mercredi 20 avril 2016

Interview d'Aramis Mousquetayre de Nouveau Monde

Je vous ai déjà dit ici tout le bien que je pensais de ce webzine. Il est temps de faire plus ample connaissance avec son rédacteur en chef, qui se cache sous le pseudonyme d'Aramis Mousquetayre.  Il a accepté de répondre à mes questions.


1. Comment t’est venue l’idée de créer Nouveau Monde ?
J’avais déjà fondé le webzine YmaginèreS en 2011, dédié aux différentes cultures de l’imaginaire dont la littérature SFFFH. Mais un an plus tard, la tentation de parcourir un peu plus les terres sauvages de cette dernière se fit plus grande. J’ai alors pris la décision de lancer la revue Nouveau Monde, consacrée à la publication d’auteurs talentueux mais malheureusement peu connus. Découvrir des auteurs fabuleux est jouissif et leur donner un petit coup de pouce, dans la mesure de mes maigres moyens, est bien le moins que je puisse faire. Le métier d’éditeur m’aurait bien plu, en fait ^^.

2. Le webzine a une ligne littéraire très pulp. Je le trouve finalement très proche de ce qui faisait le charme de Fleuve Noir Anticipation. Est-ce que cette collection mythique est une influence ?
Entre autres. C’est un mélange de souvenirs de lectures, de parties de jeux de rôle et de films d’aventure qui a façonné la revue telle qu’elle est aujourd’hui. Et aussi, évidemment, ses maquettistes, Sedenta Kernan, Vianney Carvalho et, surtout, Laurent Royer !

3. Quelles sont les prochaines évolutions de
Nouveau Monde ?
La périodicité de la revue va changer. On va passer de 3 ou 4 numéros par an à 1 ou 2. Pourquoi ? Parce que les projets se font trop nombreux et continuer comme auparavant ne sera bientôt plus possible sans perdre de la qualité et un peu de notre âme. Alors, nous allons lever le pied et prendre notre temps pour livrer aux lecteurs ce qu’ils attendent, un magazine ciselé et conçu pour eux par des passionnés désireux d’ouvrir au plus grand nombre les portes de leur univers.

4.
Outremonde a donné naissance aux éditions Sombres Rets, Mots et Légendes se transforme en éditeur numérique. Est-ce que la création d’une maison d’édition est un de tes prochains objectifs ?
Oh oui !!! Mais comme toujours, les problèmes se dressent contre nos rêves… Ce ne sera pas simple, pour un tas de raisons, l’une d’entre elles, la principale, étant une incompatibilité entre mon travail (alimentaire) et la revue. Il faudrait changer de législation ou alors quitter mon poste afin de pouvoir monter ma propre maison d’édition. Je réfléchis à une solution mais j’enrage, les règles dans ce pays vont vraiment parfois au-delà de la bouffonnerie…

5. Est ce que tu penses que le pulp est une niche insuffisamment développée dans l’édition professionnelle de l’imaginaire ?
Oui, assurément. D’ailleurs, des magazines tels que Weird Tales ou Amazing Stories manquent cruellement en France. C’est une grosse erreur de la part des éditeurs, ils oublient un créneau d’où sont issus quelques-uns des plus grands écrivains de SFFFH anglo-saxons…

6. Est ce que tu lis d’autres zines (papier ou numériques) ? Quels sont ceux que tu apprécies ?
Je lis Mots et Légendes, visuellement très attirant, Absinthe, Etherval., Bifrost, pour sa qualité et son ton décalé, et Présences d’esprits également.



7. En 2014 Solenne Pourbaix publiait un roman chez Rivière Blanche. Est-ce que d’autres auteurs habitués du zine vont passer au roman chez des éditeurs professionnels dans les mois qui viennent ? Tu as des scoops ? (:-)
Je suis surtout entouré de nouvellistes et Solenne n’est pas la moins talentueuse d’entre eux. Beaucoup ont publié des recueils de nouvelles ou des textes dans des anthologies. Côté romans, Frédéric Livyns a fait paraître chez le jeune éditeur Séma le premier tome des « Grisommes » à la fin de l’année dernière. Anthony Boulanger, en 2015 aussi, a publié le tome 1 de « La guerre des Arpenteurs » aux Editions Voy'el.


8. Après les romans à mille mains, as-tu d’autres projets pour continuer à développer ton travail de promotion de l’imaginaire sur internet ?
Des tas, trop certainement, soyons réalistes… Une maison d’édition et l’académie d’écriture sont mes principaux projets avec les romans à mille mains. Publier un artbook me tient à cœur également, l’univers de l’illustration SFFF est grandiose et fascinant !

Pour conclure, étant révolutionnaire dans l’âme, l’envie de bouleverser le monde de l’édition gronde en moi comme un volcan qui s’éveille. Il se pourrait que j’aie dans mon chapeau quelques cartes que personne n’a jamais pensé à jouer avant ! Mais ceci est une autre histoire, il faut encore que je l’écrive ! ;-)

dimanche 3 avril 2016

Romans courts

L'auteur américain James Patterson a eu la bonne idée de lancer avec son éditeur une collection de romans courts. Le but est d'essayer de reconquérir le marché des drugstores et autres points de vente alternatif en perte de vitesse depuis quelques années. La réflexion sur le roman court est déjà bien avancée. Les éditeurs new pulps comme Airship 27 ou Pro Se Production s'en sont fait une spécialité. Tor Books a lancé son label Tor.com consacré aux romans courts et longues novellas. Sans oublier qu'Amazon publie dans son principal label éditorial des romans également assez court.
En France on en est malheureusement pas là. En tout cas dans le domaine de l'imaginaire. Le Carnoplaste s'est fait une spécialité des fascicules, format oublié mais pas inintéressant. Ce sont des novellas qui sont publiés dans ce format. Je me demande d'ailleurs si ce type de format ne se vendrait pas bien en maison de la presse. Mais le marché des maisons de la presse est une citadelle imprenable  que seul quelques distributeurs, inféodés généralement aux grands groupes éditoriaux, fréquentent encore. Dommage.
Cette réflexion sur le roman court allié à des réseaux alternatifs de distribution, je la porte depuis quelques années. J'ai d'ailleurs proposé l'idée d'un label new pulp à la française à plusieurs éditeurs qui ont tous décliné l'offre ( et peu m'ont réellement répondu). Je crois à cette alternative. D'autant plus que ça désacralise le livre et permet à des post adolescents d'acheter des livres qui leur ressemble loin des regards bien pensants. Et surtout, on peut se prendre à rêver d'une collection passerelle qui rassemblerait vieux briscard et jeunots, un vrai pont entre les générations.