mardi 17 avril 2012

Les espoirs de l'imaginaire : Romain Dhuissier

> 1- Peux tu te présenter en quelques mots ?

Je m'appelle Romain d'Huissier, je suis un auteur issu du milieu du jeu de rôle où j'ai laissé mon empreinte sur quelques gammes (Qin, Devâstra, Luchadores, la Brigade chimérique). Depuis peu, je m'essaie à l'édition plus littéraire en répondant à divers appels à textes et en proposant des romans aux éditeurs.

2 - Tu viens du jeu de rôle. Qu'est ce qui t'a donné envie de passer à
la littérature ?


En fait, ça a toujours été mon envie - depuis que je suis tout gosse, je me rêve écrivain.
J'ai eu l'opportunité d'écrire dans le milieu du jeu de rôle et du coup, je pense m'être un peu laissé "enfermer" dedans. C'était confortable, j'avais toujours un projet ou un autre et du coup, j'ai mis en sommeil mes autres ambitions - sans doute aussi par peur de recommencer à zéro dans un nouveau domaine. Attention, je ne regrette rien et j'espère continuer à garder un pied dans le jeu de rôle - loisir que j'adore ! Mais maintenant que je pense avoir l'expérience et la confiance nécessaire, je tente l'écriture romanesque et on va bien voir ce que ça donnera.

3 - Tu as dirigé une anthologie consacré aux super héros et tu vas
sous peu publier un roman sur le même thème. Tu as collaboré à la
rédaction de plusieurs JDR sur le sujet. Qu'est ce qui t'attire dans
les surhommes justiciers ?


J'ai grandi avec, tout simplement.
Ma première lecture fut le Special Strange mettant en scène la mort du Phénix noir : ça marque un enfant ! Il y a toujours eu des Strange, des Nova et des Titan chez moi et là où beaucoup ont grandi avec le Seigneur des Anneaux ou les Livres dont vous êtes le héros, moi c'était les exploits des super-héros qui ont bercé mon adolescence. Une passion que je n'ai jamais reniée !

4 -En bon amateur de comics, le scénario de BD t'attire t- il ?

Oh oui, c'est aussi un rêve.
Pas forcément de la BD de super-héros - même si la voie ouverte par Serge Lehman avec la Brigade chimérique et Masqué donne de l'espoir dans ce genre -, mais j'aimerai un jour m'essayer à cet exercice. Cela dit, il paraît que le marché de la BD est encore plus engorgé que celui de l'édition littéraire donc je ne me berce pas trop d'illusions. Mais si j'ai l'opportunité un jour...

5 Tu va aussi publier une série de fascicules de fantasy historique sur
la chevalerie chinoise au Carnoplaste. Peux tu nous présenter ce
projet ?


Alors ce n'est pas réellement de la fantasy, mais tout simplement un hommage à la littérature de chevalerie chinoise. Si certes la magie peut y avoir sa place et que les exploits des héros y sont plus grands que nature, c'est plus de la mythologie populaire que de la fantasy strico sensu.
Pour en revenir à ces fascicules, il s'agit des Chroniques du Jiang hu : une série de récits prenant place dans la Chine du monde des arts martiaux - à la manière des films de la Shaw Bros par exemple. Le premier sort en avril / mai et a pour titre la Rédemption du Phénix : c'est une histoire purement dans l'esprit des romans classiques chinois, avec force combats, techniques secrètes et tragédies déchirantes.

6 Quels sont tes autres projets littéraires ?

Dans l'immédiat, j'espère voir un bon accueil pour la Rédemption du Phénix et mon roman de super-héros chez Rivière blanche (qui se nomme Hexagon : Matière noire). J'ai également une nouvelle qui va faire partie du recueil U-Chroniques, édité par l'association ImaJn'ère à l'occasion de leur salon en juin. Je compte continuer à écrire quelques Chroniques du Jiang hu si le lectorat et l'éditeur suivent et il n'est pas impossible que Rivière blanche soit preneur de la suite des aventures de mes super-héros !
Sinon, j'ai tracé le plan d'un roman de fantasy hindouisante. Sans doute mon prochain gros projet.

lundi 16 avril 2012

Les héritiers de Métal Hurlant

J'ai déjà eu l'occasion ici même d'évoquer Métal Hurlant, cette revue qui avait vraiment ancré l'imaginaire en France. L'esprit de Métal Hurlant ce n'était pas seulement le sexe, la violence et les psychotropes, ce que malheureusement beaucoup de gens ont retenu. Il y avait aussi autre chose. Un état d'esprit qui arrivait à concilier réalisme politique et imaginaire débridé, contestation et humanisme, violence et poésie, mysticisme et rationalité... C'est aussi les premiers à avoir considéré la SF et la fantasy en tant que subculture. Pour eux BD, littérature et cinéma formait un même continuum auquel on rajoutait même le rock'n roll. Bref on était dans une culture du ET qui tournait le dos à une culture du OU exclusif.
Très tôt Métal a eu des héritiers dans la littérature de science fiction française. Dans les années 80 ce furent Jean Marc Ligny, Richard Canal, Roland C Wagner et même étonnamment Jean Claude Dunyach ( que l'on pense à la poésie baroque du Jeu des Sabliers ou à la démesure du cycle des Animaux Villes). Dans les années 90 ce furent pour des raisons différentes Ayerdahl ( qui a concilié le réalisme politique et les formes les plus populaires de la SF) et Pierre Bordage ( et son humanisme mystique). Mais on le trouve aussi chez certains auteurs de fantasy ( Mathieu Gaborit et Nicolas Cluzeau sont les premiers noms qui viennent à l'esprit). On aurait pu croire que les années 2000 allait s'éloigner de cet esprit là. Si ça a été le cas pendant la majorité de la période où les acteurs du fandom essayaient de se concilier les grâces du postmodernisme, il faut bien reconnaître que l'on trouve un peu de ça chez certains auteurs jeunes ou moins jeunes de la génération montante. Au premier rang desquels se trouve Anthony Boulanger chez lequel on sent la volonté de concilier des valeurs qui ne sont pas forcément faîtes pour se rencontrer. Je pense qu'Anthony a tout pour s'ériger en leader éditorial de cette nouvelle génération d'auteurs. D'autant qu'il a un atout non négligeable : la jeunesse.