dimanche 17 novembre 2013

Masse critique

Comme je l'ai dit précédemment l'imaginaire n'est pas à la mode. Nos genres de prédilection souffrent d'un manque de reconnaissance et surtout d'un manque de visibilité. Aujourd'hui des éditeurs comme Mnémos, L'Atalante et Bragelonne ont décidé d'augmenter la proportion d'auteurs français dans leur programme de publications annuel. Même si certains considèrent aujourd'hui que cette augmentation du nombre d'auteurs français est due au moindre coût d'investissement que représente un titre français je pense que même si ces arguments économiques ont certainement pesés ils ne constituent pas la seul explication à ce revirement des stratégies. En effet lors de la précédente période de déclin du genre dans les années 80 on a justement diminué la part des auteurs français créant ainsi la fameuse génération sacrifiée.
Non il existe une autre explication. Pour exister il faut être visible et pour être visible il faut être présent sur les salons du livre et pas uniquement dans les festivals spécialisés. Et pour avoir une présence du genre dans les salons, il faut avoir le plus possible d'auteurs français. Il faut constituer une masse critique d'auteur qui permettra une visibilité du genre dans de nombreux salons de province. Si aujourd'hui le polar est bien intégré dans ces manifestations c'est parce qu'il y a suffisamment d'auteurs français publiés. Plus on augmentera la proportion d'auteurs français plus on va contribuer à rendre le genre visible. Et quand on aura la masse critique d'auteurs, les choses tourneront beaucoup mieux.

mardi 12 novembre 2013

Problem solver

Le problem solver est un archétype un peu méconnu de la science fiction. Il s'agit d'un individu dont la fonction est justement de résoudre des problèmes qu'ils soient écologiques, scientifiques ou autres. Il est au service de ceux qui font appel à lui.
Les problem solvers sont assez rares en SF française. On citera le docteur Allan de Jan de Fast dont les aventures ont fait le bonheur du Fleuve Noir Anticipation et en bande dessinée on n'oubliera pas l'incontournable Valerian. Il y en a sans doute d'autres mais ils sont sûrement moins connu. Les problem solvers ne sont pas forcément des scientifiques. Les plus connus sont Magnus Ridolph le personnage de Jack Vance qui résout les problèmes grâce à son astuces et souvent par des moyens dont la légalité est discutable. Nous avons aussi Haviland Tuf l'ingénieur écologue qui vient à bout de troubles écologiques grâce à la lutte biologique. Mais le plus célèbre d'entre eux est un héros de série TV : le Docteur.
La série Doctor Who a en effet popularisé cet archétype notamment depuis sa relance en 2005. Les problem solvers vont ils devenir un thème extrêmement populaire ? Il est trop tôt pour le dire et rien ne va dans ce sens. Mais souvenons nous qu'une autre série culte a pesé en son temps sur la culture de l'imaginaire : Buffy et que la bit lit n'existerait sans doute pas si la série n'avait jamais vu le jour. Donc nous pouvons nous demander si Doctor Who va influencer les cultures de l'imaginaire de manière aussi importante. Il est clair que la série a un impact fort dans la blogosphère anglosaxonne où elles est abondamment débattues. Donc il en sortira forcément quelque chose. Reste à savoir quoi ?

vendredi 8 novembre 2013

L'imaginaire n'est pas à la mode

Sous le détournement d'un titre d'article dû à Ugo Bellagamba, je vais évoquer une réalité : l'imaginaire est le mal aimé de la culture française. Alors que le secteur de l'édition a su tirer les marrons du feu malgré la crise, les littératures de l'imaginaire se vendent mal. Et cela renvoie à un phénomène culturelle assez ancien.
Au 19éme siècle les impressionnistes avaient fait scandale dans les salons artistiques. On leur reprochait de ne pas copier la nature mais de la réinterpréter. Ce qui nous renvoie à la situation des littératures de l'imaginaire. Elle ne raconte pas le réel, elle le transfigure en créant des réalités parallèles. Le lecteur français comme l'amateur d'art du 19éme siècle a choisi le camp de la vérité, de la simple copie du réel plutôt que celle de la véridiction.
L'imaginaire devient dans la bouche de certains bien pensants, la culture dégénérée. Ces propos tenus par une bibliothècaire au début des années 2000 renvoie à une réalité encore plus déplaisante. L'art dégénéré était pour les Nazis, toutes les écoles artistiques d'avant garde qui s'opposaient à l'académisme le plus conservateur. Il est quand même surprenant que dans la bouche des bobos d'entendre cette rhétorique. La culture est elle un champ de bataille ? Une guerre entre les idées? Depuis la querelle des anciens et des modernes, nous savons bien que les différents s'opposent de manière parfois violente. Mais cette violence cache autre chose, le rejet d'une culture d'inspiration américaine. Les biens pensants défendent une pureté de la culture française. De là à dire que certains seraient partisans d'un épuration culturelle il y a un pas que je ne franchirais pas.
Enfin il y a des silences qui en disent long. La semaine dernière les Utopiales avaient lieu à Nantes. Est ce que le supplément Livres du Monde a sorti un numéro spécial sur la science fiction ? Non. Un ministre de la culture s'est il déjà rendu aux Utopiales ? Encore une fois non.

lundi 21 octobre 2013

Environnement médiatique

Dans les années 80 la science fiction a connu une crise assez grave. A la fin de la période une nouvelle génération de lecteurs commence à arriver. La plupart ont découvert la science fiction par les dessins animés japonais ou par Star Wars et la fantasy par les jeux de rôles. A l'époque la télévision daignait consacrer des créneaux à la SF. Nous ne reviendrons pas sur Temps X, émission mythique présentée par les Bogdanoff qui en outre n'hésitait pas à diffuser les séries comme la Quatrième Dimension  ou Star Trek. Mais il y a eu aussi Fantasy, une émission présentés par Jean Pierre Dionnet dans le cadre des enfants du Rock à la fin des années 80. L'arrivée des manga puis la démocratisation des jeux vidéo ont amené d'autres points d'entrée pour l'imaginaire.
Nous étions dans une société où l'environnement médiatique était assez tourné vers l'imaginaire. La publicité elle même n'hésitait pas à emprunter aux thème de la science fiction. Même si la SF littéraire était en crise, la SF médiatique a sensibilisé un nouveau public au genre et une nouvelle génération de lecteur est arrivée qui a fait vivre les genres que nous aimons jusqu'à la fin des années 90. C'est dans cette deuxième moitié des 90's que les choses se gâtent. Le jeu de rôles connaît une campagne de dénigrement proche du lynchage médiatique. Ces mêmes média se déchaînent peu après contre les manga et les jeux vidéos suspectés de véhiculer la culture de la violence. L'imaginaire disparaît peu à peu des petits écrans. Les séries de SF ne sont plus diffusés que sur des chaînes cablées et disparaissent peu à peu des chaînes hertziennes généralistes. Les dessins animés de SF sont de moins en moins nombreux sur les écrans (même si France Télévision a résisté grâce à des séries comme Skyland ou Chris Colorado). Et l'environnement médiatique a changé et aujourd'hui c'est la téléréalité et le voyeurisme qui se sont imposé dans la culture adolescente comme les références. L'imaginaire n'est plus   présent qu'à la marge. La SF n'est plus que la culture des geeks. Le jeu de rôles n'est plus qu'un loisir de niche. Restent les jeux vidéos qui sont encore grands pourvoyeurs de SF et de fantasy. Les gamers seraient ils l'avenir du lectorat SF ?

dimanche 22 septembre 2013

Moi, rôliste

A l'initiative de Stéphane Galay pour lutter contre les attaques dont les rôlistes sont encore victimes, il existe un appel à témoignage pour que les rôlistes évoquent ce que leur apporté le JDR. Je n'avais toujours pas répondu à l'appel.  Je vais donc faire mon coming out de rôliste.

J'ai découvert le jeu de rôles par une matinée froide de 1986. Un nouvel élève vient d'arriver au collège, nous sommes en troisième et pendant le cours de gym il me parle du jdr. J'avais vu reportage dessus deux ans avant dans une émission de Patrice Drevet qui devait s'appeler "c'est super". Toute suite j'ai envie d'essayer, et un autre élève aussi. Je suis ferré et depuis ma carrière rôliste est un peu en dent de scie avec période d'hyperactivité et d'autres où je n'ai plus de tablée régulière et je ne joue qu'aux conventions.
Grâce au jeu de rôles j'ai acquis une culture et un vocabulaire bien plus développé que celui que j'avais jusqu'alors.
Grâce au jeu de rôles j'ai rencontré ceux qui sont devenus mes deux meilleurs amis. Et qui le sont restés depuis.
Grâce au jeu de rôles je n'ai pas découvert la SF. Mon immersion dans les littératures de l'imaginaire a été concomittante. Mais si j'ai eu envie de m'investir dans le fandom de me bouger c'est aussi je pense au jdr que je le dois. Un loisir qui donne envie de s'investir, de se remuer et surtout de diffuser et de valoriser l'imaginaire.
Le jeu de rôles m'a aussi fait rencontrer toute sorte de gens, donc certains m'ont énormément apporté. Bref je ne serais pas le même sans le jeu de rôles.
J'ai conscience que mon témoignage n'est pas extraordinaire, ni exotique. Mais bon, j'apporte de l'eau à la cause à manière.

samedi 7 septembre 2013

Du lectorat de l'imaginaire

Aujourd'hui  les éditeur de l'imaginaire se plaignent du faible niveau des ventes des littératures de l'imaginaire. La crise n'explique pas tout. Je pense qu'on s'est tout simplement trompé de public. Faire lire de l'imaginaire aux lecteurs de blanche ou à la ménagère n'était pas les stratégies à adopter. 
Il fallait entre autre s'intéresser aux publics geeks - gamers, rolistes, amateurs de manga ou de comics... Ils n'ont pas été la cible privilégié. 
Mais ma bonne dame les geeks ils ne vont pas en supermarché et pour vendre du poche il faut distribuer en supermarché, donc viser la ménagère. Oui c'est vrai. Mais ce faisant on a fait l'économie du débat sur  d'éventuels réseaux parallèles de distribution. Au début des années 50 Armand de Caro, fondateur du Fleuve Noir a eu l'idée pour contourner le réseau de distribution Hachette alors tout puissant de créer son propre réseau de distribution en s'appuyant sur des commerces de proximité principalement des bureaux de tabac et des commerces ruraux généralistes. Résultat, de tout les éditeurs populaires de l'aprés guerre Fleuve Noir sera le seul à survivre. Donc aujourd'hui il s'agirait de savoir quels sont les lieux fréquentés par les geeks et avec lesquels les éditeurs pourraient travailler. Plus difficile à faire qu'à dire, d'autant que la plupart des éditeurs ne peuvent se payer une étude de marché. On est bien d'accord.

D'autant que ce rapprochement avec les geeks ne peut être fait par les seuls éditeurs. Que les revues de jeux vidéos ou de jeux de rôles publient régulièrement des nouvelles ou des critiques de SF. De même pour les magazines consacrés à la culture geek. (Et si les éditeurs de certaines revues passent par ce blog ,je suis prêt à aller au charbon si l'on me propose un beau projet.) Il faut se souvenir que certaines revues de bandes dessinée ont eu cette politique d'ouverture dans les années 80. Souvenons nous de la rubrique de Roland C Wagner dans Casus Belli. Il faut avoir des volontés communes qui convergent et là ce n'est pas vraiment facile à organiser.

lundi 26 août 2013

Science fiction et rock'n roll

On a souvent vu des convergences entre SF et rock'n roll. Il est vrai que dans les années 70 de nombreux rockers on emprunté des thèmes aussi bien à la SF qu'à la fantasy. Il était donc temps de s'intéresser aux rapports que peuvent entretenir ces deux univers et leurs fans respectifs nous avons donc interviewé Thomas Bauduret, auteur et musicien de rock qui nous en donne une vision assez pessimiste.


1 Quel a été l'influence de la SF sur le rock français ?

Difficile à dire, il faudrait remonter aux années 70, lorsque la SF était "à
la mode" (ouh, le vilain mot !), ou plutôt au sommet de sa capacité
prospective et expérimentale, puisque l'art est forcément le reflet de son
temps ; elle a eu une influence majeure, comme à peu près toutes les idées
nouvelles qui fusaient à cette époque (que je n'ai pas connue, donc
j'extrapole), et il y a plus eu interpénétration entre ces idées et la SF.
C'était une autre époque. Un critique anglais a comparé la SF actuelle à la
collection de vinyle de progressif de votre grand-oncle, ce qui est méchant,
mais bien vu…

2 Le rock a-t-il influencé durablement la science fiction et la fantasy en France ?

Une fois de plus, comme il s'agit d'un chemin personnel, il faut voir ça de
façon individuelle. Que des auteurs comme Jean-Marc Ligny, Roland Wagner ou
Joël Houssin (et, oserais-je… le gars moi-même) aient été profondément
influencés et que cela se ressente dans leurs écrits, c'est évident. Après,
au niveau global, j'en suis moins convaincu. D'autant que, dans l'œil du
public, en art en général, il y a toujours le complexe du corn-flake (merci
M.) qui fait qu'on préfèrera n'importe quelle daube du moment qu'elle a un
drapeau US collé sur la fesse droite au meilleur écrivain européen… C'est en
train de changer — voire l'émergence du "polar nordique", pour le meilleur
ou pour le pire d'ailleurs, comme à chaque fois qu'on se base sur l'origine
et non sur la qualité, mais c'est une autre histoire — mais pas dans la SF,
trop sclérosée.

3 Dans les années 90 il y a eu en France un courant de rock expérimental ( Oulan Bator, Hint, Deity Guns.... ). Il semble pourtant qu'ils aient peu utilisé une imagerie SF. Comment explique tu cette non rencontre ?

Je pense l'avoir expliqué plus haut, après les visions technologique des
débuts de la SF, on est passé aux grands chantiers sociétaux reflétant une
époque (les années 60/70, pour synthétiser). Il est notable que le
sous-genre "post-cataclysmique" est plus ou moins né à cette époque, où on
redoutait de se prendre une bombe atomique sur la coloquinte (On sait
d'ailleurs aujourd'hui qu'on en est passés très près lors de la crise de
Cuba), et revient aujourd'hui, où les catastrophes sont écologiques. Dans
les années 90, la SF était devenue marginale et commençait à tourner en
rond, c'est peut-être une explication. Il y a encore aujourd'hui des
artistes pour s'en inspirer, comme Krystal System ou Kirlian Camera en
Italie, mais il n'y a pas de "courant" plus global. La SF "marche" au
cinéma, mais elle est souvent réduite à l'image sans grand fonds derrière,
puisqu'il faut toujours sauver le monde au bout des 90 minutes syndicales
avant le générique et les scénarios recyclent les grands thèmes sans
chercher à innover (ce qui reviendrait à un suicide commercial). Pourtant,
il suffit de lire "Aqua" de Jean-Marc Ligny ou la trilogie de l'abîme de
Pierre Bordage (Ou même "Le goût de l'immortalité" de Catherine Dufour) pour
voir que la SF aurait encore des choses à dire, et peut-être même plus dans
le grand bouillonnement mortifère actuel que dans les années 70. Si même un
genre aussi sclérosé que l'espionnage a pu se réinventer en s'adaptant (cf
"La face cachée des miroirs" de Catherine Fradier)… Mais il faudrait pour ça
arrêter de se regarder le nombril en se pignolant sur sa "culture SF"
(apparemment infuse, comme il sied aux surhommes, ce qui exclut le lecteur
occasionnel — berk ! — du processus) et réfléchir un chouïa… Oh, et admettre
que non, la SF, comme tout art, n'a pas changé et ne changera pas le monde
de ses petits bras musclés, mais peut aider à le décrypter ou même à
l'embellir. 

4 Peux tu nous parler de ton travail sur l'anthologie Rock Star en1999? Comment t'es venu l'idée ?

Une sorte d'évidence. Je crois que j'en parlais avec les éditeurs de
Nestiveqnen, avec qui j'étais assez proche à l'époque. Je ne sais comment
j'ai eu l'arrogance de croire que je pouvais diriger une antho, mais ils
m'ont fait confiance, qu'ils en soit mille fois loués, tout comme les
auteurs (et pas des moindres) qui ont répondu présent. Il faut croire qu'en
plus de la qualité réelle des textes, le sujet était porteur, car l'antho
s'est plutôt bien vendue !

5 Souhaiterais tu qu'il y ait plus d'interaction entre le milieu de SF et celui du rock'n roll ?

Pourquoi ? Chaque auteur puise son inspiration là où il le souhaite. Et
puis, il faudrait voir quel "rock". A mon humble avis, la notion qu'on
appelle de ce vocable, avec tout ce que cela comporte de subversion, est
morte. C'est une période relativement courte qui est allée, disons des
années 50 jusqu'au milieu 80, correspondant également à une révaluation de
la jeunesse en tant qu'entité à part entière, et a engendré un grand
bouillonnement créatif, non dépourvu d'arrogance puisque chaque génération
rejetait la suivante, mais une arrogance nécessaire. Les querelles entre
"anciens" et "modernes" ont toujours existé, on peut remonter à la Bataille
d'Hernani ou aux compositeurs dits classiques qui, à leur époque bien
lointaine, faisaient scandale en bousculant la norme, même si tout ceci est
bien oublié de nos jours. Aujourd'hui, le public préfère se faire des
"années nostalgie" plutôt que chercher des nouveaux groupes, ce qui est
contraire à l'idéal "rock", tourné vers la jeunesse et donc l'avenir plus
que le "c'était mieux avant" — mais plaît beaucoup aux maisons de disques
qui n'ont plus qu'à gérer bourgeoisement le capital. Hé oui, de nos jours,
pour être à la mode, il convient de regarder vers le passé… Le point
tournant est lorsqu'on a commencé à vendre des voitures estampillées "Pink
Floyd" ou "Rolling Stones", faisant des groupes censés être "subversifs" des
produits de consommation comme les autres. Maintenant, on vend des T-shirts
Sex Pistols ou avec la langue Stone dans les magasins de grande
consommation, usinés en Chine pour habiller des occidentaux qui les portent
comme l'effigie de Che Guevara, sans savoir ce qu'il y a derrière. De même,
les groupes vieillissants commencent à jouer dans leur intégralité leurs
albums emblématiques, brouillant la dichotomie originelle entre rock et
classique, on se masse pour voir des groupes singeant Queen ou les Beatles
histoire d'être sûr que les Queen ou Beatles d'aujourd'hui crèveront dans
leur coin. Qui porte les valeurs de la révolte adolescente aujourd'hui, Lady
Machin ? Quant au rap "musique de la jeunesse", je rigole : il est tout de
même né il y a trente ans, et les fans de l'époque ont pris la place de
leurs parents, sans oublier que c'est sa frange la plus réac qui est
favorisée, celle qui prône le système et le fait d'en profiter. Et non, je
ne le déplore pas : c'est dans l'ordre des choses, toute idée doit être
remplacée par une autre lorsqu'elle a fait son temps. Je présume que le
sentiment qu'exprimait le rock s'exprime par d'autre biais que je ne connais
pas forcément. Ou si on se contente de se gaver de séries téloches
abrutissantes avant d'aller chez Carouf' comme un bon petit, on n'a que ce
qu'on mérite. Lorsque la vulgarité, totalitaire par définition, se fait
dominante, l'art redevient un sport de combat, et aucun régime, même le plus
dictatorial, n'a pu museler les consciences. J'irais même jusqu'à dire que
l'art en général en redevient subversif : l'art, c'est le ressenti, et les
petits hommes gris qui ont pris le pouvoir, avec leur calculette à la place
du cerveau, le détestent tant qu'ils ne peuvent pas y coller une étiquette
de prix ou s'en servir pour vendre toute sorte de saletés. Ils ont horreur
de ce qui leur échappe et feront tout pour le détruire. Mais ils nous
offrent à nouveau le frisson de l'interdit…

6 Comment à ton avis rapprocher encore plus ces deux milieux ?

J'avoue que je n'en ai pas la moindre idée. Mais cela finirait par
ressembler à des rencontres d'anciens combattants, non ?

7 Qu'est ce que les éditeurs de SF et de fantasy devraient faire pour séduire les amateurs de rock'n roll ?

Comme je pars sur la notion que ce qu'on entendait par "rock" est mort et
enterré, même si le cadavre bouge encore sporadiquement, et que la SF reste
coincée sur un "âge d'or" passéiste et entretient son complexe de
supériorité tout en glissant vers les poubelles de l'histoire, humblement et
à mon avis qui n'engage que moi, etc, etc, je préfèrerais qu'on recherche
d'autres formes, des façons de faire nouvelles et excitantes qui rameutent à
nouveau tous ceux en mal d'innovation et engendreraient un enthousiasme
créatif comme il y en a eu de par le passé (sans forcément faire tabula
rasa, bien sûr, toutes les formes peuvent et doivent coexister tant qu'il y
a des gens pour les apprécier). Niveler un peu par le haut et non par le
bas, comme les innombrables thrillers industriels interchangeables usinant
les mêmes recettes qui encombrent les linéaires. Et si "l'âge d'or", ça
redevenait maintenant ? Alors retroussons nos manches !

mercredi 21 août 2013

Anticipation des tendances

Peut-on anticiper les futures tendances des littératures de l'imaginaire en se penchant sur les tendances actuelles de la pop culture ? On est en droit de se poser légitimement la question. En effet sans Buffy et la gamme de jeux de rôles du Monde des Ténébres, il n'y aurait sans doute pas eu la vague déferlante de la fantasy urbaine de la fin des années 2000. Le succès des survival horrors nous a valu les romans de zombies. Et l'impact de la franchise Assassin's Creed n'est sans doute pas étrangère à la fantasy à capuche.
Penchons nous sur la pop culture et tel un haruspice lisons dans ses entrailles. Que voyons nous ?

Les MMORPG de fantasy qui marchent très fort, notamment World of Warcraft talonné par Guildwar. Des univers de fantasy où l'on a introduit des éléments steampunk, de la technomagie, des éléments de SF. Des jeux basés sur la rivalité de factions rivales, des races non humaines réellement bien développées avec un worldbuilding assez nouveau pour le monde du jeu vidéo. On est en droit de s'attendre à une fantasy épique avec une coloration fortement ethnologique, des races non humaines, des éléments décalés, novateurs ou baroques. Et ça a déjà commencé avec Bradley Beaulieu, Mark T Barnes, Phillippa Balantyne, la trilogie des Rasakura de Martha Wells, et on peut peut-être même inclure NK Jemisin (même s'il n'y a pas de races non humaines dans ses romans) et la série Edda of Burden de Elizabeth Bear et ce n'est sans doute qu'un début. On peut même penser que le new weird du début des années 2000 peut être une forme extrême de cette forme de fantasy.

Les super héros se voient décliner à l'écran. Et là aussi on ne compte plus les anthologies consacrées aux personnages à super pouvoirs dans la small press américaines. Des auteurs commencent à s'y consacrer comme Adam Christopher ou Peter Cline. Les super héros peuvent être déclinés sur le mode steampunk avec Georges Mann ou dieselpunk avec Ian Tregillis. Là aussi on est au début de quelque chose.

La franchise de jeu vidéo la plus plébiscitée du moment est Mass Effect. Donc on serait en droit d'attendre un retours prochain du space opera. Le space opera est d'ailleurs présent dans de nombreux jeux de rôles sortis depuis 2010. La côte est à la hausse, donc. D'ailleurs signe des temps cette année 2013 Orbit UK a sorti pas mal de romans dans ce sous genre et annonce même le lancement de deux nouvelles séries pour l'automne. Il est trop tôt encore pour dire si on début de quelque chose. Mais l'annonce de la sortie de nouveaux Star Wars devrait donner un coup de fouet au genre.

Que dire du succès massif de Doctor Who ? Va - t - on voir dans les années à venir se multiplier les récits mettant en scène des problem solvers ?

En 2009 deux films ont coup sur coup mis l'extraterrestre sur le devant de la scène. Deux films différents certes - District 9 et Avatar- mais une même volonté de mettre la compréhension de l'autre au coeur de leur propos. En 2013 la série Defiance traite aussi de la coexistence entre humains et extraterrestres. Va - t - on voir apparaître une science fiction traitant du multiculturalisme et de l'alterité en utilisant la figure de l'extraterrestre ? Plusieurs nouvellistes on écrit des récits autour de cette thématique mais nous avons peu de romans à ce jour. Il n'y aura pas de déferlante autour, mais sûrement quelques textes intéressants. D'ors et déjà nous Eric Brown a sorti un roman en Angleterre et en France Laurent Genefort nous a donné le très réputé Points Chauds.

Les RPG japonais sur console ont été véritablement intégré au pot commun de la culture populaire. Et très souvent ces RPG, utilisent une imagerie scien fantasy. Justement  on voit arriver des romans de science fantasy avec Kameron Hurley, Joanne Anderton ou plus récemment Zachary Jernigan. En France les éditions Voy'el ont publié Véronique Tarin.

La série adaptée du trône de fer de GRR Martin est un vraie succès. Les éditeurs vont sans doute essayer de capitaliser dessus pour offrir une fantasy réaliste et grimm and gritty.

Et puis il y a les tendances qui sortent de rien ou plutôt si, du fandom et quand il a une bonne coordination entre des acteurs du fandom et des éditeurs professionnels ça donne quelque chose. Le retours de la sword and sorcery en est une bonne illustration.

Ce n'est pas une science exacte. Mais j'ai bien envie de me livrer régulièrement à l'exercice à car la pop culture change parfois très vite et donc vous livrer les analyses régulières et faire aussi des bilans pour voir si je me suis mis le doigt dans l'oeil ou pas.






dimanche 18 août 2013

La déperdition des 25 ans

Je voudrais revenir sur ce phénomène purement français que Serge Lehman nomme déperdition des 25 ans. En France beaucoup de lecteur de SF (mais c'est la même chose pour la fantasy) cesse d'en lire autour de l'âge de 25 ans. Il est vrai qu'a cet âge là, on est dans la vie active, on a parfois une famille et moins de temps à consacrer à la lecture. Mais la majorité des lecteurs qui abandonnent l'imaginaire n'y reviennent pas, contrairement aux lecteurs de polar par exemple. Ce n'est pas un décrochage provisoire lié à une situation particulière mais une situation permanente. Comme si pour s'intégrer dans la société et y être accepté, renoncer à ce que l'on aime était nécessaire. Finalement il faut s'installer dans le moule et ressemble à monsieur tout le monde.
Au contraire je pense qu'il faut être fier de lire de la SF ou de la fantasy. Rejeter la norme c'est faire preuve de personnalité et montrer sa singularité. Sans cette déperdition les éditeurs ne seraient pas obligés de courir après leurs lecteurs. Lutter contre cette déperdition c'est avant tout faire comprendre aux lecteurs qu'ils ne doivent pas avoir honte de lire de l'imaginaire. Et c'est aux éditeurs à relever la tête et de faire comprendre que notre culture est une culture importante et majeure dans le paysage intellectuel d'aujourd'hui.

jeudi 15 août 2013

Si tu ne vas pas à l'imaginaire....

.... l'imaginaire ira à toi.
Ou plutôt aujourd'hui la vente en librairie ne suffit plus pour les éditeurs. Il faut ne pas se contenter de son lectorat actuel mais aller chercher les lecteurs là où ils sont. Le lectorat régulier de l'imaginaire étant ridiculement bas en France, il faut élargir sa base pour pour voir continuer à exister.
- Tout d'abord cela veut dire développer l'événementiel. Les éditeurs américains l'ont d'ailleurs compris. La Dragoncon est la deuxième plus grosse convention de jeu de rôles aux Etats Unis et elle possède un espace littéraire. Et les small press des débuts partagent l'espace avec des gros éditeurs. Les éditeurs de SF sont aussi présents à la Comicon de San Diego. En France des small press comme Argemmios ou Voy'el ou ActuSF sont très présentes sur les salons et manifestations. Le groupe Lokomodo est présent aussi bien sur des festivals geeks, à la Japan Expo ou au Paris Game Show. Des conventions de jeu de rôles comme Octogones à Lyon ou Eclipse à Rennes ont aujourd'hui un espace littéraire. C'est un début. Mais on peut aller plus loin. Ce ne serait pas forcément saugrenu qu'un éditeur de fantasy soit présent lors de plus grosses fêtes médiévales organisées dans l'hexagone. Ce sont les small press qui vont au charbon. Les gros éditeurs du genre eux bougent assez peu à l'exception de Mnémos qui renforcé récemment sa présence sur les manifestations.
- En 2009 David S Khara a proposé un concours pour faire gagner des exemplaires de son roman "Les Vestiges de l'Aube" paru chez Rivière Blanche sur le site Au Féminin.com. Cela poussé certaines lectrices du site à la curiosité. Le roman a eu des chroniques dans la presse féminine. Le roman a été réédité chez Belfond. Et si aujourd'hui les thrillers de David S Khara sont les meilleurs ventes de Critic ce n'est sans doute pas un hasard. Construire des partenariat avec des sites internet, des magazines, cela permet plus que la simple publicité d'atteindre de nouvelles cibles.
- Développer des stratégies de distribution alternative. Quand j'en parle sur les forums on me rit souvent au nez. J'avais notamment évoqué la vente de poche en bureau de tabac. L'idée n'est si risible. J'en avais discuté avec le prospectiviste André Yves Portnoff. Lui pense que c'est une bonne idée. Distribution alternative ça veut dire savoir quels sont les lieux fréquentés par des publics potentiels intéressants sur lesquels on veut se développer.

mercredi 24 juillet 2013

L'esprit du Fleuve en format court

En quelques jours d'intervalle j'ai lu les deux webzine éditée par l'association Ymaginère. Le webzine éponyme, ainsi que Nouveau Monde.
Dans Ymaginére hors série sont publiés des textes arrivés vainqueurs des différents concours organisés par l'association.  L'imposant texte de de dark fantasy de Mike Barrisan, qui développe un univers sombre et que nous devinons suffisamment riche pour nourrir d'autres textes, domine largement le webzine par sa qualité. Les autres nouvelles sont également intéressantes, notamment les deux nouvelles sur le thème de l'apocalypse.
Nouveau Monde propose des textes très éclectiques. L'histoire secrète mâtinée de fantasy est au menu de deux nouvelles :
- Quand le faisan s'envolera de Patrick Cialf où des Hospitaliers sont confrontés à un artefact magique.
- Le dernier Atlante de Niko joue avec les époque et met en scène les templiers, le masque de fer, d'Artagnan dans un aventure à la fois ésotérique et fantastique.
Mais le sommaire nous invite aussi à un voyage temporel sous la plume de Vianney Carvalho. Pascal Bléval est présent deux fois avec un diptyque apocalyptique extrêmement bien écrit. Nouveau Monde c'est aussi des nouvelles d'horreur due aux plumes de Virginie Gros, Adeline Neetsone ou Romain Billot. On y trouve aussi deux textes de fantasy humoristique signé Alizée Villemin et Philippe H Bezancenet. Enfin le webzine se termine avec une nouvelle inclassable de Jérémie Senet.
Nouveau Monde a fait du chemin depuis son premier numéro. Et le niveau des textes est bien meilleur.
Reste que dans ces deux webzines, Ymaginère tente de ressusciter l'esprit qui animait le Fleuve Noir avec des collections comme Anticipation ou Angoisse. Et ça, ça m'est véritablement sympathique.

dimanche 14 juillet 2013

lectorat

Le lectorat des littératures de l'imaginaire se compose de trois cercle :
- Le fandom qui représente le coeur de cible, les individus les plus passionnés. On y trouve les fans passifs et surtout les fans actifs, ceux qui s'impliquent dans les fanzine, l'organisation de convention, qui ont leur blog.
- Les lecteurs réguliers, un lectorat qui lit beaucoup de Sf et de fantasy mais aussi d'autres genres à l'occasion. Ces gros lecteurs sont souvent issus du milieu des gamers ou des rolistes où on découvert la SF et la fantasy grâce à d'autres média et sont passés à la lecture.
- Les lecteurs occasionnels qui lisent peu de SF et de fantasy. On y trouve deux groupes. D'une part des lecteurs de blanche ou de polar qui lisent quelques auteurs de SF ou de fantasy, généralement des auteurs haut de gamme très littéraire comme Robert Charles Wilson en SF ou des bests sellers comme GRR Martin. D'autre part des faibles lecteurs qui lisent quelques auteurs d'entrée de gamme généralement en fantasy ( la SF proposant quasiment plus d'auteurs d'entrée de gamme). Ces derniers lisent Terry Goodkind, Terry Brooks ou alors pour les plus aventureux d'entre eux Raymond Feist ou Robin Hobb.

Elargir le lectorat peu se faire de plusieurs manière :
- En élargissant la base du fandom. Ce qui veut dire inciter des lecteurs réguliers à s'impliquer plus et à faire de la "propagande" autour d'eux. Plus de fans actifs c'est une démultiplication des événements et de la visibilité du genre.
- En faisant passer des lecteurs occasionnels dans le camp des lecteurs réguliers. Et c'est vers la deuxième catégorie de lecteurs occasionnels qu'il faut s'adresser. On peut leur faire découvrir de nouveaux auteurs à condition de bien les conseiller. Parmi eux il peut y avoir des gamers ou des gens qui connaissent la SF ou la fantasy grâce à l'audiovisuel et il est possible de dialoguer avec eux.

vendredi 28 juin 2013

Les espoirs de l'imaginaire : Sylas

Ca faisait longtemps que je ne vous avais pas présenté un nouvel auteur. Cette fois ci c'est Sylas qui s'y colle.

1 Peux tu te présenter en quelques mots ?
Quelques mots, c'est facile. Je les ai même classés par ordre alphabétique : autodidacte, cheveux longs, droitier, passionné, prof, rêveur, solitaire, timide, trentenaire.

2 Comment es-tu venu à l'écriture ?
Par hasard et par défaut. Un peu comme beaucoup de gens, j'ai ressenti le besoin de m'exprimer. J'avais quelque chose comme vingt ans. J'ai toujours été mal à l'aise avec l'oral, je ne sais pas dessiner (mais vraiment pas) et je trouvais ça hasardeux de m'acheter une caméra pour me la jouer Spielberg. J'ai donc pris un papier et un crayon et je me suis mis à écrire. J'étais un fan de SF. J'ai donc écrit de la SF.

3 Tu as écrit plusieurs nouvelles qui appartiennent à un grand cycle de Space Opera, le Cycle de l'Egide. Peux nous le présenter ? Quel avenir comptes-tu donner à cet univers ?
Un grand cycle de Space Opera, c'est un bien grand mot. Disons que ma progression personnelle dans l'écriture s'est toujours faite par paliers. Au bout de quelques années, je me suis dit : "allez, j'en ai marre d'écrire de la daube, je vais faire un truc plus ambitieux". Je n'étais pas chaud pour un roman, j'ai donc attaqué un cycle de nouvelles, dont je comptais faire éditer chaque épisode de manière indépendante. Ca a marché, puisque Oculus, le premier texte, a été ma première nouvelle publiée, dans le webzine phenix mag.
J'ai continué dans cette voie et j'ai écrit d'autres textes qui racontaient le destin de mon jeune héros surdoué, Gort Atiam. Dans le premier, il se fait repérer par des recruteurs pour devenir une sorte de super-humain dont le travail serait d'établir le contact avec les civilisations extraterrestres. Les deux volets suivants racontent deux étapes de sa formation, le quatrième (jamais publié) sert de transition, et le dernier nous montre une de ses missions en tant qu'Ambassadeur de la terre.
Avec le recul, je peux dire que cette série a servi à me motiver, à me donner des objectifs. Mais cela fait longtemps que je n'y travaille plus et je n'ai pas l'intention d'y revenir. Comme je l'ai mentionné, je marche par paliers, et je sais d’expérience que c'est une mauvaise chose que de regarder en arrière.

4 Ton roman de fantasy, Décadence vient de paraître chez Asgard, peux-tu nous en dire plus ?
C'était en 2009, je crois, qu'on a déclaré que la SF était morte et que l’avenir était à la fantasy. Je me suis dit "mince, et moi que rêve de percer, comme je vais faire ?". La réponse était simple : écrire de la fantasy.
Je me suis retroussé les manches et je me suis attelé à cette histoire qui me trottait dans la tête depuis un bout de temps, celle de mages qui perdaient des organes à force de jeter des sorts. C'est ça qu'on appelle la "décadence". Comme je déteste Tolkien et tous les textes mettant en scène des héros parcourant le monde en quête d'une épée magique ou d'un sens caché de la vie, j'ai organisé mon roman autour d'une trame policière, avec un enquêteur / devin devant démanteler un réseau de trafic d'organes. J'y ai aussi mis une jeune surdouée qui cherche à concrétiser sa destinée, histoire de ne pas dépayser les puristes. Bien sûr, elle aura un rôle à jouer dans l'enquête du devin et, bien sûr, il va leur arriver tout un tas de saletés qui vont leur faire regretter de s'être levés le matin.
Ce que j'aime dans ce roman, c'est qu'il sort des sentiers battus. Il n'y a ni chevalier en armure, ni roi, ni prince, ni dragon, ni elfe, ni troupe de héros, ni inquisition, etc. Il y a juste une magie domestique, quotidienne, qui sert à faire de trous, à coller des choses ensemble, à endormir les gens avant de leur ouvrir le ventre ou à faire parler les morts pour savoir qui les a tués. Et c'est aussi un one-shot, parce que je déteste les romans à suivre (même s'il y aura une suite).

5 Quels sont tes autres projets littéraires ? 
Je suis en train de finaliser un roman ado, "rêve de papier", qui parle d'un garçon qui part à la recherche de son père. La particularité de ce personnage est qu'il fait des rêves prémonitoires, ce qui devrait l'aider dans sa quête. C'est un roman qui lorgne du côté du fantastique, de la SF et même de l'uchronie. Mais c'est avant tout un récit initiatique et un roman d'aventure.
La suite de Décadence est aussi en cours de rédaction. On y retrouvera la plupart des personnages du premier opus, toujours autant de magie et encore une enquête policière, même si son importance est moindre que dans le premier tome.

dimanche 23 juin 2013

Retours à la case pulp

Je l'ai dit souvent - et cela fait grincer des temps à beaucoup - la SF s'est tiré une balle dans le pied à coup de Hard SF, de transhumanisme, de singularité, de post modernisme, d'expérimentation, mais aussi de militarisation de la SF populaire malheureusement. La SF doit se régénérer. Et que remarque t-on quand un genre se régénère ? Quand le thriller se régénère il utilise les motifs du pulp. Quand la fantasy se régénère, c'est la sword and sorcery qui revient sur le devant de la scène ( avec entre autre la fantasy à capuche). La SF doit revenir à la case pulp si elle veut rajeunir son public ou reconquérir un public populaire. J'entend les cris d'orfraie de certains d'ici. Quoi la SF c'est la littérature d'idée, on ne peut pas prostituer cette littérature noble en la donnant à lire à un public plus large. La SF est certes un littérature de concept mais aussi une littérature d'univers et une littérature d'images, donc ce n'est pas incompatible avec le rêve. On peut être populaire et faire réfléchir même en étant hyper pulp. Certes ce n'est pas donné à tout le monde, mais c'est possible.

samedi 1 juin 2013

Dieu est mort

Jack Vance prodigieux auteur de SF nous a quitté à l'âge de 96 ans. Un bel âge. Et une vie bien remplie au service de l'écriture, de la SF, de la fantasy. Dieu est mort. Le plus grand créateur d'univers, certes pas le premier, mais celui qui parmi les premiers a poussé la création de monde relativement loin. Jack Vance a ouvert la voix à des tas d'autres grands conteurs ( Ursula Le Guin, Philip Jose Farmer, Roger Zelazny et surtout Gene Wolfe et GRR Martin). La SF ne serait sans doute pas la même sans lui. Il a donné ses lettres de noblesse au space opera et au planet opera en les inscrivant dans une échelle plus humaine. Comme je l'ai dis précédemment il a contribué à créer de véritables terroirs cosmiques. Terroir   cosmique où il place dans des territoires définis et limités des intrigues qui dépassent leurs protagonistes.    C'était aussi un auteur qui invitait ses lecteurs au voyage, les dépaysait réellement en poussant les descriptions des paysages et des coutumes, les données anthropologiques, la faune et la flore dans ses derniers retranchements. Créer une véritable illusion de réalisme était son principal souci.
Dieu est mort. Pour les rôlistes Jack Vance était devenu un véritable auteur tutélaire, tant ses idées ont été réutilisées par les créateurs de jeu. Tant aussi le worldbuilding s'est trouvé au coeur de la création rolistique. C'était sans aucun doute l'auteur le plus respecté et le plus admiré par le milieu.
Dieu est mort et rien ne sera plus comme avant. Reste à espérer que les disciples fassent fructifier l'héritage littéraire du maître et que tout ce qu'il a apporté, ses thèmes, ses idées, son ton particulier séduisent une nouvelle génération d'auteurs, et leur donne envie d'écrire, d'écrire et encore d'écrire.

dimanche 26 mai 2013

La laïcité dans la SF et la fantasy

En ces temps de reprise en main religieuse il serait temps de s'intéresser au thème de la laïcité dans l'imaginaire français. On remarque que cette thématique est traitée en creux. La critique des institutions religieuses, souvent virulente, est la manière de s'approprier le thème qu'ont choisi les auteurs français. C'est le thème central de l'oeuvre de Pierre Bordage mais on trouve aussi cet angle d'approche dans certains romans de Laurent Genefort ( Les croisés du vide) et curieusement on le retrouve relayé dans certains romans de fantasy ( les Royaumes Crépusculaires de Mathieu Gaborit).
Curieusement la dénonciation du fanatisme est plutôt relayé par la fantasy chez les anglosaxons : chez Paul Kearney ou R.Scott Bakker. Mais le fanatisme est opposé à un certaine ouverture d'esprit et tolérance. Ainsi dans les Monarchies Divines de Paul Kearney on nous montre deux religions qui s'opposent et qui pourtant ont été fondée par le même prophète. A un moment vient la tolérance et le conciliation. Vision plus positive que ce que propose les français.
Mais dans tout cela il n'y a absolument aucune réflexion sur ce que pourrait être l'avenir de la laïcité au sens français. Rien non plus sur la tolérance religieuse, la pratique modérée de la foi, la nécessaire séparation des mondes religieux et politiques. Aucune vision neutre ou positive de la religion. La religion mène forcément à l'obscurantisme et au fanatisme chez les auteurs français. Rien sur l'oecuménisme ou les évolutions synchrétiques. Rien sur comment évolue les religions dans une société laïque et comment elle peuvent trouver leur place, ni comment elles peuvent être au plus près de la société en renonçant aux interprétations littérales et en acceptant de s'adapter aux réalités multiculturelles. Pourtant toutes réflexion sur l'avenir des religions et comment elles peuvent s'adapter aux société moderne et leur manière de se fondre dans le sécularisme sans renoncer à leurs idéaux, ce qui passent par l'acceptation de la modernité et l'inscription durable dans un monde laïque devrait parler aux auteurs français. Il est regrettable qu'il n'en soit rien.

samedi 6 avril 2013

Du coté d'internet

Il y a d'intéressantes publications en ligne. Je vais donc vous parler de deux d'entre elles lues récemment :

Le grand plongeon de Julien Morgan :
Roman feuilleton, 4 épisodes parus sur huit.
Un space opera qui nous entraîne dans les coulisses pas vraiment jolies d'une émission de téléréalité spectaculaire,Le Grand Plongeon du titre, dont les participants sont des enfants. Tout part de la sélection d'un candidat qui porte le nom d'une religion mal aimée. Et les conséquences de cette sélection vont amener des complications assez énormes. Nous n'avons pas ici de personnages sympathiques, finalement le personnage le plus présentable est un dealer et un tueur à gage. On est assez proche des univers de Peter F Hamilton mais la violence de l'univers fait beaucoup penser à Joel Houssin.

La geste Klarg le Troll de Nicolas B Wulf :
On a coutume de dire un peu de poésie dans un monde brute. Pour Nicolas B Wulf c'est plutôt un peu de brute dans un monde de poésie. Ce long poème épique met en scène, en effet, un jeune Troll. Mais celui ci est à la fois peureux et non violent, donc pas nécessairement conforme aux canons de son peuple. Mais contre toute attente ( et aussi contre lui même) il deviendra un héros. C'est drôle, c'est spirituel. A lire si vous aimez la poésie épique.

jeudi 14 mars 2013

Je suis old school et je ne me soigne pas.

C'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleurs soupes. Et parce que je pense que la SF d'avant était meilleure que celle d'aujourd'hui, cela fait de moi un ringard. Mais bon ce qui me rassure c'est que je ne suis pas tout seul. Et même chez les anglophones l'exaspération gronde contre le post modernisme ( vous savez cette attitude qui consiste à rompre avec ce qui précède). Même des gens respectables s'y mettent. Je lisais récemment un article ou Mike Brotherton ( auteur de SF mais aussi astrophysicien) s'emporte contre la singularité qui est pour lui plus un dogme quasi religieux que de la vraie science. Sur son blog Athena Andreatis critique de manière très violente l'idéologie transhumaniste et défend une SF plus soft. Elle va même jusqu'à dire la SF soft est parfois plus rigoureuse sur le plan scientifique que la hard SF ( une opinion que je partage assez, d'ailleurs). Elle est aussi à l'origine de Other half of the sky, une anthologie de space opera féministe brillamment fundraisé fin 2012.
Il faut voir que des projets plus old school finissent par sortir du bois. Et l'homme qui symbolise cette reconquête old school se nomme Brian Thomas Schmidt. Il a publié deux romans de space opera chez une small press et a fundraisé deux projets d'anthologies de space opera qui ont tous les deux été financés.
Le old school revient aussi en force en fantasy. Après la vague du grimm and gritty, on en vient à des valeurs plus traditionnelles. Notamment la sword and sorcery qui fait son retours grâce aux plumes de James Enge, Saladin Ahmed ou John R Fultz. Et on voit arriver une fantasy plus "free style" grâce à Bradley Beaulieu ou aux derniers romans de Martha Wells, retours d'une époque où les auteurs osaient explorer n'importe quelle direction même les plus improbables. Et surtout on s'éloigne du canon à la Tolkien qui étaient l'arbre qui cachait la forêt et même l'empêchait d'évoluer.
Je suis old school, mais comme le old school revient, je ne pas seul. Je me sens beaucoup moins dans la peau d'un ringard. Ca fait plaisir quand les nains s'assoient sur les épaules des géants plutôt que de les ignorer. Les choses vont enfin pouvoir évoluer car en littérature comme ailleurs il n'y a pas de futur sans passé.

dimanche 17 février 2013

De l'existence de la fantasy urbaine

La fantasy urbaine est sans doute beaucoup plus diversifiée chez les anglosaxons que chez nous. En France la majorité de ce qui paraît est en fait de la bit lit, une étiquette qui n'en est pas une. Pour donner quelques exemples de ce que l'on ne nous traduit pas chez nous : la série des Shadow ops de Myke Cole, une série mêlant opérations militaires, lutte antiterroriste, magie, univers parallèle et créature fantastique. Autre série intéressante, Incryptid de Seanan McGuire met en scène des cryptozoologistes.
Mais aujourd'hui, il est clair que l'éditeur qui a le plus fait pour la fantasy urbaine, à savoir Bragelonne, ne nous les traduira pas. Sur leur forum, plusieurs membres du staff disent que la fantasy urbaine n'existe pas, c'est en fait du fantastique. Sauf que la fantastique au sens que lui donne Todorov c'est la confrontation du réel avec un éléments surnaturels qui sort les protagonistes de leur zone de confort. Alors que la fantasy urbaine en multipliant les éléments surnaturels qui en viennent à former un véritable continuum, a pour but provoquer un réenchantement du monde. Ce n'est pas la même chose. Mais Bragelonne a créé le terme bit lit pour rassembler sous une même bannière la fantasy urbaine et la paranormale romance quand celles mettent en vedette un protagoniste féminin. Les dossiers Dresden de Jim Butcher sont parus dans la collection fantastique. Si cette série cartonne un peu partout, en France les  ventes n'ont pas été à la hauteur et la série s'est arrêtée. Pourquoi ? Tout simplement parce que le classement en fantastique n'était pas pertinent. Si Bragelonne avait utilisé l'appellation fantasy urbaine, la série se serait mieux vendue car elle aurait trouvé son public. Car le public du fantastique traditionnelle ne cherche pas à lire de la fantasy urbaine. Mais s'il l'avait fait il aurait été obligé de reconnaître de Patricia Briggs ou Kelley Armstrong c'est aussi de la fantasy urbaine et l'on aurait pas créé cette fausse catégorie qu'est la Bit Lit. Et Milady n'aurait jamais percé dans les supermarchés. Bragelonne et Milady auraient sans doute publié moins de titres et sans doute ils auraient privilégié la qualité. Et ce ne serait pas un mal.

samedi 16 février 2013

Des nouvelles des espoirs

Si vous lisez régulièrement ce blog vous avez sans doute lu la série d'interviews sur les espoirs de l'imaginaire. Il se trouve qu'en ce début 2013 trois d'entre eux ont une actualité.
- Aurélie Wellenstein a eu la joie de voir sortir son roman "le Cheval d'ombre" dans la collection jeunesse des éditions Sortilèges.
- Blanche Saint Roch a fait paraître son roman Animae ( sous le pseudonyme de Roxane Dambre) chez un petit éditeur dont le nom m'échappe.
- Quant à Philippe Goaz le premier tome des aventures de Zordar va paraître incessamment sous peu chez L'ivre Books.

Rester connecté; d'autres espoirs vont avoir une actualité dans les prochains mois ( Anthony Boulanger et Julien Heylbroeck entre autre).

lundi 28 janvier 2013

Paranormal : dangereusement innoffensif

La vague du paranormal a déferlé sur la fantasy américaine depuis le milieu des années 2000 avec une explosion depuis 2008. La tendance semble s'inverser. Ce marché a atteint une certaine maturité. Les éditeurs ne semblent plus vouloir sortir de nouvelles séries à la chaîne.
Le pourquoi du lancement de cette vague peut être intéressant. Certes, on peut penser que le public cible est la ménagère et que cela correspond à la stratégie des éditeurs souhaitant être plus présent chez Walmart. Mais il existe une autre explication plus inquiétante hélas. La paranormal fantasy est innoffensive.
La paranormal fantasy est plus innoffensive que la SF, littérature subversive s'il en est. Et en ces temps où le créationnisme gagne du terrain et que la droite la plus décomplexée du parti républicain n'hésite pas à manier les références religieuse contre la science instrument de propagande athée selon eux, il semble que la SF ne soit pas en odeur de sainteté pour des éditeurs souhaitant maximiser leur profit et cibler un large public. Traqueur Stellaire en parle mieux que moi : http://www.traqueur-stellaire.net/2013/01/creationnistes-contre-evolutionnistes-inquietante-situation-americaine/
La fantasy résiste mieux. Mais on remarque que beaucoup d'auteurs américains ont publié en Grande Bretagne avant de connaître les  joies de l'édition américaine. La fantasy parle de religion, peut se permettre de dénoncer l'intégrisme et les conflits religieux ( R Scott Bakker) ou alors développer des systèmes de croyance originaux. La fantasy à monde secondaire parle du polythéisme, analyse parfois le fait religieux. Et ça, ça ne peut également pas être suffisamment fédérateur pour une société clivée par ce même fait religieux.
Le pays européen où cette littérature marche le mieux c'est la France, pays en trains lui aussi de connaître une reprise en main religieuse. Comme dans les périodes précédentes où l'on a connu cet état de fait, la SF régresse. Je ai déjà parlé dans un long article : http://propos-iconoclastes.blogspot.fr/2009/11/imaginaire-censure-et-religion.html
 Et la fantasy résiste mais c'est quand même la bit lit qui tire son épingle du jeu. Pour être consensuel soyons innoffensif, c'est la parade que l'on a trouvé pour défendre l'imaginaire. Ca  en serait pitoyable si ça en était inquiétant.

lundi 21 janvier 2013

cuisine et science fiction.

La différence entre la sf pulp et les séries à licence c'est un peu comme celle entre le bistrot de quartier et MacDonald. Les bistrots de quartier, ils sont tous différents et on peu certes tomber aussi bien sur de la bonne nourriture que sur une infâme tambouille. Mais même dans ceux où l'on sert l'infâme tambouille citée précédemment on trouve une authenticité qui fera toujours défaut au MacDonald. Parce que MacDonald c'est de la cuisine industrielle, standardisée. Lorsqu'on on y va on sait ce que l'on va y trouver : des hamburgers.
Cette standardisation c'est également la marque des romans à licence. On a beau les confier à de très bons auteurs, ce ne sera jamais leurs personnages et leur univers. Ils ne feront qu'écrire une histoire décidée par d'autres ou dans le moins pire des cas dans un univers où les grandes lignes leur échappe. Bref à force d'être cadré dans un moule leur personnalité littéraire s'efface au profit de l'univers de la licence. Je préfère les bonnes collections artisanales comme pouvait être Fleuve Noir Anticipation. On y trouvait certes de la tambouille mais aussi de bons petits plats, ni trop riches, ni trop gras. Bref de petites perles littéraires qui surnageaient au milieu. Je préfère les bons artisans littéraires, de ceux qui paufinent avec amour leurs univers personnels pour en faire quelques choses de personnel, d'authentique. Ils vont y mettre un peu d'eux, de leurs origines. Parce qu'un Parisien n'écrit pas comme un Breton ou Auvergnat, comme un New Yorkais ne raconte pas les mêmes choses qu'un Texan. Bref une écriture qui vient des tripes.
J'aimerais toujours les histoires pleine d'extraterrestres, de robots, de vaisseaux spatiaux et de duels au pistolaser. Mais autant que ce soit une histoire originale qui me surprenne plutôt que le Xéme roman Star Wars ( et pourtant j'aime Star Wars).
J'aimerais toujours les récits de fantasy avec des guerriers, des magiciens, des créatures fabuleuses et des espèces non humaines. Mais là aussi autant que ce soit un univers unique qui ait une chance de me faire vibrer plutôt que la déclinaison d'un jeu vidéo à succès.

dimanche 20 janvier 2013

Mots et légendes n°7

Encore un numéro de bonne qualité avec des nouvelles extrêmement diverses. Cette fois ci on nous entraîne dans les sous terrains et les fonds marins.
- Marie Anne Cleden dans "noyer le poisson" nous parle de scientifiques extraterrestres qui étudient les fonds marins de notre bonne vieille Terre. Mais bien évidemment leurs intentions ne sont pas aussi pures qu'on pourrait le penser.
- Dans le "Parfum du pouvoir" Hans Delrue, auteur dont on se demande bien pourquoi il n'a toujours pas été publié dans les revues pros, nous entraîne à la suite d'un groupe de mercenaires chargés de protéger un politicien dans sa descente dans les égouts d'une cité de fantasy. Ses motivations sont bien entendus pas vraiment des plus honnêtes.
- "Centon des carrières du Val de Grâce de Gilles Thomas est un texte atypique composé de fragments de témoignage à propos de certains catacombes parisiens. Le fantastique y est ténu et tient surtout à l'ambiance. Mais on se prend tout de même au jeu.
- 'Le gardien au fond du puit" revisite une vieille légende française en y confrontant un voleur.
- C'est dans une ambiance plus étouffante que nous convie Grégory Covin avec "Le Dernier Palier". Il nous fait partager le quotidien d'une expédition sous marine qui comme de bien entendu se retrouvera confronté à l'horreur mais à une horreur cosmique tout à fait inattendue.
- Enfin "lettre à l'humanité" nous convie à la fin de l'humanité dans un texte sombre et désespéré où le dernier suvivant essaie de survivre justement à l'effondrement du dôme où il réside.

Mots et Légendes s'améliore de numéros en numéros. Celui ci n'est pas loin d'être le meilleur depuis le début de la webrevue. Si dans certains numéros précédents on avait pu reprocher des textes assez inégaux, ici les textes sont d'un niveau bien plus homogène et d'un très bon niveau. Mots et Légendes s'affirme comme une publication à suivre.

dimanche 13 janvier 2013

Les espoirs de l'imaginaire : Stéphane Desienne.


Peux tu te présenter en quelques mots ?
J'ai dépassé la quarantaine, papa de deux loulous, j'ai élu domicile à Orléans, et je travaille pour un organisme de recherche spécialisé en génomique. Ce qui peut expliquer par endroits les quelques petites touches science dans mes textes.
Comment es tu arrivé à l'écriture ?
J'ai longtemps gribouillé des histoires sans lendemain, jusqu'à ce que je me lance pour le plaisir dans un projet plus ambitieux sur lequel je travaillais au petit bonheur l'envie et le temps. Puis, désireux d'en faire quelque chose, mais sans expérience, sans point de vue extérieur sur ce travail, j'ai été aiguillé sur cocyclics, forum ou lecteurs et auteurs bêta-lisent les textes des autres et se font bêta-lire.
Lorsque j'ai présenté des extraits, je me suis vite aperçu qu'il y avait encore du boulot (beaucoup !)... Le projet a été complètement refondu, dégraissé, passé par les coupes franches, retravaillé, repensé, etc. Ça a été un long apprentissage sur le tas. Je me suis aussi aperçu que j'aimais cela, que le travail sur un texte ne me rebutait pas.
D'autres projets ont germés grâce à l'émulation de la communauté. J'ai alors soumis des textes au regard des professionnels par le biais des appels à textes, je me suis lancé dans le grand bain de l'édition.
Tu es en train de publier une série de fascicules numériques autour des zombies chez Walrus. La série s'intitule Toxic. Peux tu nous en dire plus ?
Oui, il s'agit d'une websérie mêlant invasion extraterrestre, apocalypse, et pandémie "zombiesque". Résumé :
Des extraterrestres envahissent la Terre car la chair humaine, c'est du caviar pour les aliens. Problème : les produits humains qu'ils convoitent sont transformés en produits avariés : des zombies.
Les aliens se rabattent alors sur les rares humains sains épargnés. Ces derniers sont aussi la proie des Zombies.  Le récit relate les aventures d'un groupe de surivants qui doivent échapper aux aliens, aux zombies et en quête d'un antidote. Les aliens recherchent eux aussi l'antidote car il pourra rétablir la valeur marchande de la race humaine.
La première saison compte 6 épisodes.
Les survivants sont localisés en Floride -une région que je connais pour y avoir séjourné à plusieurs reprises- les aliens sautant d'un point à l'autre de la planète au gré des résultats de leurs investigations. Nous les verrons à Dubaï, à New-York, dans le Sahara, en Sibérie, en Antarctique, à Nairobi au Kenya, dans le désert d'Atacama, aux Bahamas... à la recherche de l'antidote.
Via le forum Cocyclics, j'ai été contacté par le directeur de collection de Walrus qui s'est montré intéressé par le concept. Après lecture du pitch, d'éléments de scénario, il a voulu lire les deux premiers épisodes et le synopsis détaillé de la saison 1. Il s'est avéré que le concept était à la hauteur de leurs attentes, nous avons donc mis en place la collaboration. Corrections, recadrage, modifications du scénario, ajouts de scènes, ont abouti à la publication du premier épisode en décembre.
Cela a été ma première expérience de travail éditorial qui se passe très bien, c'est formateur, je poursuis mon apprentissage de jeune auteur.
Peux tu nous présenter ton roman Contre Mesure, actuellement en recherche d'éditeur ?
Contre-Mesures est un roman SF pour un public jeunes adultes, dont les héros humains sont des adolescents et des enfants ; pour cause, ils sont nés en même temps que l'installation de la colonie, dix-huit ans auparavant. Ils ont été transportés sur un vaisseau semeur à l'état d'embryons depuis la Terre au cours d'un très, très long voyage. L'avantage étant de ne pas avoir nourrir, ni loger les passagers et l'équipage.
Malheureusement pour eux, c'est la colonie qu'à choisi la Peste pour échapper aux agents du Bureau des Contre-Mesures, une sorte de super-FBI galactique où siègent de nombreuses races : aquatiques, reptiliens, amphibiens, hybrides chlorophylliens etc... Le Bureau protége la grande société multi-raciale du Domaine de Co-prospérité des menaces extérieures et étudie les civilisations émergentes.
L'un des agents, un calamar, a poursuivi la Peste jusqu'à la colonie humaine,. La Peste est une sorte de parasite mi-organique, mi-quantique qui s'est cachée au coeur des installations, à l'insu des colons. L'agent va d'abord devoir convaincre les jeunes humains de la menace... et trouver le moyen de détruire la Peste avec leur aide.
Le roman est en quête d'un éditeur depuis mai/juin 2012. 
Le projet se déroule sur deux plans : un humain avec la colonie, son développement avec des thèmes comme "grandir sans parents", la "procréation artificielle", le "désir de maternité", "la survie", etc... Et un plan extraterrestre : une société multi-raciale étendue sur des milliers de mondes avec ses règles, ses codes, ses guerres, ses peurs...
Peux tu nous parler de Jachères, roman en cours d'écriture ?
Jachère est un projet pur SF, bouclé à 95% environ.
Le résumé : L'Espace Humain compte une centaine de mondes prospères reliés entre eux par des connecteurs quantiques permettant de passer de l'un à l'autre. La Terre, polluée, est devenue inhabitable, et donc mise en Jachère jusqu'à ce que l'écosystème se charge de la nettoyer de nos déchets, ce qui prendrait des siècles.
Les CQ, utilisés selon une configuration particulière, ont dévoilé une proprité inattendue : ils influent sur la vitesse d'écoulement local du temps, à l'échelle d'une planète. Dès lors, accélérer la Jachère de la Terre devient l'obsession d'un magnat de l'industrie car une évolution accélérée de la biosphère c'est une perspective de gains substanciels.
Des contrebandiers, alléchés eux aussi par la promesse de fortune et des informations précises, décident de se rendre sur Terre afin de piller des anciens bunkers abritant encore des oeuvres d'arts à la valeur inestimable sur le marché parallèle.
Quand ils arrivent sur place, la Terre est entourée d'un étrange voile et a veilli de 5 millions d'années... Sur cette Terre bouleversée, méconnaissable, un homme a traversé les âges, les habitants le connaissent sous le nom du guérisseur. C'est lui que l'un des contrebandiers, fraîchement intégré à l'équipage, Marcus, est venu enlever pour le compte de Cathédrale. Mais il n'est pas seul, le guérisseur a aussi attiré l'attention du magnat.
Quels sont tes autres projets littéraires ?
J'ai une nouvelle de SF qui sera publiée au printemps dans l'AOC 28 de Présence d'Esprit. J'en ai achevé la correction il y a quinze jours. Sans entrer dans le détail, il y est question de l'enlèvement du Maréchal Rommel en 1944 par des aliens. 
Je viens de finir la première correction des Dividendes de l'Apocalypse. Une novella de 38 000 mots où l'on y retrouvera le cardinal Valero dans une sombre histoire de complot et d'Apocalypse au Nouveau-Vatican.
Les Zombies pourraient être de retour dans 2 nouvelles que je conserve sous le coude, dont l'une a déjà quelques scènes écrites. Je ne sais pas exactement ce que j'en ferais. Depuis que j'ai mis le nez dedans, je trouve qu'il y a encore du potentiel sur ce thème.
Contre-Mesures 2 : Raz'r est en projet. Il y sera question cette fois-ci de l'homme de Néanderthal et des aliens. Scénario et synopsis sont posés. Y'a plus qu'à... mais pour le moment la priorité va à Toxic.
Il y aura aussi la deuxième saison Toxic à mettre sur pied.
J'aimerai aussi participer à un ou deux AT, je verrai en fonction du temps, 2013 va être assez chargé.