux que nous avons en France. Si jusque là j'ai plutôt interrogé des auteurs vraiment jeune, cette fois ci nous avons un fringant quinquagénaire toujours jeune. Je crois bien que c'est la première interview d'un auteur plus âgé que moi. (:-)

1 Peux tu te présenter ? Comment es - tu venu à l'écriture ?
Je suis venu tout gamin à la SF au milieu des années 60, plus exactement en 1967 en tombant sur des ouvrages de la défunte collection « Anticipation ». Mon premier titre c’était « L’étrange planète Orga » de B.R. Bruss et cela a été un gros coup de coeur. Donc je suis devenu – et resté - « fleuve noiresque » jusqu’au bout des ongles. Je me suis contenté uniquement d’en lire pendant quelques années, puis j’ai découvert les revues Fiction et Galaxie. « La Mandragore » y faisait de la pub et c’est comme ça que j’ai su qu’il y avait des librairies spécialisées dans la SF à Paris. Elle était située dans le quartier latin, et de fil en aiguille j’ai su que la SF ne se limitait pas au Fleuve Noir. J’ai claqué mon argent de poche dans l’achat de vieux Fleuve bien sûr, mais aussi de Rayon Fantastique, CLA et même de pulps américains. C’est grâce à « La Mandragore » que j’ai lu Wul, Brackett, Carsac , Henneberg , Vance – Le Temple du Passé, l’Orphelin de Perdide, La Vermine du Lion, La Rosée du Soleil, La Porte vers l’Infini, Tschaï, rien que des vrais moments d’extases, des temps forts dans ma vie. Tu te rends compte qu’un Wul était déjà vendu 15 F de l’époque, une fortune, 3 semaines d’économies pour moi !
Puis un jour j’ai répondu à une petite annonce dans Fiction, passée par un groupe d’amateurs qui voulait créer un fanzine, et cela a été l’aventure Nadir, qui ne dura que deux numéros. Donc je suis venu à l’écriture via le fanzinat. C’était en 1973. A ce moment-là, la bataille « new wave » battait son plein dans le petit monde de la SF française, et pour complaire à mes potes qui étaient plutôt de cette tendance, j’écrivis un texte qui, pensais-je alors, en relèverait. Je crois que ce fut ma première plongée dans l’écriture. J P Andrevon avec qui je correspondais – et ses lettres portaient des slogans anti-nucléaires sur Mururoa, c’était au temps de Fournier – qui m’avait donné un texte pour ce fanzine m’avait encouragé, à sa lecture, à écrire. Mme Lunathyque a d’ailleurs repris ce premier texte dans sa web-anthologie sur les contes de Noël l’année dernière. Jean Pierre, j’en profite pour le dire, est un type super qui n’a jamais renâclé à aider un fanzine. C’est un écrivain de talent et j’ai une vraie admiration pour lui.
J’en viens à parler de lui car au-delà de l’écriture, ce fanzine m’a permis d’entrer de plein pied dans le monde de la SF, de rencontrer des auteurs à fin d’interviews. C’est ainsi que j’ai connu Pierre Barbet – un type d’une gentillesse infinie – Jacqueline Osterrach ou Maurice Limat. Et de fil en aiguille, j’ai participé aux conventions d’alors et grenouillé dans le monde du fandom, y compris belge, avec Claude Dumont. D’ailleurs les belges organisaient une super convention, Sfancon, qui se tenait à Gand et au cours de laquelle on pouvait lier connaissance avec des gens comme Christine Renard et Claude Cheinisse, Kenneth Bulmer, Brian Aldiss... C’est aussi au cours de ces conventions que j’ai rencontré Richard Nolane et Charles Moreau, des vieux de la vieille, des types vraiment supers. Voilà, c’est ainsi que la pompe s’est amorcée. Bon, je crois bien que j’ai répondu aux deux premières questions d’un coup.

2 - Ta nouvelle "l'arbre aux lunes" a un univers véritablement immense. As - tu prévu d'y situer un de tes prochains textes ?
L’arbre aux Lunes ? C’est un texte qui, à l’origine, devait paraître dans Horizons du Fantastique. Sa genèse remonte à presque quarante ans, mais je l’ai évidemment largement remanié depuis. Je crois que c’est sous l’influence du « Monde Vert » de Brian Aldiss que m’est venue l’idée de ce système planétaire parasité par un arbre géant. Situer d’autres histoires dans cet univers ? Je pense qu’il y a matière en effet à donner vie à toute une zoologie, je vais y réfléchir.

3- Tu ne caches pas ton admiration pour Nathalie Henneberg. En quoi as - t - elle influencé ton écriture ?
Mon admiration pour Nathalie Henneberg et ce qu’elle m’a apporté ? J’aurai tendance à la paraphraser et à répondre : tout. Elle m’a inculqué des règles de base, telles que la nécessité de savoir de quoi on parle, de construire une histoire qui ait du sens, un début, un développement et une fin et par-dessus tout, de respecter le lecteur. Lorsque l’on écrit et que l’on souhaite que ses divagations sortent du cercle privé, il est fondamental de prendre en compte le lecteur. Bien sûr, ensuite c’est affaire de goût, celui-ci aime ou non vos histoires, mais écrire des pathos incompréhensibles, c’est vraiment se foutre de sa gueule. Sur le plan littéraire Nathalie Henneberg a été la rencontre de ma vie. C’était littéralement un personnage de roman, dans le sens où elle a eu une existence incroyable, qu’elle a fini ses jours presque dans la misère, qu’elle a donné de purs joyaux à la SF et au fantastique. L’évocation de Nathalie Henneberg me renvoie à mes vingt ans, c’est dire ce que cela représente pour moi.

4- Quels sont tes principaux projets littéraires ?
Mes projets ? J’ai terminé avec Cyril Carau le roman inachevé de Nathalie Henneberg, « Hécate » qui va paraître chez Sombres Rets. Je dois dire que terminer le récit de quelqu’un d’autre est un exercice très difficile. Le lecteur justement appréciera ou non la conclusion que nous avons apporté Cyril et moi. Sinon, je veux « relooker » un autre roman inédit de Nathalie Henneberg, « Demain le ciel ». Ce sera le chantier de l’année 2012. A part cela J’ai quelques nouvelles à venir, d’autres en lecture. Je me consacre surtout à la critique ou à des articles pour le site Outremonde ou pour les revues Le Météore et Quinzinzinzili. Et puis j’ai pris du service chez Rivière Blanche comme correcteur. Voilà, je m’occupe en prévision de la retraite. En fait je suis un vieil espoir de l’imaginaire…

Les espoirs de l'imaginaire : Aurélie Wellenstein

1 Peux tu te présenter en quelques mots ?

J’ai 31 ans. Je vis avec une loutre, un berger allemand, mon cheval intérieur et de nombreuses autres personnalités.


2 Comment es tu venue à l'écriture ?

J’ai toujours aimé raconter des histoires, mais pendant longtemps j’ai hésité entre la BD et l’écriture. Les romans de Stephen King ont été une découverte déterminante pour moi. Déjà parce que son imagination est extraordinaire et qu’il est fin psychologue, mais aussi parce que son style est hyper-visuel. Vers 17 ans, j’ai alors décidé d’arrêter le dessin. J’ai écrit des pavés énormes, de plusieurs millions de signes, que je relisais à peine. La notion de deuxième jet m’était complètement étrangère à l’époque ! C’était une forme d’écriture cathartique, très violente. Sûrement ma crise d’adolescence, même si ça a duré des années ! Ce n’est qu’assez récemment que j’ai pu m’adoucir et proposer mes premiers textes – moins « à vif – à la publication. Ce qu’il m’est resté de toute cette période néanmoins, c’est le goût du pictural : j’essaie d’être le plus visuel possible dans ma narration.


3 Tu semble très à l'aise avec le thème de la réalité truquée. Philip K Dick est il une source d'inspiration importante pour toi ?

Les thèmes du rêve, de la fantasmagorie, et du « trip » m’attirent en effet. J’aime tout ce qui est halluciné et tordu. Mes nouvelles tendent instinctivement vers l’illusion ou les histoires de monstres, mais je m’efforce de m’assagir et de proposer des textes un peu moins perchés. En termes de lecture, de Dick, je n’ai lu que le Dieu venu du centaure. Finalement, je connais assez peu la SF ; je suis restée très « fantasy », à condition qu’elle sorte des clichés ! Avec des coups de cœur pour China Miéville ou Jérôme Noirez. Serge Brussolo a beaucoup compté pour moi aussi, ainsi que Stephen King.


4 Quels sont tes principaux projets littéraires ?

En 2012, je devrais publier plusieurs nouvelles en anthologie et en fanzines. Côté format « long », Equinox, mon roman de fantasy équestre, est en recherche d’éditeurs. Pour cette année, j’envisage de continuer à écrire des romans pour la jeunesse, toujours sur les chevaux, et de répondre aux appels à textes qui feront « tilt ».

dimanche 8 janvier 2012

Les espoirs de l'imaginaire : Julien Heylbroeck

1 - Peux tu présenter en quelques mots ?

Julien Heylbroeck, 31 ans, auteur débutant, qui aime écrire des
histoires dynamiques à base enrichie en fantastique.


2 - Tu as commencé par être auteur de jeux de rôles. Pourquoi passer
du jdr à l'écriture ?


Pour plusieurs raisons. En fait, j'ai un peu l'impression d'avoir fait
le tour de l'écriture de jeu de rôle. Attention, hein, je ne dis pas
que j'ai tout écrit, tout testé et que je suis blasé. Le JDR est un
domaine extrêmement riche et il serait prétentieux et totalement vain
de prétendre en avoir épuisé les filons.
Mais j'avais envie de partir à l'aventure en racontant des histoires
autrement. Non plus en les proposant à d'autres mais en m'en
saisissant pour jouer moi-même avec mes propres jouets. C'est un peu
par égoïsme en fait. J'ai fini par me dire: "mais ce scénario là,
j'aimerais bien le raconter moi, décider de qui fait quoi, de comment
ça se passe".


3- Tu as participé à la série d'anthologies "les compagnons de
l'ombre" avec une nouvelle dans l'univers du Nyctalope. Comptes tu
rééditer l'opération. autour de quels personnages populaires souhaites
tu travailler ?


Tout à fait. Je compte proposer à nouveau des textes pour cette série
d'anthologies. J'ai quelques personnages en vue comme Spiridon l'homme
fourmi, découvert lors de mes recherches pour l'Encyclopédie de la
Brigade Chimérique. Félifax, l'homme-tigre me tente aussi. Bref, il y
en a plein. Je n'ai pour l'instant pas trop réfléchi au pitch mais ce
qui est sûr, c'est qu'il y a de quoi faire !


4- D'où te vient ce don assez rare d'arriver à transformer des idées
assez délirantes en textes de fiction qui tiennent la route ?


Merci du compliment, avant toute chose.
En fait, ma recette est simple: le premier degré. Même un monde un peu
délirant avec des personnages improbables pourra éventuellement tenir
la route si l'auteur y croit dur comme fer. On perd des gens qui
n'arrivent pas à y croire mais on en conserve un bon paquet qui
décident de t'accorder le bénéfice du doute et là, potentiellement,
ils peuvent accrocher.
Pour l'univers de Green Tiburon, je me suis inspiré des films de
luchasploitation qui prennent leur sujet à bras-le-corps, sans s'en
distancer. Au pire, si vraiment l'univers ne permet pas de l'aborder
au premier degré, je tente l'approche à peine plus distante du 1,5
degré. C'est à dire rendre le lecteur complice tout en restant
extrêmement sérieux. Attention, le sérieux n'empêche pas de s'amuser !
Par sérieux, je veux dire : aborder son univers sans s'en moquer. Ce
qui n'exclut pas l'humour. Mais ce dernier nait des situations et non
des paradigmes de l'univers travaillé.


5 - Tu es l'auteur de Warsaw un jeu de rôle se déroulant dans un
univers uchronique où la première guerre mondiale n'a jamais cessé.
Est ce qu'écrire de la science fiction militaire t'attire ?

De la science-fiction militaire, pourquoi pas. J'ai beau ne pas
connaître grand chose aux différentes armées existantes ou
historiques, le principe de s'immerger dans un conflit et de faire
vivre et mourir les protagonistes est plutôt intéressant. Mais plus
que la science fiction militaire, c'est surtout la science fiction et
le fantastique dans des univers totalitaires qui m'attirent. Sans bien
sûr cautionner ces régimes (je précise, on ne sait jamais), ils sont
des cadres fascinants pour faire évoluer des récits et des
personnages.


6 - Quels sont tes principaux projets littéraires ?

L'année 2012 va être, je l'espère et je vais tout faire pour, très
riche pour moi: j'ai deux nouveaux fascicules qui vont sortir chez Le
Carnoplaste, sans compter le troisième volet de Green Tiburon, qui
sera lancé si les ventes du second suivent le premier volume. Mais
surtout, j'ai commencé l'écriture d'un premier roman. Intimidant mais
passionnant. L'intrigue se déroule durant les Grandes Purges en URSS,
durant la fin des années 30. J'ai aussi un projet de polar norvégien
et un roman dans l'univers du Desert Rock californien en cours
d'écriture aussi. Bref, je n'aurais assurément pas le temps de
m'ennuyer.

lundi 2 janvier 2012

Les espoirs de l'imaginaire : Blanche Saint Roch

C'est autour de Blanche Saint Roch de se prêter à l'exercice à l'occasion de la sortie de trois nouvelles publiées dans un hors série du webzine Mots et Légendes.

1- Peux tu te présenter en quelques mots ?

Je m'appelle Blanche et j'atteindrai le quart de siècle dans quelques mois. Je fais des études d'ingénieur en chimie, un peu de sport (mais pas trop) et la cuisine, avec une spécialisation en accommodation de restes et en sauces à base de crème.
J'aime les ratons-laveurs, le chocolat, le chant, les sorciers, les dragons, le fantastique de façon générale, mes parents et mes frères (mais pas dans cet ordre).


2- Comment es tu arrivée à l'écriture ?

J'ai lu un peu (beaucoup) de tout quand j'étais petite, du classique : des Trois Mousquetaires à Dune en passant par le Seigneur des Anneaux, au moins classique, avec toute la série du Club des Cinq, de Fantômette... Sans oublier Harry Potter bien sûr, dont j'avais l'âge au début de la saga !
Je me projetais toujours dans les histoires en imaginant ce que j'aurais fait à la place du héros, combien j'aurais été merveilleuse, intelligente, belle, amusante, héroïque, tout ça...
Et finalement, un jour, dans le métro qui m'emmenait au collège, j'ai pris mon crayon à papier et j'ai commencé à aligner des phrases dans un grand cahier, où mes propres héros se sont mis à vivre des aventures hors du commun. Depuis, j'adore voir mes personnages prendre vie sous mes doigts quand j'écris (et pas forcément comme je l'avais imaginé, certains semblent doués d'une vie propre...). Je trouve ça magique !


3- Pourquoi tes héroïnes s'appellent elles toutes Isadora ?

En réalité, seules les héroïnes de nouvelles destinées aux appels à texte s'appellent Isadora. A l'origine, c'était une petite contrainte en plus, un petit challenge personnel dans l'exercice de la nouvelle, en même temps qu'un hommage à une très grande danseuse, Isadora Duncan. Maintenant, je dois bien avouer que je me suis attachée à ma petite métamorphe et elle est devenue, en quelque sorte, ma signature et ma griffe dans les nouvelles.


4 - Peux tu nous parler de tes principaux projets littéraires ?

A demi-mots alors. J'ai écrit quelques romans fantastiques, une trilogie mi fantasy mi fantastique, et actuellement, j'écris le tome 3 d'une nouvelle saga (mais celle-là, je ne sais pas où elle s'arrêtera) dont j'évite de parler trop largement, sûrement par superstition (en espérant leur édition un jour).
Et bien entendu, je reprends ma plume pour les nouvelles dès qu'une nouvelle Isadora m'adresse un clin d'oeil du fin fond de mon imagination !