samedi 25 août 2012

La science fantasy : tendance probable ?

Il y a environ 10 ans le critique américain Gabe Chouinard annonçait que la science fantasy était probablement la voie royale que devait suivre la SF. Avait - il raison trop tôt ? Regardons si la pop culture s'intéressait à la science fantasy.
- Jeu vidéo : la majorité des RPG japonais à commencer pas la série des Final Fantasy explorent des univers de science fantasy.
- Jeu de rôle : bon nombre de jdr de SF publié dans les années 90 touchaient plus à la science fantasy qu'à la SF la plus spéculative. Et notamment, nous pouvons signaler Fading Suns qui a eu un petit succès à l'époque mais nous trouvions aussi Dragonstar ou Alternity.
- Comics : L'éditeur Crossgen avait conçu un multivers dont bon nombre des déclinaisons tournaient autour de mondes de science fantasy allant du steampunk ( Mystic ) à la space fantasy ( Sigil) en passant par de la romance planétaire ( Scion ou Meridian). Top Cow avait également publié Soul Saga, un comic book à l'ambiance proche de certains RPG japonais avec bateaux volants et d'autres choses du même genre.
- Ciné et TV : Nous étions à l'apogée de la franchise Star Wars. Et la télévision voyait apparaître une autre franchise de science fantasy spatiale : Farscape.

Donc il y avait une certaine attente pour ce type de récit façonnée par la pop culture de l'époque. Il y a une véritable occasion perdue. Reste à savoir qui cette non tendance fut le fait des auteurs ou des éditeurs. C'est probablement un peu des deux. Mais je pense que les éditeurs anglosaxons portent une grande partie de la faute sur leurs épaules. Chouinard avaient réussi à réunir quelques auteurs autour de lui, notamment Jeff Vandermeer et Richard Calder pour les plus connus mais de jeunes nouvellistes le soutenaient aussi. On aurait sans doute pu trouver quelques auteurs brillants. D'autant plus que certaines   auteurs des Del Rey Discoveries comme Delia Marshall Turner ou Katie Waitman en écrivait avant de se faire lâcher par l'éditeur américain. Donc les éditeurs américains ont préféré pousser la tendance post moderne qui convenait mieux à un certain noyau dur de lecteurs et également publier massivement de l'Urban fantasy plus facilement vendable aux ménagères qui fréquentent les Wall Mart.

Mais il se trouve que la science fantasy, sortie jadis par la porte revient par la fenêtre. Quelques auteurs francs tireurs se sont fait remarquer : Nnedi Okorafor, Kameron Hurley ou Joanne Anderton. Mais la pop culture frémit également. On compte plusieurs projets de JDR en souscription qui entrent totalement dans ce cadre dont deux projets français ( Dernier Bastion et Vivere ). Pas encore de frémissement dans le monde des comics par contre la BD franco belge est très présente avec notamment plusieurs bd de chez Soleil. Bref ça semble repartir avec une nouvelle relance pour ce style de science fiction pour notre plus grand bonheur.

jeudi 23 août 2012

La prochaine tendance

Comme nous l'avons vu précédemment les tendance ne naissent plus en littérature mais bien dans les autres média. Et le jeu de rôle a eu son rôle à jouer dans les deux précédentes décennies.
- Les années 80 ont vu le développement de l'heroic fantasy autour de Dungeons and Dragons. Et la littérature d'heroic fantasy s'est développé dans les années 90
- Les années 90 ont vu le développement de la fantasy urbaine autour du Monde des Ténèbres qui a annoncé la déferlante bit lit que nous connaissons.


Quelle est la tendance du jeu de rôle fin 2000 / début 2010. Ca semble être le space opera. On voit se développer beaucoup de jdr indépendant allant du nouveau space opera au space op pulp de l'âge d'or en passant par la space fantasy : Transhuman space, Eclipse Phase, Starblazer Adventures, Diaspora, Bulldogs, Star Without Numbers, Ashen Stars, Hellas et j'en oublie certainement. Les grosses licences ne sont pas en reste puisque les séries TV Firefly et Battlestar Galactica ont fait l'objet d'adaptations. Mais la grosse gamme qui sert d'arbre cachant la forêt est celle de Warhammer 40K avec des jdr comme Dark Heresy, Rogue Traders, Deathwatch et Black Crusade. Bref ce foisonnement qui affecte aussi la création française puisque nous avons vu la création de Final Frontier et de Mahamoth et que nous attendons Quantiquité, annonce sans doute une tendance de la culture de l'imaginaire.
Nous avons vu aussi pour la décennie précédente que les comics avaient suivi le JDR dans la chronologie des média. Or Marvel a développé de manière assez ostensible ces séries cosmiques ces dernières années. Elles passent d'ailleurs pour être ce que produit de mieux la maison des idées en ce moment. Le comic book d'auteur n'est pas en reste puisque la série Saga de Brian K Vaughan a décidé d'exploiter le filon d'un space opera relativement adulte.

Mais j'ai peur que ce ne soit pas les ados qui plébicitent Stars Without Numbers ou Starblazer Adventures ou qui dévorent le comic book de Brian K Vaughan. Et que finalement l'histoire peut très bien ne pas se répéter. Aujourd'hui me dira - t - on le media plébiscité par les ados c'est le jeu video. Mais par un coup de bol monstrueux la plus grosse franchise actuelle, c'est Mass Effect. Donc par la même mécanique que pour la fantasy urbaine dans les années 90 ce développement médiatique du space opera est bien en train de créer des désirs d'aventures spatiales chez le lectorat des littératures de l'imaginaire.

mercredi 22 août 2012

Les origines de la bit Lit


Si aujourd'hui la bit lit a un certain succès ce n'est sans doute pas un hasard. Pour comprendre il faut remonter dans les années 90. A cette époque l'éditeur White Wolf sort le jeu de rôle Vampire. La principale conséquence de la sortie de Vampire et du lancement de la gamme du monde des ténèbres à d'ailleurs été la féminisation du marché du jeu de rôle. Suite au succès de cette gamme d'autres jeux vont explorer la voie de la fantasy urbaine ( Witchcraft, Everlasting, Nightbane pour ne citer que les plus connus ). 
Dans le même temps le vampire a eu son heure de gloire dans les comics grâce à Marvel qui a lancé toute une série de comics liés aux créatures de la nuit ( Morbius the Vampire et Midhight sons ). Mais l'exploitation de la fantasy urbaine ne s'est pas limité à nos suceurs de sang préférés. Ainsi l'éditeur Top Cow s'est particulièrement illustré dans ce type de récit. Ses titres les plus connus ont été Witchblade et Darkness mais ils ont aussi lancé d'autres séries comme Spirit of Tao, Ascension ou encore la mini série Arcanum. Signalons également un comic indépendant qui a eu un certain succès Aria ( traduit chez nous sous le titre de Magic of Aria ) qui développait une société féérique infiltrée chez les humains. 
L'apothéose de la fantasy urbaine est arrivée à la fin de la période avec la série Buffy. Donc comme on le voit les jeunes américains ( et aussi les jeunes américaines ) ont été bercés par la fantasy urbaine durant toutes les années 70. Même les cartoons ont répondu présent avec Gargoyles. 
Dans le même temps la fantasy urbaines donnait quelques séries littéraires avec des auteur comme Laurel K Hamilton ou Tanya Huff. Il y a eu une vraie demande pour ce type de récit. A coté d'auteurs ambitieux comme John Butcher on a vu fleurir des romans d'exploitation. C'est un peu la règle quand apparaît un nouveau style de récit. Si au départ ce développement s'est fait au détriment du fantastique horrifique, au milieu des années 2000 il a commencé à prendre de l'espace éditorial sur la SF et la fantasy classique. La forte féminisation du lectorat justifie cette stratégie éditoriale.
Parallèlement le vampire est devenu une icône dotée d'un fort potentiel narratif qui a été utilisé par d'autres genres littéraires et notamment la romance. Le vampire est considéré comme une figure passionnelle et érotique depuis le 19éme siècle. Les éditeurs de romance ont décidé de profiter de la vogue de la fantasy urbaine pour créer une nouvelle forme de romance : la paranormal romance. Et cette paranormal romance est devenu un point d'entrée dans les littératures de l'imaginaire pour de nombreuses lectrices. La bit lit constituerait donc une littérature de transition vers d'autres formes de fantasy. Mais je suis tout de même dubitatif sur cette stratégie éditoriale.

lundi 6 août 2012

In memoriam Roland C Wagner

Roland C Wagner nous a quitté hier soir victime d'un accident de la route. Roland était un être rare. Je ne l'avait rencontré longuement qu'à deux reprises mais j'avais pu apprécier sa prose. Roland était l'un des rares auteurs français de sa génération à avoir une vision optimiste du monde. Bien sûr il était critique sur notre société comme il se doit à auteur de SF. Mais il avait choisi de regarder la coupe à moitié pleine plutôt que la coupe à moitié vide. Rien pour ça c'était une voix originale qui s'est éteinte.
Roland était aussi l'un des meilleurs historiens de la SF française. Et là aussi, il avait une vision de l'histoire du genre qui était volontiers iconoclaste qui va nous manquer.
C'était en plus un homme charmant accessible qui aimait discuter avec ses lecteurs.

Roland tu va manquer. Tu étais un grand bonhomme.
Cet hommage paraît bien prosaïque par rapport à cet immense perte mais les mots me manquent.