dimanche 30 août 2015

Culture mondialisée

Sans vraiment que l'on s'en rende compte la culture de l'imaginaire est devenue une culture mondialisée. Cet état de fait vient d'être reconnu de manière spectaculaire par la Worldcon. L'auteur chinois Liu Cixin vient de se voir remettre le Hugo, pour la traduction de son roman Three Body Problem. Et le Hugo de la nouvelle va aussi à une traduction. Celle d'un auteur néerlandais Tomas Olde Heuwelt. Il y a deux ans Pierre Pevel était sur la shortlist de Gemmell Award.
Les Américains traduisent aussi des romans de SF japonais.
Déjà pas mal d'anglophone non anglo-saxons se faisaient remarquer. Ce qui se rajoutait au phénomène des auteurs américains issus des minorité. La SF se développe en Inde, en Chine, dans le monde arabe, en Russie. En Europe la France fait figure de petit poucet tant elle est à la traîne. Et on assiste pas à une montée du genre dans le reste de la francophonie. La faute sans doute à notre exception culturelle.

mardi 25 août 2015

Diversité

Dans les années 90, le roman noir s'est remis à bien marcher après plus d'une décennie de vaches maigres. Si l'on regarde bien on se rend compte que l'on a diversifié le profil des auteurs à l'époque. Chez les auteurs américains on n'hésitait pas publier des afro-américains, des auteurs sudistes, des auteurs juifs new yorkais. Mais également on s'ouvrait aux Sud Américains, aux Italiens, aux Scandinaves.... Et du coté des Francophones on avait des auteurs venus des communautés maghrébines ou antillaises qui commençaient à faire parler d'eux. Si on tire les leçons du succès soudains du roman noir et du thriller qui ont relevé la tête après des années de déclin, on peut se demander si ce ne serait pas la voie à suivre pour la SF.
Les Editions de l'Instant semblent justement faire partie des acteurs qui pensent la même chose. Leur catalogue va s'ouvrir avec Sofia Samatar et Nnedi Okorafor deux auteures anglophones issues de la diversité et énormément talentueuses. Et l'éditeur a des projets pour publier des auteurs malais, italiens, africains..... Donc enfin quelqu'un a compris la voie à suivre.
Mais en même temps un éditeur comme Mnémos prend le risque de publier Nabil Ouali. Donc les choses bougent et la SF et la fantasy vont être des littératures de la diversité - enfin. Mais à la diversité des origines des auteurs va répondre la diversités des thèmes avec de nouveaux sous genres - arcanepunk, silk road fantasy, afro futurisme, eco futurisme, solarpunk... Les deux mouvements se combinant pour donner encore plus de diversité.
Bref le roman noir ne doit pas son succès à son hypothétique séduction du public de la blanche, mais bien à son ouverture.

dimanche 9 août 2015

68 et la culture de l'imaginaire

Le mouvement de 68 aux USA va - t - être un formidable catalyseur pour la popularité des cultures de l'imaginaire. Tolkien et Farmer vont être des maîtres à penser aux cotés de Luther King, Angela Davis ou MacLuhan. Le droit à l'imaginaire est aussi important que d'autres libertés. Bilbo va - t être une des icônes du panthéon hippy. Et ce va - t - être un formidable coup de projecteur pour la fantasy qui se rapproche du milieu du rock'n roll d'abord avec le rock progressif puis le métal.
Ce flirt des milieux contestataires avec la culture de l'imaginaire va finir par engendrer de nombreuses choses l'apparition du jeu de rôles puis celles de nouveaux mouvements : nerds, hackers et surtout geeks. La culture geek est l'héritière de l'esprit contestataire de 68.
68 et le mois de mai, a été aussi un mouvement important en France. Mais là où les Américains ont trouvé des maîtres à penser dans leur propre culture, en France le mouvement est à la fois plus politisée ( référence à Marx, Trotsky ou Mao) et plus terre à terre ( mise en avant du problème de la liberté sexuelle). Les thématiques écologiques, pacifistes ou sociales, essentielles aux USA, n'arriveront que plus tard en fin de mouvement, avec l'implication des travailleurs. Curieusement bon nombre des militants soixante-huitards sont devenus des bobos dix ans plus tard et non des geeks. D'ailleurs ni la SF, ni le rock'n roll ne seront mis en avant par les leaders du mouvement. Même si l'aspect politique était là, l'aspect culturel a été totalement absent. Pas de rencontre entre la contestation sociale et la contre-culture. Cette même contre culture se développera plus tard, notamment rue d'Ulm.  Ce rendez vous manqué explique peut être la faiblesse de la culture de l'imaginaire chez nous. Le basculement des jeunes contestataires gauchistes vers la normalisation sociale, passant du camp des militants à celui des bobos a fini par étouffer les choses dans l'oeuf.